Tuesday, May 1, 2012

Premier stop: Shanghai

Ce n'est que lorsque j'avais les deux pieds bien plantés devant le douanier chinois que la réalité est venue me frapper en plein visage comme une très longue gifle en slow-mo d'un film de kung-fu: J'étais de retour en Chine! Moitié prête à me faire saisir par la police chinoise, car ils auraient peut-être trouvé mon blogue et certaines parties moins flatteuses sur le Bird's nest... (qui a été cité, à mon insu, dans un journal japonais... oups), j'ai présenté mon passeport d'une main hésitante, surveillant mes arrières du coin de l'oeil. Mais comme du beurre dans la poêle, en quelques secondes, je me suis retrouvé autour du carrousel à bagages avec ma mère, un petit soupçon de victoire volant dans l'air entre nous deux: La mère et la fille prête à prendre la ville (et le pays) d'assaut!

Car le meilleur moyen de se rendre à la ville avec style étant par le Maglev, le train à hyper grande vitesse ''grand-mère-attache-ton-partiel'' et nouvelle fierté du pays, nous sommes montés à bord, nous attendant à nous faire clouer à nos fauteuils, comme devrait normalement le faire tout véhicule allant à 450 km/h. Vous savez, les joues ouvertes de force comme devant la machine qui souffle les feuilles (à ne pas essayer à la maison les enfants!). Mais non, ce n'est que calmement bercés par le mouvement du train que nous avons effectué les 10 minutes nécessaires pour rejoindre le centre-ville (ps. je l'avais fait en 1h30 en taxi l'an dernier). Une chose était certaine, nous avions gagné une heure sur notre espérance de vie mais étions toujours un peu sceptique qu'une telle pièce de technologie fasse aussi peu de bruit et de flafla. Il me semble que ça ne prendrait qu'un ver de terre téméraire s'étant retrouvé sur les rails par inadvertance pour tout faire basculer vers la banlieue Shanghaise... à 450 km/h. Quand vous l'entendrez aux nouvelles, dans quelques années, pensez que c'est ici que vous l'avez lu en premier. Un ver de terre, je vous dis!

Bref, notre première véritable épreuve du voyage était de se rendre à la gare de train et de se procurer des billets pour Hangzhou le lendemain matin. D'un même coup, nous testerions notre habileté à transporter nos gigantesques sacs dans le labyrinthe urbain, tout en redonnant un bon choc nerveux à mon mandarin qui somnolait dans un coin inutilisé de mon cerveau (juste à côté des maths 436...) depuis quelques mois. Ma mère m'avait bien imploré à quelques reprises de pratiquer un peu avant le voyage, mais la routine et tout le reste en ayant décidé autrement, ce serait mes premiers mots dans cette langue qui, mal exécuté,  peut rapidement ressembler à de maladroites vocalises. Sans blague, il y avait une réelle chance que je me foule la langue... et mettre un plâtre là-dessus, je ne vous dis même pas la galère!

Nous avons ensuite fait la file avec un paquet de Chinois se demandant pourquoi, nous les riches, ne prenions pas l'avion et avons été regardés par un groupe de jeunes volant des regards furtifs en rigolant, jusqu'au guichet. Ah oui, j'oubliais qu'ici je suis THE INTERNATIONAL Super-model, ANDY... ma mère trouvait tout ça bien drôle. Me préparant au moins depuis notre départ d'Ottawa, j'ai commandé nos billets d'un mandarin chambranlant, ce à quoi la caissière a répondu en me tendant notre change avec un grand sourire. Quoi?! Pas de questions pièges ou de transferts à une autre travailleuse moins terrifiée par les étrangers?! Eh bien non... ce serait aussi facile que ça. Mais je resterais sur mes gardes, car nous n'étions qu'au premier jour de notre long périple.

Finalement, nous avons trouvé notre auberge et après avoir déambulé sur Nanjing Road, grouillant de touristes et de vendeurs profitant du beau temps, nous nous sommes assises sur la promenade du Bund, la bouche grande ouverte pour observer Pudong et ses gratte-ciel miroitant, sous un ciel bleu, dans la rivière à nos pieds. Neuf mois avaient maintenant passé depuis la dernière fois où je m'y étais posée avec Adam et c'est avec beaucoup d'émotion que je me suis remémorés mes derniers moments chinois. Ce voyage étant en premier lieu, le meilleur cadeau mère-fille que ma mère pouvait m'offrir, me laissant la guider dans cet univers inimaginable qui m'avait apporté tant de joies et de défis, mais c'était aussi le moment pour moi de finalement arriver à tourner la page sur mon rêve chinois. Les enjeux et les responsabilités de ma nouvelle vie étaient maintenant bien différents de ce que j'avais vécu l'année précédente et ce voyage serait le dernier coup d'éclat de ce chapitre de mon histoire personnelle.  

Nous avons donc passé notre seule soirée à Shanghai à rigoler devant un énorme souper de sushi, à prendre le Bund sighseeing tunnel, qui n'est en fait qu'un trajet psychédélique dans un sous-terrain plein de néons incompréhensibles (malgré le fait que l'ingénieur avait sûrement voulu y cacher un quelconque sens), à s'émerveiller devant les hauteurs du World Financial Center et à se perdre dans la foule de touristes excités par les attraits d'une des plus grandes villes d'Asie. Shanghai ne se découvre pas de fond en comble, mais se dévoile à ses visiteurs par les quelques attractions qu'on décide de fouler dans la spirale d'une visite courte, laissant une impression bien différente à chacun qui s'y aventure. Pour nous, c'est l'émerveillement d'une métropole rivalisant avec New York et Paris; mélangeant le connu des bâtiments à l'architecture européenne avec les petits vendeurs de fraises chinois au beau milieu des boutiques de luxes de Nanjing Road, qui nous ont donné notre premier avant-goût du paradoxe chinois. Le pays progresse à une vitesse folle, laissant sans contredit toute une génération de travailleurs des campagnes à chercher leur place dans les villes tranformées par la vague occidentale et par une jeunesse qui n'est plus certaine où elle doit rattacher ses racines chinoises à sa nouvelle réalité.

C'est donc la tête tournant par le flash des néons et les bruits de la ville que nous nous sommes couchés dans notre petite auberge du Bund, prête à affronter notre véritable première sortie en campagne: le train vers Hangzhou. D'expérience, je savais que Shanghai n'avait rien à voir avec la Chine et même si ma mère se disait bien que les choses seraient différentes aux autres étapes de notre voyage, s'attendait-elle réellement à ce qu'elle allait trouver en sortant du train dans la ville suivante? 

1 comment:

  1. Quel suspens haletant nous saisit à la fin de ton article !
    J'aime te lire et retrouver grâce à toi des ambiances et des couleurs que j'ai connues aussi.
    Ça me fait un petit pincement au cœur et je me rends compte que finalement, je l'aime bien, ce pays de dingues !

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