Thursday, September 27, 2012

Numéro 8: Lady? Lady? LADYYY WAIT!

''Oh hello! Are you visiting with your mom? Ohhh that's so nice! Where are you from? Are you enjoying Beijing? What have you visited so far in the city?! ''... et si vous entendez tous ces mots livrés dans une même conversation de 5 minutes avec des inconnus rencontrés place Tian'an Men, courez, COUREZ à toutes jambes dans la direction opposée!

La réalité pour un touriste à Pékin est qu'il rencontrera environ trois-quatre arnaqueurs par journée passées dans la ville. Ces professionnels se tiennent justement à l'entrée de la Cité Interdite, dans les rues avoisinants et au beau milieu de la place Tian'an men. Se faisant passer par un couple en vacances, une mère et une fille voulant profiter d'une conversation en anglais, un guide touristique en congé ou un simple passant intéressé par la couleur de votre peau; les chances sont que, si loin de la maison, vous voudrez partager le plaisir que vous éprouvez à découvrir la ville avec un parfait inconnu, vous exclamant, en long et en large à quel point votre périple en Chine est intéressant. Ils vous écouteront, faisant pleuvoir les flateries, vous donnant au passage quelques conseils sur les meilleurs endroits à visiter pour finalement vous inviter... tout en subtilité... à partager un bon café dans un resto tout près! Mais non, si vous acceptez, ils ont presque déjà gagné!! Il ne faut pas tomber dans le paneau et c'est malgré toutes nos connaissances sur les arnaqueurs du coin que nous nous sommes tout de même (presque) fait embarquer dans leur entourloupettes!

Le premier soir de notre arrivée à Pékin, nous décidons d'aller prendre quelques photos devant la magnifique Cité Interdite éclairée pour la nuit et lorsqu'une femme plus agée et sa fille nous approchent pour prendre quelques clichés avec nous, nous ne nous doutons aucunement qu'elles en veulent à notre porte-feuille. Nous discutons avec elles pendant plusieurs minutes, curieuses de savoir ce qui les amènent à Pékin et ce qu'elle peuvent nous apprendre jusqu'à ce qu'elles fassent la gaffe de nous inviter à visiter un super marché nocture près du palais. Nous les suivons pendant quelques minutes et ... BING BING BING... la grosse lumière rouge de mon alarme interne se met à faire tout un tintamare. Elles nous ont totalement endormies avec leurs histoires et nous sommes passés à un cheveux de nous faire emmener dans un tour de ville qui nous aurait coûté cher! La réalité des arnaqueurs est triste pour le tourisme chinois, car il existe probablement un homme ou une femme quelque part dans le pays qui veut réellement jaser avec des étrangers (en toute bonnes intentions), mais l'abondance de trucs pour subtiliser de l'argent aux voyageurs laisse tout le monde sur ses gardes... et si vous ne l'êtes pas et pensez visiter la Chine, commencez tout de suite à vous faire à l'idée... Là-bas, (presque) personne ne vous veut du bien!

C'est donc en un mouvement sec que nous arrêtons de suivre les deux femmes, les informants en même temps, que nous avons changé d'idée et que nous n'irons pas avec elles. Et c'est exactement à CE MOMENT, qu'il est possible de repèrer une véritable arnaque: les deux femmes s'éloignent rapidement de nous sans demander leur reste! Pensez-y bien, une personne voulant réellement montrer à des touristes un évènement local insistera tout de même pour vous pointer dans la bonne direction, mais si au premier refus la personne prend la clé des champs... votre décision vient de vous sauver BEAUCOUP d'argent! Mais le plus triste dans tout ça, c'est que ce (faux) duo mère-fille passe ses soirées à déambuler près du palais pour embarquer de (vrai) duo mère- fille en vacances.... réduisant alors les chances à zéro de jamais plus faire confiance aux locaux.       

Voici donc 4 trucs pour éviter ce genre de situations:

#1: Si on vous demande, vous avec déjà tout vu, tout fait et tout visité! ''Have you been to the Great Wall yet? We have a discount tour!'', vous dira un parfait étranger sur la rue, espérant vous embarquer dans sa mini-van pour le magasin de Jade le plus près. Dans le doute, n'acceptez jamais rien sur place, prenez plutôt sa carte, que vous jetterez dans la poubelle la plus près, car rien de bon ne peut jamais arriver d'un homme louche vous offrant un tour de ville spontané! Vous n'embarqueriez pas dans la van d'un parfait étranger MÊME s'il vous offre de flatter un petit chiot naissant... MÊME s'il vous offre des bonbons.. MÊME s'il vous dit que c'est vos parents qui l'envoient... et bien la même chose va pour les guides touristiques sans adresse!

#2 Dites CHEESE!! Demandez à votre nouveau couple d'ami de prendre une photo avec vous. S'ils refusent et tentent d'éviter votre caméra, ils ne veulent probablement pas laisser de trace et vous feriez mieux de ne pas leur faire confiance non plus!

#3 Posez des TONNES de questions! ''Où allons-nous? Sur quelle rue? Avec qui? Pour visiter quel restaurant?'' et proposez leur plutôt d'aller casser la croûte dans l'endroit de votre choix. S'ils veulent vous soutirer de l'argent, ils ne le feront pas n'importe où et avec n'importe qui alors ils voudront plutôt vous emmener dans LE petit café qu'ils connaissent... et ps. Les chinois ne boivent pas vraiment de café alors lumière ROUGE!

#4 Faites le sourd d'oreille! De tous les côtés, vous serez constamment solités alors ignorez sans gêne les gens qui s'intéressent un peu trop à vous, vous fiant plutôt à votre guide touristique en papier pour profiter de Pékin!
      

Monday, September 24, 2012

Numéro 9: On ferme les yeux, on ouvre la bouche!

Peu importe l'endroit où vous avez grandi sur la planète, quelque part dans votre jeunesse, vous avez sans aucun doute regardé une moitié de ver de terre frétillante que vous veniez d'extirper du sol avec votre petite pelle jaune-orange et vous vous êtes demandés ce qui se passerait bien si vous en preniez une petit bouchée. Personne n'aurait à le savoir et après tout, pouvaient-ils être si différents de leurs cousins en gélatine vendus au dépanneur?! Bien à l'abri de la surveillance parentale, les plus braves d'entre-vous ont probablement laissé libre court à leur curiosité culinaire, mordillant du bout des lèvres la bestiole affolée, mais les autres, tout à coup ramenés à la réalité par le fait que le lombric venait de sécréter un petit pipi nerveux de ver de terre sur leur main ont relachés la petite bête dans le bac à sable, s'essuyant avec énergie la main sur le pantalon. D'un manière ou d'une autre, le résultat était le même: À moins de se trouver dans un épisode de ''Survivor'' entre vie, mort et ver de terre, il n'y avait aucune raison valable de vouloir grignotter des insectes tant et aussi longtemps qu'il allait rester de la viande animale et des végétaux sur la planète!

Mais malheureusement, à certains endroits du monde, les vaches, boeufs, poulets et autres sources de protéines se font de plus en plus rares, donnant tout à coup un air plutôt ''sexy'' à la juteuse libellule posée sur le bord de la fenêtre. Alors, s'il y a bien un endroit où aucun animal n'est discriminé du menu c'est bien la Chine, où pratiquement tout ce qui frémit et qui peut être alongé sur le b-b-q est vendu au bout d'un bâton comme ''snack'' de fin de soirée! Nous avons le pop corn... ils ont les hippocampes trempés dans le sucre d'orge!

Ce qui m'amène donc au fait que l'endroit le plus célèbre du pays pour déguster de telles originalités est la rue Wangfujing de Pékin. Au bout d'une grande rue piétonnes regorgeants de boutiques chics et de restaurants ''high-class'' se trouve une rangée de tentes oranges où des vendeurs locaux compétionnent pour vendre le scorpion le plus frais au touriste excité de finalement pouvoir payer pour voir les insectes qui se trouvent dans son assiette plutôt qu'ils passent incognito dans leur bol de nouilles! Bahaha comme je suis drôle... (ou le suis-je vraiment?! Maman as-tu des hauts de coeur devant ton écran d'ordi?) C'est donc tout bonnement après avoir apprécié le spectacle de Kung-fu du théâtre rouge que nous nous sommes retrouvées sur cette rue, espérant dénicher une petite collation de fin de soirée pour calmer notre estomac... Ce que vous ne savez pas jusqu'à présent, c'est que lors de notre départ de l'auberge, nous avons été suivi par un autre voyageur qui habitait présentement en Thailande et qui semblait avoir perdu le nord... le sud et tous les autres points cadinaux depuis plusieurs années. Personnellement, je suis plutôt fan du voyage et de ses expériences, mais qu'est-ce qui fait que tous les hommes dans la quarantaine qui se trouvent seuls en Asie adoptent immédiatement un genre de look ''grunge'' crado et se font pousser les cheveux. De plus, leur vocabulaire se trouve maintenant parsemé de ''full cool man'' et ils prennent en moyenne dix secondes de plus que les gens normaux pour répondre aux questions simples... Peut-être que c'est seulement dû à mon intolérance pour ''l'originalité'' mais dès que quelqu'un semble un peu marginal ou perdu, je saute tout de suite à la conclusion qu'il a mangé un brownies douteux de trop... Mon cher, vous ne dupez personne, vous avez bel et bien quarante ans et ce n'est pas votre petite blonde chinoise de vingt ans ou vos Converses rouges qui stoppera votre andropose et la poussée de vos poils de nez! Ahhh maintenant que c'est dit, je me sens beaucoup mieux...

 
C'est donc en compagnie de cet homme que nous avons exploré le quartier, le suivant dans sa quête pour trouver des calmars frais... D'étalages en étalages, nous avons été sans arrêt surpris par les différents types d'insectes présentés aux clients sur des brochettes, juste à point pour se les mettre sous la dent. Inutile de dire qu'après une bonne demi-heure à regarder des migales, coquerelles, scarabés et autres vedettes de l'Insectarium piqués au bout d'un bâton et parfois recouvertes de poussière (''Tiens donc, les grosses tarantules semblent moins bonnes vendeuses... elle ne doivent pas être en saison!'') notre appétît ne causait plus de problème! Oui, entre les étoiles de mers et les sauterelles, il y avait des nouilles et des dumplings, mais lorsque les deux produits se trouvent aussi près sur le présentoir, il faut avoir un estomac d'acier et l'imagination peu fertile pour ne pas penser qu'un coup de vent ait envoyé promené une antenne dans votre stir-fry!

 
 
 

Malgré mon subconscient criant ''T'es même pas game'' à tue-tête à la vue d'une brochette particulièrement fournie de coquerelle, j'ai tenue bon et refusée d'attraper de nouveau la gastro (ou autre maladie transmise par un rapport bouche-insecte...). En fait, c'était peut-être ça que j'avais gagné de mon année à Québec: La force de dire non à toutes les impulsions niaiseuses de mon cerveau!

Bref, lorsque notre compagnon a finalement trouvé une gigantesque brochette de mollusque visqueux grillés à se mettre sous la dent, nous avons marchés d'un pas décidé vers l'auberge, oubliant le souper pour l'instant et priant que les vendeurs aient attrapés suffisament de ces insectes pour ne pas qu'ils se retrouvent entre les couvertures de notre lit! 

Wednesday, September 19, 2012

Numéro 10: Les acrobates

De nos jours, avec le cirque du soleil qui se trouve tellement partout qu'on peut presque les réserver pour le party de Noël de bureau, je trouve qu'on perd un peu notre émerveillement du cirque. Les pauvres acrobates qui se promènent sur un fil doivent pratiquement le faire nus et se partir les cheveux en feu pour ne pas que les spectateurs poussent de longs soupirs d'ennui. Et il ne faut même pas parler des jongleurs... n'importe quel marginal avec un kit de vaisselle en Corelle peut se présenter à une émission télé-réalité de talents et projeter ses couverts dans les airs pour son quinze minutes de gloire... Bref, en allant voir les acrobates chinois de Pékin, mes attentes étaient plutôt basses: au mieux un divertissement d'une soirée, au pire dix chinois dans un carambolage de bicyclettes miniatures ''en direct'', mais je pensais avoir probablement tout vu. Sauf pour un point: Les contorsionnistes! La Chine est depuis toujours, l'endroit où on arrive à ''squeezer'' le plus grand nombre d'être humain à l'intérieur des endroits les plus restreints de la terre alors nous allions sûrement être surprises. À voir ce qu'ils arrivaient à faire gratuitement avec leurs masses humaines dans les trains, suite à l'achat d'un billet, je m'attendais à ni plus, ni moins qu'un être humain ''djammé'' dans un sac ziploc de congélation!! Bref, je voulais être impressionnée!
Nous avons donc réservé notre billet pour le spectacle par l'auberge et après avoir été déposées au théâtre par un chauffeur de taxi spécialement réservé pour l'occasion, nous avons trouvé nos places dans la foule et avons dégusté notre bière et notre sac de chips Lays en attendant le début du spectacle! Au moment où le premier artiste est entré sur scène, notre mâchoire s'est ouverte bien grande et ne s'est fermée qu'à la toute fin du spectacle! Oui, c'était un funambule... mais un funambule qui marchait sur une grande corde balottante et qui sautait dans les airs pour toujours retomber en équilibre sur la grande corde molle. Ensuite, nous avons eu droit à un homme qui faisait rebondir des dizaines de balles de tennis sur des escaliers et toutes sortes de surfaces en arrivant toujours à les rattrapper, peu importe à quel angle impossible il se trouvait par rapport à sa cible!

Finalement, nous avons eu droit aux contorsionnistes et moi qui voulait du ''dégueu et des membres qui s'enlèvent pratiquement comme Monsieur Patate'', j'ai véritablement été servie! Une toute petite femme en costume moulant s'est mise à littéralement défaire son corps sur scène et une autre est venue l'accompagner dans un ballet de dislocation assurément commandité par l'équivalent chinois de Robaxacet qui leur feraient demander plus tard: ''Voyons, dans quelle direction est-ce que je dois pointer mon coude déjà?!''.  Ahhh les problèmes d'un contorsionniste!

Mais le clou de la soirée a véritablement été pour moi le numéro des vélos, où plusieurs femmes se sont empillés sur une même bicyclette afin d'effectuer des tours de scènes à quelques centimètres près de se retrouvées projetés dans la foule. Au départ, une seule femme est entrée sur scène pour faire quelques tours sans les mains, sans les pieds, sans les yeux... etc. Mais dès que plusieurs d'entre-elles se sont joint au carrousel, c'est devenu plus intéressant! Sautant de vélo à vélo, les femmes se sont mises à s'empiller sur la pauvre acrobate plus musclée qui avait, sans contredit, eue accès au calcium pendant sa croissance et avant même de pouvoir pousser un moindre bruit d'étonnement, treize (13!!!) femmes se trouvaient perchés sur la même cycliste bâtie qui fesait toujours effecter des tours de scène à sa bicyclette! À un seul coup de pédale de faire basculer une quizaine de petites chinoises dans la foule d'étrangers abasoudis, ce numéro nous en mettait véritablement plein la vue.

C'est donc toujours sous le choc de ce spectacle... véritablement SPECTACULAIRE que nous avons trouvées le métro de Pékin et sommes retournées à l'auberge par nos propres moyens, rassurées du fait que quelque part sur la planête, nous allions toujours pouvoir trouver quelque chose pour nous surprendre! Vélo géant, non inclus...

Dernier arrêt: Pékin

Après avoir parcouru 6928 kilomètres sur les routes de la Chine, pris 4 avions, 3 trains, et d'inombrables autobus et taxis, nous en étions finalement au dernier stop de notre voyage: Pékin. Suite aux expériences difficiles de Shangqiu, de la gastro, des enguellades avec les chauffeurs de taxi, de la chaleur et parfois même du froid, mais aussi des grands moments comme les terrasses de thé, la montagne jaune, les balades à vélo, le marché nocturne de Dali, Shannon et Brett, le coucher de soleil sur la Gorge ainsi qu'un petit tour dans la cuisine, nous avions bien besoin de poser nos sacs et de souffler un peu. La tête nous tournait de toutes ces expériences, c'est donc pourquoi nous avons décidé de passer la dernière semaine de notre voyage à Pékin; pour profiter de nos derniers moments en terre (in)connue et de savourer chaque dernier instant de notre périple. Au départ, la fatigue se faisant têtue, nous pensions plutôt flâner un peu et déambuler d'une attraction à une autre, sans trop de plans et récupérer du rythme effrené des semaines précédentes, mais dès que nous avons posé pied dans la métropole, l'énergie des environs a été suffisante pour nous donner notre deuxième souffle. Comme l'a si bien dit ma mère: ''On avait bien besoin d'un peu de civilité après Shangqiu!''... Amen! Et d'un commun accord silencieux, la bonne humeur est revenue instantanément rejoindre notre duo dont le moral souffrait un peu de la fatigue du voyage!

 (... En fait, dont le moral souffrait BEAUCOUP des séquelles de la gastro et d'un peu de fatigue!)

De la Cité Interdite à la Grande Muraille, en passant par le site des JO et par le ''plus grand Musée du Monde'', une petite visite chez Mao et des canards laqués, du Kung-Fu, des acrobates, des insectes, des faux Louis Vuitton, des arnaqueurs à revendre et un festival du film qui mérite sa palme d'or bien particulière... notre semaine a été extrêmement bien remplie, mais plutôt que de vous la raconter jours par jours...

Voici donc les 10 meilleurs moments de notre semaine à Pékin!

 

Tuesday, September 11, 2012

Shangqiu: Second souffle

Ahh, la brise du matin entre dans notre chambre d'hôtel de Shangqiu et je me réveille avec un second souffle. Ma nostalgie de la veille est rapidement estompée par mon envie de faire découvrir à ma mère tous mes endroits préférés du coin. Bien évidemment, nous commenceront pas un massage, car ça doit bien faire 3 jours que je n'en ai pas eu et les mains expertes des masseurs de Shangqiu me réclament! Que voulez-vous, cette ville m'a habitué à un minimum de ''pampering'' et mon côté diva refoulé qui se cachait sous des piles de poussières de la Gorge et de t-shirts crado portés jusqu'à un point de non-retour, commence à sortir sa tête avec curiosité (''Est-ce finalement le temps pour un peu de gloss?!'', se questionne-t-elle)! Nous sortons donc de la chambre et rejoignons Brett pour un dernier dîner où nous nous régalons de nos plats préférés. Malheureusement pour nous, Shannon s'est retrouvée prise dans une histoire abracadabrante d'une étudiante qui aurait acheté un chiot mourant pour 700 Yuan et qui a maintenant besoin de l'aide de mon amie volubile pour se faire rembourser le défunt mini-caniche (...Paix a son âme)... BREF, pour faire une histoire courte, elle est occupée et ne peut nous rejoindre pour dîner! En sortant du restaurant, nous décidons d'aller faire un petit tour à l'épicerie locale et je ne peux m'empêcher d'arrêter un tuk-tuk chambranlant passant dans la rue principale pour nous conduire à destination. En enjambant la portière, nous nous entassons côte à côte sur le petit banc de bois à l'abri de la cabine de plastique, rentrant tous les membres à l'intérieur du véhicule, comme si nous avions décidés de nous déplacer au volant d'une Jeep électrique Fisher Price pour enfants. Un peu plus et nous pouvons sortir nos pieds par le plancher pour nous donner une petite poussée!

Au tournant de la rue suivante, nous arrivons devant la façade bleue de Dennis et passons à travers la ''foire alimentaire'' extérieure pour se rendre au magasin. En voyage, découvrir les spécialités des épiceries locales est une des activités favorites de ma mère alors nous prenons quelques minutes pour déchiffrer les différentes sortes de chips ''Lays'' et s'époustouffler devant la boucherie où les différents parties d'une vache fraîchement abattue frémissent pratiquement encore! Dans la poissonnerie, des raies, des anguilles et autres poissons d'eaux troubles terrorisent les petits enfants qui s'approchent trop près de la vitre. Comme à l'habitude, les magasineurs sont pressés, farouches et nombreux, mais le fait que ma sustenance ne dépend pas du fait que je puisse produire un repas équilibré avec les ingrédients originaux du magasin me permet d'apprécier la visite. Ma mère remarque d'ailleurs que la plupart des items de la boulangerie sont recouverts de sucre et de crémage et elle comprend pourquoi je n'ai jamais sauté sur l'occasion de me faire un bon sandwich au pain blanc pas de croûte!

Le prochain arrêt de notre tour de ville est le salon de massage où notre taxi s'engage dans un cul de sac pour nous déposer devant les marches de la boutique. Entre un salon de beauté et un magasin de pièce d'auto se trouve une petite porte coulissante derrière laquelle se cache une grande pièce ouverte et plusieurs lits à massage. Les masseurs aveugles en saraux blancs s'activement autour des patients allongés tel un ballet bien coordonnés, se glissant et se contournant entre les lits, sans jamais se toucher. Le bruit sourd de leurs mains qui s'abattent à répétition sur le dos des hommes allongés et les sifflements sacadés qui accompagnent leurs efforts emplissent la boutique silencieuse. De temps en temps, un masseurs quitte la pièce en longeant le mur du fond pour rejoindre sa propre couchette où il se repose et écoute la radio en attendant le prochain client. Dès que nous poussons la porte du magasin, la patronne se lève de sa chaise comme une bombe et me prend dans une grande caresse, qui me laisse bouche-bée! Tout ce qu'elle sait dire en anglais c'est ''Andy!!!'', mais sa grande exhubérance me touche beaucoup.  Elle appelle son mari qui se trouve à l'arrière boutique et il suit le mur avec habitude jusqu'à ce qu'il se trouve à ces côtés. Lorsqu'il comprend finalement que la cliente sur sa table n'est nulle autre que l'étrangère ''musclée'' au mandarin approximatif, il éclate de rire! Sa patience lors de nos conversations fait de lui l'habitant de Shangqiu avec qui j'ai eu les plus longues conversations et il profite du fait que mon visage est bien prit dans le trou de la table pour me bombarder de questions. À côté de nous, le masseur s'acharne sur le cuir chevelu de ma mère qui semble flotter quelque part entre Shangqiu et le Nirvana!

Finalement, je décide d'emmener ma mère à la rue piétonne pour faire un peu un peu de lèche... euh... lèche pas vitrine... lèche rangées de rack de vêtements dans la rue?! Mais en chemin, je remarque que les choses dégueulasses qu'on croise dans la rue et qui me font habituellement bidonner, n'ont pas exactement le même effet sur ma mère qui observe avec de grands yeux le chaos de Tuanjie Lu. Pour les sens non entraînés: Ça pue, c'est laid, c'est sale et c'est bruyant. Repli stratégique dans le PFK...

Nous nous assoyeons pendant plusieurs minutes à sirotter un coca-cola alors que je tente de tirer les vers du nez de ma compagne de voyage. Jusqu'à présent, elle a survécu à plusieurs épreuves beaucoup plus tragiques que les crottes de chiens de Shangqiu et ses grand-mères envahissantes, mais c'est cet arrêt particulier de notre itinéraire qui la trouble vraiment. En fait, nous mettons finalement le doigt sur le ''bobo'' en concluant que c'est sa fibre maternelle qui provoque son malaise. Tout le temps que j'étais en Chine, elle a vu des photos et a pu lire mon blogue, mais elle ne s'était jamais imaginé que cet endroit pouvait se trouver aussi loin de toutes choses civilisés. En fait, sans y avoir posé les pieds, ce n'est pas évident de ''sentir'' réellement ce qui se trame à Shangqiu - un mélange d'ignorance et de xénophonie, beaucoup de pollution et peu d'avenir. Depuis le début de notre voyage, elle avait eu la chance d'entrer dans les véritables cartes postales chinoises, voyant les plus beaux côtés de ce pays si inégal, mais maintenant, elle venait de passer dans les coulisses: l'endroit où se construit à la chaîne les sacs Gucci vendus à Shanghai, les kilomètres de champs où l'on envoie les déchets des métropoles, les villages perdus dans le smog des usines, les villes qu'on fuit les jeunes citadins de Pékin. Bref, ce qu'on ne vous montre jamais à la télé. Mais ce qui venait encore plus troubler ma mère c'est le fait que sa plus jeune fille était partie seule à 23 ans pour se retrouver dans ce trou à rat... et qu'elle n'avait pas tournée les talons pour rentrer à la maison! Qu'est-ce qui m'avait passé par la tête à ce moment? Je comprenais maintenant un peu mieux son mutisme... elle tentait de ME comprendre.

Notre journée se termine par un repas trop copieux au resto ''chic'' de la ville en compagnie de d'autres étrangers et d'un film au cinéma pour se reposer un peu. Notre train part dans quelques minutes, mais cette fois-ci je suis soulagée de quitter Shangqiu. Ce n'est plus mon chez-moi, mais seulement le décors de souvenirs impérissables qui me suivront bien longtemps après que j'aie oublié l'odeur de ses rues!