Thursday, May 31, 2012

Lijiang: Porte à porte

On pourrait facilement penser qu'une ville qui vit exclusivement du tourisme comme Lijiang et qui est composée d'un mélange d'hôtels et de restaurants ferait de ma recherche pour une nouvelle chambre un jeu d'enfants... détrompez-vous! Oui à Lijiang il y a plusieurs hôtels, mais des hôtels pour les étrangers, beaucoup moins et j'ai bien vite compris que c'était un détail important!

C'est donc avec espoir de nous dénicher un logement rapidement que je laisse ma mère dans le salon du Garden Inn avec tous nos bagages pendant que je vais marcher les rues pour nous trouver une meilleure chambre. Évidemment la chance aura voulu que le seul moment du voyage où notre choix d'auberge était crucial, nous sommes tombées sur le motel ''zéro étoile'' qu'est le Garden Inn... remarque qu'il en avait peut-être jadis une, mais elle s'est sûrement décollée en même temps que la tapisserie dans notre chambre! En cette fin de journée, il n'y a que très peu d'activités qui remplaceraient le porte à porte au top de ma liste de ''Choses que je n'ai pas envie de faire après 25 kilomètres de randonnée''...  mais un seul regard vers la petite ménine piteuse qu'est devenue ma mère suite à son face à face avec le TGV ''Gastro'' me redonne un petit regain d'énergie. Cette journée est véritablement interminable (je vous rappelle que nous sommes réveillées depuis au moins 5h du matin alors que nous étions toujours au sommet de la montagne!) donc en croisant mes doigts, je décide de tout simplement traverser la rue et de m'essayer à l'hôtel juste en face du Garden Inn. Ne sait-on jamais!
Regard de frayeur, la jeune patronne de l'hôtel m'aperçoit dans la porte - Tel le gros Yéti que je suis, recouverte de poussière de roche et sentant fortement l'effort physique en altitude - et accourt immédiatement pour me poser quelques questions. Je lui indique que ma mère est malade et que nous avons besoin d'une bonne chambre alors elle ne fait ni une, ni deux et m'amène avec excitation dans la suite nuptiale... Bon, ce n'est pas que ma mère n'apprécierait pas le gigantesque bain tourbillon qui fait le 3/4 de la pièce, mais l'idée de tremper dans de l'eau tiède pendant des heures n'est sûrement pas sa priorité en ce moment! Ne perdant pas espoir, la jeune femme me guide vers une autre pièce où je découvre que ce que je pensais être une originalité de la suite nuptiale est en fait la norme dans la plupart des chambres chinoises: Il n'y a pas de porte pour la salle de bain! Certains endroits installent un petit rideau pour cacher le bol alors que d'autres préfèrent carrément laisser la pièce à aire ouverte, enfin une minorité installe même un mur complètement vitré qui expose toute la toilette aux habitants de la chambre... Grrrr! C'est qu'ils sont kinky ces Chinois! Mais rappelons-nous quand même que ma mère a la gastro et une porte pour la salle de bain est vraiment le prérequis minimal à notre cohabitation...  Il y a toujours bien des limites à ce que mes pauvres yeux peuvent endurer dans ce voyage!

Enfin, j'abandonne la petite auberge de l'amour - qui doit sûrement avoir des chambres à l'heure - et m'aventure plus profondément dans la ville. D'auberge en auberge, personne ne semble vouloir accueillir les étrangers et je ne comprends que beaucoup plus tard qu'ils doivent en fait se procurer un permis pour pouvoir accepter des touristes étrangers. Chaque nouvel endroit que je visite me retourne dans mes culottes avant même que je ne puisse ouvrir la bouche. Après une heure de recherche, j'ai chaud, je pue et j'ai VRAIMENT hâte de pouvoir finalement m'asseoir. Il ne me reste que deux endroits à visiter dans notre partie de la ville alors je prends une chance. Dans le premier établissement, je me fais immédiatement attaquer par deux énormes chiens blancs qui ne font ni une, ni deux et se ''squeezent'' le visage profondément dans mon entre-jambes pendant que je tente de me débattre et d'expliquer ma situation au patron. Évidemment, il trouve la scène bien drôle, mais ses cabots obsédés sexuels m'obligent à battre en retraite avant même de pouvoir poser mes questions. À la grosseur des animaux, s'ils se mettent à me zigner la jambe, ils vont sûrement la fracturer et ce n'est pas un risque que je suis prête à prendre! Découragée, j'entre dans la dernière auberge où je suis tout de suite accueillie par, ce que je crois être, mon premier transsexuel chinois. La/le patron est coiffé(e) comme une femme et porte du maquillage, mais sa voix est profonde comme une vieille corne de brume et elle marche avec une certaine nonchalance très masculine. Elle me montre sa chambre libre et malgré la grande fenêtre qui expose la salle de bain au seul lit, nous pouvons baisser le rideau et fermer la porte alors j'accepte soulagée d'avoir enfin trouvé. C'est quand même étrange cette idée de construite une fenêtre qui donne sur la douche et je tente de ne pas imaginer l'individu louche qui espionne subtilement sa femme qui se lave les cheveux...beurk, beurk, beurkkk!!

Notez le rideau au fond de la pièce... Oui, ''this is where the magic happens..'' beurk!

Finalement, je récupère ma mère au Garden Inn et transporte notre bardas jusqu'à notre nouvelle chambre. Nous avons survécu cette première journée post-gastro et j'espère de tout coeur que nous pourrons profiter un peu de la ville ensemble le lendemain. Lijiang est superbe et nous mourrons d'envie d'en explorer tous les petits racoins.

Mais ce qui est drôle avec les germes, quand on dort dans le même lit qu'une personne malade, c'est qu'ils ont tendance à se déplacer rapidement... 

Wednesday, May 30, 2012

À bout de souffle: Tiger Leaping Gorge, jour 2

De dire que ma mère est blanche à son réveil ne commence même pas à décrire le véritable état dans lequel elle se trouve alors qu'elle sort des draps... elle est pratiquement transparente et se tourne difficilement dans son lit pour attraper un peu d'eau. Elle a assurément passé la nuit à enlacer la toilette et étant donné que le soleil n'est pas encore entièrement levé, je sors de la chambre pour la laisser se reposer encore un peu et réfléchir à la situation à laquelle nous devons maintenant faire face. Elle est malade... très malade.

Je m'asseois sur le balcon de l'auberge, un peu découragée et fait un inventaire mental de ce que nous avons à notre disposition pour aider ma mère à se rendre jusqu'au bout de la piste. Des foulards, un peu d'eau, des pillules pour les courbatures, du tiger balm... rien de bien utile dans sa situation. Voulant traîner le minimum d'équipement sur notre dos, nous n'avons apporté que le nécessaire dans nos sacs et je regrette maintenant amèrement de ne pas avoir pris quelques pillules pour l'estomac... au cas où. Après pratiquement deux semaines au pays, je pensais franchement que nous avions passé à côté des petits virus d'acclimatation, mais le mélange d'effort intense, de chaleur et probablement aussi d'une nourriture douteuse laisse ma mère dans un sale état. Et très franchement, je ne sais pas quoi faire et ça m'inquiète beaucoup.

Je retourne donc à la chambre et encourage ma mère à venir boire un thé pendant que je prend mon déjeuner. Elle arrive difficilement à absorber le peu de liquide tiède qui se trouve dans sa tasse et c'est ce qui m'inquiéte le plus. J'ai peur qu'elle se déshydrate et qu'elle tombe de fatigue dans la piste... je ne pourrais sûrement pas aller chercher de l'aide avant plusieurs heures. La situation est extrêmement merdique.

Finalement, elle retrouve un petit regain d'énergie et nous partons de nouveau (franchement, nous n'avons pas vraiment le choix...) pour compléter les 7 ou 8 kilomètres restant du trajet. De ce côté de l'auberge, la piste change du tout au tout. Comme si c'était une métaphore de l'état de l'estomac de ma mère, le chemin est poussiéreux, creusé dans la roche et on imagine difficilement que la veille nous étions au beau milieu de vallées luxuriantes et de forêts de bamboo. On dirait carrément qu'on se promène dans le désert du Nevada et c'est plutôt intéressant. En chemin nous croisons même un troupeau de chèvre autonome (et par autonome je ne veux pas dire qu'ils gagnent leur vie en travaillant au village, mais plutôt que leur guide n'est nulle part en vue...) qui s'amuse dans les nombreuses crevasses. Après environ un kilomètres, nous aboutissons dans un autre petit village où nous remarquons un vieille homme qui nous lance un petit sourire gêné en s'appuyant sur la porte de l'étable. Un bruit déchirant provenant de l'intérieur fent l'air: ''OOUYYYYYYIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII''. Yark, yark, YARKKK! On égorge un cochon ''en direct''!! C'est complètement dégueu et je tente de retenir mon imagination qui me dit que ça ressemble presqu'au cri d'un humain... ''Ta gueule imagination!!''. En fait, je trouverais plutôt ça pitoresque si ma mère n'était pas ''Fifty Shades of Green'' en ce moment... Vite, nous continuons notre chemin pour mettre le cri du cochon le plus loin possible derrière nous.



Ce n'est que quelques minutes plus tard, que notre randonnée tourne en véritable enfer pour ma pauvre mère... en gros, en anglais: ''All hell breaks loose''. Entre deux photos, ma mère se fige, me regarde totalement alarmée et me dit: ''Oh mon dieu Andréanne, vite je dois me cacher derrière la roche''... afin de conserver un peu de romantisme pour mon pauvre père qui lira sûrement ce blogue, je vous demande de penser à un volcan en éruption et la lave qui coule comme image de ce qui se produit véritablement en plein air... au beau milieu de la piste. Disons seulement qu'il y a un rocher dans le Tiger Leaping Gorge qui ne sera plus jamais le même... Pour commenter la situation avec humour, je cite ma soeur Amélie dans un courriel qu'elle nous a envoyé quelques jours plus tard: ''En fait, Andréanne, tu diras à maman que si elle devait VRAIMENT choisir un endroit pour avoir la gastro en plein air, le Tiger Leaping Gorge est vraiment un excellent choix!''.

Sans grande surprise, ma mère semble maintenant plutôt ravigorée et m'encourage à continuer notre randonnée de plus belle. Moitié traumatisée - moitiée inquiète, je lui offre de prendre son sac, mais elle affirme qu'il l'aide à conserver son balan.. et de tomber dans la gorge serait franchement de mauvais goût après tout ce que nous avons vécu alors j'accepte sans trop rouspeter. Heureusement que le paysage époustouflant arrive à nous changer les idées et nous nous perdons dans nos pensées en suivant le chemin qui ne fait que descendre.


Quelques minutes plus tard, nous voyons de l'autre côté de la crevasse une chute d'eau qui déborde sur la piste et continue son chemin plus bas dans la falaise... jusqu' à la Gorge. Il n'y a d'autres solutions que de la traverser et nous mouillons nos souliers bien volontières afin de nous éparger une baignade tragique dans la paroie rocheuse. Très franchement, c'est la première fois du trajet que je ressens une petite inquiétude pour notre sécurité et je m'assure que ma mère, dans son état second, place bien sa canne dans les flaques d'eau pour sécuriser son passage. Mais sans trop de problèmes nous sommes maintenant de l'autre côté et devont nous jucher sur des roches pour laisser un troupeau (OUI UN TROUPEAU comme dans une bonne vingtaine!) de chevaux nous dépasser sur la piste. Il ne nous reste que 2 ou 3 kilomètres à franchir avant d'atteindre Tina's Guesthouse, notre but final de la randonnée et nous continuons à marcher avec détermination.



La piste est maintenant plutôt escarpée et nous prenons notre temps pour bien placer chacun de nos pas sur la rocaille mouvante du trajet. C'est presque plus difficile de descendre dans ces conditions que d'escalader les 28 bends et lorsque nous croisons un groupe de touriste de l'âge d'or en sens inverse, nous nous demandons s'ils savent vraiment ce qui les attendent. ''God Speed my friends... god speed!''.  Si je peux vous donner un conseil c'est franchement de faire la randonnée de Qiatou à Walnut Grove et non le trajet inverse... c'est vraiment plus difficile. Et attendez-vous à passer une majorité de la randonnée enfouie jusqu'aux chevilles dans la merde de ''Seabiscuit''... on ne le mentionne jamais assez, mais la quantité de purin dans cette piste est Olympique.  Enfin, après avoir traversé un grand champ, nous amorçons notre dernière descente jusqu'à Tina's Guesthouse au grand soulagement de ma mère qui a sans contredit fourni un effort surhumain. À mon avis, elle devrait être homologuée dans les Records Guiness parce que ça prend vraiment une femme d'exception (et très courageuse) pour pousser son corps révolté et débordant de gastro à travers un tel défi.

Nous rejoignons l'auberge avec entrain, nous renseignant sur le départ du prochain bus pour Lijiang et heureusement, ils offrent de nous y amener pour un prix modique et dans une van privée. Alors que ma mère se repose sur un des divans de la salle à manger, je m'installe dans un coin et laisse mes émotions contradictoires se confronter. Évidemment, j'aime ma mère de tout mon coeur et je veux qu'elle puisse retourner en ville le plus vite possible pour se soigner, mais le petit côté égoiste de mon cerveau insulte le ''destin'' avec ferveur de nous avoir mis dans une telle situation et me force aussi à faire la paix avec le fait que je n'atteindrai jamais la fin de la piste du Tiger Leaping Gorge (il doit rester encore un bon 5 kilomètres à monter et descendre jusqu'à Walnut Grove). Contre moi, je suis véritablement en deuil et me déteste de me sentir déçue de ne pas pouvoir compléter notre randonnée... Après tout, ma mère a déjà fait un effort herculéen pour se rendre jusqu'ici, mais si seulement elle était en plein forme, nous pourrions peut-être terminer la piste... Étant donné qu'il nous reste un bon 3 heures à attendre et que ma mère dort tranquillement dans un coin de la salle à manger, je décide de faire un autre petit bout du chemin seule et pars de nouveau sur la piste qui mène maintenant directement au Yantze qui coule dans la Gorge. Après avoir payé d'autres frais pour effectuer le prochain bout de la piste, je me retrouve devant une suite interminable d'escaliers inégaux menant jusqu'à la rivière brune qui rugit au fond du précipice. Gardant un oeil sur ma montre, je commence à affronter les escaliers, mais avant d'atteindre le fond de la Gorge, je décide de revenir sur mes pas... Je n'ai toujours pas dîné et mon niveau d'énergie est à son plus bas. Le stress de devoir s'occuper de ma mère me pèse et je ne veux pas ambitionner sur mon corps déjà fatiguée. D'une certaine manière, cette petite excursion en solo me console, car même en pleine forme, ma mère n'aurait probablement pas eu assez d'énergie pour naviguer les marches traîtres de cette descente en tout sécurité, alors je me fais tranquillement à l'idée que Tina's Guesthouse aurait été notre ligne d'arrivée... maladie ou non.

Je rejoins l'auberge soulagée de mon escapade et retrouve ma mère toujours endormie près du feu. Je me sens coupable de l'avoir laissée seule, mais j'avais besoin d'un moment en solo pour faire la paix avec mes sentiments. Oui, terminer le Tiger Leaping Gorge était un de mes rêves, mais la santé de ma mère aura toujours priorité sur mes ambitions. Nous avons débuté ce voyage ensemble et nous le terminerons de la même manière.. et ça me donnera une bonne excuse pour y retourner un jour!!

Vers 3h, le conducteur de l'auberge nous guide vers son SUV pour nous conduire jusqu'à Lijiang. Heureusement pour nous, nous partageons le transport avec deux australiennes dans la quarantaine qui ont bien remarquée à Tina's que ma mère n'était pas en top forme et une d'elle nous apprend qu'elle est infirmière et qu'elle peut nous donner des cachets contre la gastro! Ouf... je suis tellement soulagée de ne pas devoir prendre toute la situation en main et je laisse notre nouvelle connaissance s'occuper des détails médicaux. J'informe tout de même le conducteur que ''my mother is not well... please drive cautiously'' et la peur de salir son véhicule dicte sans aucun doute sa conduite prudente jusqu'à Lijang.

... mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. L'auberge de Lijiang est toujours infecte et d'amener ma mère dans la petite chambre crado est inacceptable! Je dois nous trouver un meilleur endroit pour dormir, mais où?!   

Tuesday, May 29, 2012

La tête qui tourne: Tiger Leaping Gorge, Jour 1

Comme prévu, en sortant de l'auberge où nous avons dîné, notre guide nous attend avec son cheval et reprend sa position à quelques mètres derrière nous alors que nous nous remettons en chemin. Heureusement pour notre digestion, les premiers kilomètres de la deuxième partie du trajet sont pratiquement sur le plat, gardant environ la même altitude que le Naxi Guesthouse. Nous ne faisons que nous promener le long de la chaîne de montagne, entrant et sortant des crevasses ce qui nous permet tout de même de réchauffer nos muscles avant les 28 bends. C'est plutôt difficile à décrire, mais du côté de la piste, la Gorge est appuyé sur une chaîne de montagne ce qui fait que pour couvrir du terrain, le marcheur traverse des dizaines de petites collines sur le chemin qui les longent à l'horizontal. Un peu comme les dents d'une scie, après être arrivé au bout d'une colline, on ne découvre ce qui nous attend qu'après avoir tourné le coin... c'est plutôt excitant et ça nous garde sans contredit en haleine!


En début d`après-midi, quand le soleil commence à prendre un peu de répit, la piste se met à grimper considérablement et nous nous doutons bien que nous devons approcher des ''bends''. Le terrain change aussi du tout au tout; ce qui était auparavant un peu de poussière et de la verdure se transforme maintenant en énormes roches et buissons séchés. En me retournant une seconde pour regarder ma mère couverte par son châle qui suit à l'arrière, j'ai un flash: ''Maman, sais-tu que quand j'imagine le temps de Jésus (ce qui n'arrive quand même pas trop souvent entendons-nous...) c'est en plein ce que je vois?!''. Des buissons tout secs, de la poussière de roche, un soleil de plomb, une femme sous un foulard qui se débat pour monter une grosse côte sous l'oeil attentif de son canasson. C'est franchement biblique tout ça et c'est suffisant pour me faire oublier la chaleur et rire dans ma barbe pendant les longues minutes suivantes jusqu'au prochain plateau. ''Christiane de Nazareth'', splendide! Alors que nous croyons déjà affronter le pire obstacle de la montagne, le porteur se penche vers moi pour me demander pour la 1000e fois, si je suis CERTAINE que ma mère ne veut pas prendre son cheval. Je m'informe auprès d'elle, mais elle retrouve un regain d'énergie soudain en voyant le couple de coréen qui nous suit plus bas dans la colline. ''Regarde ça Andréanne, quel homme!'' et en effet, alors que la copine monte avec tenacité le trajet tortueux, le garçon est juché sur l'animal, se laissant balancer mollement au rythme du cheval. Franchement, il pourrait au moins se donner un peu de tonus et prendre un semblait d'air de conquérant s'il est pour ''chevaucher'' jusqu'au sommet de la Gorge! En tout cas, nous nous promettons que si nous sommes pour faire appel au porteur, nous aurons l'air un peu plus ''cowgirl'' du rodéo que ''clown tout piteux qui vient de se faire ramasser par le taureau''!



Contre toute attente, la partie difficile du trajet que nous venons de compléter n'est en fait que l'apéritif des 28 bends et c'est une affiche sur une vieille cabane de bois qui nous annonce la bonne nouvelle: ''Have a rest before the 28 bends!''. Meeerde on est pas rendues! Heureusement, sous la cabane de bois se trouve une petite vendeuse qui nous présente sa marchandise: ''Water, Juice, Gatorade, Coca-Cola, Marijuana, ...''. ''Excuse-me, WHAT?'', je la dévisage avec incrédulité alors que je remarque l'immense sac de pot qui trône sur sa table. ''A gatorade will be plenty, thank you.. dealer lady''. Maintenant n'allez pas croire que je ne peux pas apprécier un bon party quand j'en trouve un, mais franchement madame, FRANCHEMENT! Nous n'arrivons pas à comprendre dans quel état second de douleur il faut être rendu pour vouloir fumer un gros joint dans cette randonnée, l'effort physique seul aurait raison de vous probablement... et je ne veux rien assumer ici, mais je me doute que ma mère sait de quoi elle parle, elle a quand même été ado dans les années 1970!! En tout cas, nous refaisons le plein d'électrolytes quand notre ''suiveux'' refait surface, mais cette fois-ci avec un ultimatum. ''So, you take the horse or no!? If no, I don't go... you walk''. Humm alors il veut la jouer comme ça et forcer notre décision? Ma mère sur un ''high'' de Gatorade décide qu'elle veut tenter sa chance et nous le remercions pour son aide en le renvoyant plus bas sur le sentier pour se trouver d'autres victimes potentielles de la piste. ''Not today man, not today!''.


Et c'est reparti! Ajustant notre canne (en passant, c'est le meilleur achat de notre voyage et je pense même l'encadrer pour la remercier de ses loyaux services...) nous nous lançons dans les ''Bends'' qui sont en fait un série de tournants très à pic dans un sentier qui serait sinon à la verticale et probablement équipée d'une échelle. Petite bouchée par petite bouchée, nous affrontons chacune des courbes avec détermination, gardant un oeil sur le chemin accompli et ce qu'il reste à gravir. Ma mère qui est bien silencieuse se manifeste finalement après quelques minutes avec un commentaire des plus désopilants: ''Andréanne...ouf...ouf.. tu sais ce qui est le mieux de ne plus avoir le porteur... ouf...ouf...'', ''Non quoi?'', ''Je n'ai plus...ouf...ouf... son maudit cheval... ouf...ouf... qui me respire dans les aisselles!''.  Et nous rions de bon coeur pendant toute la courbe suivante.

Ça fait maintenant une bonne heure que nous avons débutés les ''bends'' et je me doute bien que nous sommes presque au bout de nos peines. Évidemment tout est relatif parce que pour une jeune femme de mon âge et de ma forme physique, l'effort est constant mais je respire normalement et le brûlement dans les muscles est minimal, tandis que pour ma mère, qui est aussi en excellente forme physique (mais qui n'a plus vingt ans!), l'effort est un peu plus ardu, mais son ascension est régulière et les arrêts fréquents nos permettent de terminer cette partie du chemin sans s'exténuer. La raison pour laquelle je vous dis tout ça c'est qu'en lisant sur le Tiger Leaping Gorge, j'ai trouvé le récit d'un groupe d'adultes dans la cinquantaine qui ont fait le même parcours... à cheval... et en pensant y laisser leur peau.  J'étais donc plutôt découragée, mais ne vous inquiétez pas, si vous vous gardez moindrement en forme¸ ne fumez pas 10 paquets par jour ou avez un fétiche pour Ronald McDonald, vous arriverez à destination... éventuellement!




C'est donc après la torture des 28 bends que nous sommes finalement arrivés à l'endroit exact de la légende du Tiger Leaping Gorge. Selon les histoires chinoises, un tigre voulant se sauver d'un prédateur aurait sauté d'un côté à l'autre de la rivière (Ahh ces chinois, ils exagèrent toujours tout!) et serait atteri sur la roche au sommet du parcours. Malheureusement pour nous, il fallait de nouveau payer pour s'approcher du précipice, mais le vent tourbillonant qui menaçait de nous faire plonger dans l'abysse nous a découragés de s'aventurer sur la fameuse roche. Après tout, nous avions survécu les 28 bends et 10 minutes de célébration... ce n'était pas suffisant! Nous avons donc commencé à tranquillement redescendre à travers la forêt de bambou pour trouver notre auberge pour la nuit. Cette partie du trajet était définitivement moins dramatique que le début de la piste, mais nous étions bien contente de pouvoir nous cacher un peu à l'ombre pour récupérer. De petites collines en petites collines, nous traînions de plus en plus nos bottes, espérant voir le village à chaque tournant. Et après une somptueuse vallée couverte de plants de thé (ou de pot... maintenant je ne suis plus certaine) elle était finalement là, notre auberge ''Half-Way Guesthouse'': l'endroit où nous allions pouvoir finalement retirer nos souliers!

Courant pratiquement jusqu'à la petite bâtisse, nous sommes arrivés nez à nez avec l'affiche de l'auberge: ''Tea horse guesthouse''... mais... mais... ce n'est pas le ''Half-way Guesthouse''! Et bien non et comme par un tour de magie sadique, une inscription sur une roche à nos pieds a terminé d'enfoncer le couteau bien profondément dans la plaie: ''Half-way GH, 2 hours this way!''.  AARRGGGG...

C'est donc en ne voulant pas laisser la majorité du parcours pour le lendemain qui nous avons repris nos bâtons de marche, terminées nos bouteilles d'eau et marchées les 5 kilomètres suivants jusqu'à l'auberge avec détermination. Franchement, je n'ai jamais été aussi contente de voir un bed and breakfast chinois de toute ma vie! Les chambres du Half-Way Guesthouse sont construites autour d'une magnifique cour intérieure et leur balcon avec vue sur la gorge fait assurément oublier toute la douleur de la journée. La vue... et la géante bière bien sûr! Nous avons donc dévorés avec appétît un repas graisseux, troquant le steak frites de nos rêves pour des nouilles chinoises, mais l'effet sur notre estomac criant était le même.




Euphoriques, nous nous sommes installés tout près de la rambarde pour regarder le soleil se coucher sur la Gorge, remerciant silencieusement notre bonne étoile de partager ce moment ensemble. Dans une vie, la majorité des gens se souviendront seulement de quelques moments magiques avec leurs parents (leur mariage, quelques anniversaires, ...), mais moi, j'ai bien peur de ne jamais pouvoir décider lequel est le plus spécial!

***
Trois heures du matin.  Je suis partiellement réveillée par des bruits venant de la salle de bain. Derrière la porte, ma mère se tord de douleur, camouflant avec peine ses gémissements. Tirée d'un sommeil trop profond, je succombe de nouveau à la fatigue tout en pensant avec horreur que le seul moyen de redescendre la montagne est comme nous l'avons monté... à pied.

Un peu d'air frais: Tiger Leaping Gorge, jour 1

Les deux pieds dans la poussière de roche, nous regardons solonellement la piste du Tiger Leaping Gorge qui serpente graduellement à l'horizon et semble s'étirer jusqu'à l'infini... à perte de vue et dans chacune des collines avoisinantes, nous pouvons apercevoir la mince ligne brune du trajet qui coupe la montagne en deux. ''Euh... on y va j'imagine?!'', je décrète autant excitée que terrifiée par le début de notre ascension. ''On y va!'', me répond ma mère déterminée avant de prendre le premier pas de notre longue marche.

***
En fait, notre périple a commencé il y a maintenant plusieurs heures lorsque nous avons quitté Lijiang dans un mini-bus rempli de touristes à destination de Qiatou. Pour se rendre au Tiger Leaping Gorge, il faut subir 3 heures de tortillage automobile sur des routes à même le roc et espèrer de ne pas rencontrer un autre véhicule téméraire allant dans le sens inverse. Sans trop de surprise, c'est le premier endroit en Chine où nous avons vu des accidents de la route... et ils sont plutôt du type à faire crier aux témoins ''OH MON DIEU!! AHHH, STOPPEZ L'HÉMORRAGIE'', que de regarder curieusement pour trouver la bosse sur la carroserie de la voiture victime. Enfin, si votre petit déjeuner se trouve toujours dans votre estomac à destination, vous sortirez du véhicule comme une bombe voulant tout de suite oublier que vous devrez, éventuellement, retourner à Lijiang par le même chemin. À Qiatou, tous les touristes doivent s'arrêter au bureau de la Gorge et acheter un billet pour la randonnée, ce que nous avons fait pour finalement remonter dans la voiture et conduire les quelques kilomètres restants jusqu'au début de la piste.


Et c'est ensuite sans grande cérémonie que notre chauffeur a ouvert la porte coulissante de la voiture sur le bord du chemin et nous a fait signe de quitter le véhicule. ''Euh... c'est ici?'', je me questionne en observant les fermes qui nous entourent et cherchant un quelconque signe du début de la piste. ''Yes, you go... Yes!'', me dit le chauffeur en gesticulant dans la direction générale du bout de la route. Ah bon, c'est donc là que nous irons! Nous séparant du groupe de touriste aglutiné sur l'asphalte, nous traversons la rue pour suivre un chemin qui passe à l'arrière d'une petite école et à travers les champs. Finalement, nous voyons une pancarte bleu en plastique sur un arbre indiquant ''Tiger Leaping Gorge - Qiatou'' et tant que nous suivons la flèche dans le bon sens, nous devrions nous en tirer... du moins, c'est ce qu'on raconte sur Internet! À travers les champs de riz et derrière les maisons des paysans de Qiatou, la piste sauvage nous transporte au beau milieu de leur intimité et je commence à penser qu'ils doivent en avoir ras-le-pompom des touristes portant des Tilley Hat et habillés de pantalons bruns avec des zippers qui marchent dans leur potager! Mais mes pensées sont interrompues par un bruit étrange: ''Clop...clop....clop...clop''. À quelques mètres derrière nous, un homme nous suit sur la piste à dos de cheval. Dès qu'il voit que je l'ai repéré, il se met à être soudainement très intéressé par ce qui se passe dans le ciel et feint d'avoir du businness équestre très important à traiter plutôt que de s'occuper de nous. Ma mère conclue avec raison qu'il doit être NOTRE petit monsieur à cheval et lui lance un grand ''Ni hao!''. En fait, un des revenue des habitants de Qiatou est le transport de touristes à cheval le long de la Gorge alors au début de la piste, des ''porteurs'' observent les nouveaux arrivages de marcheurs, tentant de choisir avec succès ceux qui risquent de craquer le long du chemin. C'est une lotterie intéressant! Malheureusement pour notre petit monsieur, aujourd'hui ne sera pas son jour de chance, car nous sommes déterminées à marcher tous les 17 kilomètres du premier leg jusqu'au Half-Way Guesthouse.



Nous marchons maintenant depuis presque une heure lorsque le trajet quitte finalement les fermes pour aboutir dans un grand champ surplombant la vallée. Nous nous arrêtons pour prendre des photos à tous les quelques centimètres au grand désespoir de notre ''suiveux'' qui se dit sûrement que ''Dans quelques secondes...oui, oui.. je vois déjà la fatigue qui les gagne... ALLEZ ON CRAQUE MESDAMES!''. À notre gauche, sur des dizaines de kilomètres, une grande vallée verdoyante entoure le Yangtze qui coule rapidement dans son lit. Les montagnes en terrasses de chaque côté du cours d'eau offrent une des vues les plus spectaculaires de la journée. Je profite de notre moment de repos pour discuter avec l'homme à cheval: (Veuillez noter que l'échange est traduit dans votre intérêt, car cet homme était si loin de parler anglais... qu'il parlait presque français!).

- ''Oh your mother, she looks so tired!'', me dit-il en levant un sourcil convainquant.
- ''Oh no, don't worry about her, she's tough!'', que je lui répond du tac au tac.
- ''But it's very hot outside and it would be much better for her to take the horse... much better... you would be a good daughter'', s'essaie-t-il de nouveau en travaillant sur la culpabilité.
- ''Don't worry, we'll let you  know if she needs you... you know maybe.. IF she gets tired...'', je le tente, ne souhaitant pas tout de suite perdre notre guide ou vendre la peau de l'ours trop tôt.

En vérité, l'avantage d'avoir un cheval qui nous renifle dans le cou c'est que dès que nous sommes sur le point d'emprunter le mauvais chemin, je me tourne vers l'homme qui me pointe du menton la direction de la piste. Disons que sans lui, nous nous serions déjà perdues une bonne dizaine de fois avant même de quitter le village! (Et c'est quand même rassurant d'avoir quelqu'un avec nous le long du trajet!)

Vers 12h30 (nous avons quitté Qiatou à 11h30), notre ascension nous mène au premier panorama de la piste aménagé pour les touristes qui nous permet de finalement voir la Gorge dans toute sa splendeur. À maintenant plusieurs centaines de mètres du sol, nous devons nous pincer pour croire la chance que nous avons d'être témoin des forces de la nature en action. Sous les pics enneigés du Jade Snow Mountain, le Yangtze se déchaîne dans la Gorge, se fracassant avec force contre la paroie rocheuse qui ondule à la base des terrasses d'un vert criant. La beauté de la vue est choquante, jamais il ne m'a été donné de voir un paysage si majestueux digne de l'imagination trop fertile d'un rêveur et je me dis que l'effort est plutôt minime considérant la récompense! Notre rêverie est interrompue par une petite grand-mère qui tire sur la manche de mon t-shirt. Elle nous explique que nous devons payer quelques yuans pour prendre des photos le long de la rambarde et voulant éviter une grande discussion inutile, nous lui donnons la maigre somme. À quoi elle réplique tout de suite en prenant ma caméra et nous invitant à poser dans toutes les directions alors qu'elle prend des photos de notre duo avec la vue spectaculaire à l'arrière. C'est donc plutôt une photographe que nous avons payé!


Les deux prochaines heures du parcours sont passés pratiquement en silence alors que nous nous arrêtons à intervalles réguliers pour s'assurer d'avoir LA photo qui représente bien cette partie de la Gorge. Malheureusement pour nous, le soleil commence à sérieusement tapper et parce que quand je ''drop the ball'' dans ma planification, je ne le fais pas à moitié, j'ai complètement oublié de nous apporter de la crème solaire! Tel deux petits Icares trop près du soleil, chaque centimètre de peau exposé aux radiations rougit à vue d'oeil. Je vous jure qu'en approchant votre oreille, c'est presque possible d'entendre le ''Shhiiiisssss....'' que fait la peau en brûlant. Dans un éclair de génie (ouf, je viens de rattraper la balle...), je dis à ma mère de sortir son foulard et de se l'installer sur la tête ''Laurence d'Arabie style'' pour nous protéger un peu. La piste grimpant toujours nous apporte à travers d'autres champs et de plus en plus à flanc de montagne avant de déboucher dans un petit village où nous pourrons dîner. À l'horizon se pointe finalement le Naxi Guesthouse, le premier stop de notre marche et nous entrons dans la cour intérieur de l'auberge avec excitation. À ce point-ci, la nourriture et un peu d'ombre seront bienvenue, et nous prenons place à une table alors que notre John Wayne chinois s'installe un peu plus loin avec sa soupe instantannée. Au moins, nous ne perderons pas notre guide pendant le dîner!


La serveuse nous apporte rapidement du thé chaud, un coca-cola et quelques plats de légumes que nous dévorons avec appétît. Le grand air, ça creuse effectivement et nous n'en sommes qu'au premier quart de la piste! Après s'être soulagées dans une des toilettes turques avec sans doute la vue la plus impressionnante du monde, nous reprenons nos bâtons de marche et retournons sur la piste afin d'atteindre la prochaine auberge avant la tombée de la nuit. Il est maintenant 14h et il nous reste amplement de temps pour se rendre au Half-Way Guesthouse, mais la prochaine section du sentier est les ''28 bends'' - la partie du parcours qui terrifie les marcheurs et fait la réputation du Tiger Leaping Gorge. C'est le aussi le moment qui déterminera si nous pourrons terminer la marche en un seul morceau...

Friday, May 25, 2012

Lijiang: Pit stop

La facilité avec laquelle nous trouvons un minibus pour nous amener à la vieille ville de Lijang est désarmante! Ils sont tous alignés à la sortie de la gare et pour 10 yuans chacune, nous nous retrouvons en chemin vers notre auberge. Cependant, ce que la conductrice ne nous dit pas, c'est que la vieille ville de Lijiang est un immense labyrinthe complexe et que de s'y aventurer sans carte (et même avec une carte tel qu'expérimenté plus tard) est de la folie! Là où la vieille ville de Dali était composée majoritairement d'une artère principale et de rues perpendiculaires, Lijiang semble avoir été dessiné par un ingénieur ayant abusé de la baijo avec un ''Etch a sketch'' défectueux! Les rues piétonnes sont tout juste assez grande pour accommoder une charrue (et oui je continue à croire qu'en Chine, l'unité de mesure est la charrue!) ainsi que son guide qui se déplace de côté en rentrant son ventre... Les petites auberges et restaurants sont plus ou moins semblables et une allée en rencontre inévitablement toujours une autre sans ne jamais donner aucune indication de notre position ou nom de rue. Je dois quand même avouer qu'il y a parfois des plans de la ville, mais le mélange de points rouges et de lignes sculptées à même une pièce de bois demande une capacité d'abstraction beaucoup trop élevée pour mon énergie de fin de journée et même en penchant ma tête dans toutes les directions, ça ne fait ni queue, ni tête. Pour la première fois, je dois l'avouer: Nous sommes perdues!

Bon...Au moins, je suis certaine que nous sommes à Lijiang, dans la Yunnan... en Chine, mais c'est à peu près tout. J'entre dans le premier bureau touristique en vue, mais quand je demande à l'homme de nous expliquer où nous sommes sur notre petite carte et qu'il y pense pendant 10 minutes, je décide de re-demander ailleurs. En fait, selon mon expérience, c'est l'indicateur de véracité de l'information ici: Si la personne prend plus que 30 secondes pour répondre, elle est en train de tenter de sauver sa réputation et elle vous dit assurément de la bull-shit. Vous savez depuis que j'ai compris ça, je fais beaucoup moins de reflux gastrique en voyage! Finalement, nous trouvons quelqu'un qui peut nous guider jusqu'à un point sur notre carte et nous suivons les petits cafés illuminés jusqu'à une fontaine de la ville. Maintenant que nous prenons une seconde pour observer nos alentours, Lijiang est sans contredit la plus belle ville que j'ai visitée jusqu'à présent dans ce pays (oui, je me répète... mais oui c'est vrai!). De chaque côté de la ruelle en pierre, de petits canaux minces laissent descendre un filet d'eau à travers la ville et à intervalles réguliers, des passerelles en bois nous permettent de traverser le ''Venise'' chinois avec style. Entre les vendeurs sous les lanternes et les touristes enthousiastes perchés dans les balcons des cafés, nous sommes transportés dans un monde qui a su résister à l'attrait des bâtiments de béton et à l'accessibilité pratique des autoroutes. C'est féérique!


Mais avec tout ça, nous marchons depuis maintenant une heure avec nos gros packsacks sans aucun espoir de trouver éventuellement notre auberge. En dernier recours, nous entrons dans une dernière boutique où un jeune garçon et sa soeur, sous l'ordre de leur grand-père, nous demandent de les suivre pour nous aider à trouver notre lit qui nous appelle avec intensité depuis bien longtemps. Et c'est finalement devant nous! Le Garden Inn de Lijiang est une petite auberge à l'extrémité de la ville (la conductrice nous a véritablement laissé le plus loin possible de notre profit!) et sans demander notre reste, nous prenons les clés de notre chambre en remerciant les deux jeunes.

''M...e...r....d....e... c'est vraiment laid!'' est la première chose qui me passe par la tête alors que je dépose mon sac sur le lit de béton de l'auberge. Notre chambre donne sur la cour intérieure du Garden Inn et malgré l'effort mis dans le choix des couvre-lits, la salle de bain est pratiquement insalubre et nous prenons une douche bien méritée en fermant nos yeux. Nous nous doutions bien qu'éventuellement nous allions frapper un hôtel douteux, mais c'est tout de même dommage que ce soit ici, dans le paradis chinois de Lijiang! Ce n'est pas le temps de penser aux bestioles, ni à la saleté ambiante de la chambre alors nous descendons au rez-de-chaussé pour notre souper. Tout de suite, nous remarquons que la foule de voyageurs est dans la catégorie gosse de riches ''mes-parents-ont-financé-mon-voyage-en-chine-pour-que-j'en-apprenne-plus-sur-la-vie'' et qu'ils ont troqué leur Euro-trip pour faire plaisir à leur famille. Ma mère en surprend même une en discussion intense avec la réceptionniste: ''I am sorry but this is NOT olive oil in my salad!''... Wow! Nous tombons vraiment de haut!

Finalement, nous ignorons les hippys riches crados et mangeons un repas en vitesse pour pouvoir nous reposer avant notre aventure du lendemain. Nous avons décidé de devancer notre excursion à la montagne d'un jour et une van nous cueillera à l'auberge à 7h le lendemain matin. En nous couchant ce soir-là, peu de choses nous passent par la tête car toute notre énergie est concentrée à faire mouler notre dos dans le matelas de roche de l'hôtel... en fait, c'est aussi bien, car ce n'est plus temps de reculer.   

Dali: Rice and Friends... and a very crammed train.

Il n'y d'autres mots pour décrire l'école de cuisine Rice and Friends de Dali que FANTASTIQUE! Si on m'avait dit il y a un an que j'apprendrais finalement à cuisiner (avec succès) quoi que ce soit qui ressemble de loin à de la véritable cuisine chinoise, je vous aurais dit: ''Pfff.. vous êtes complètement fou, ça prend de la magie noire ou une très longue lignée de sang chinois...''. Mais non, sous l'oeil attentif de Luxi, nous avons passé un des moments les plus mémorables de notre voyage en Chine dans sa petite cuisine à ciel ouvert de Dali.

Tel que convenu, elle nous a rencontrées pour la seconde fois devant le Bad Monkey Bar, équipée cette fois-ci de petits paniers en osiers mignons pour les emplettes et nous l'avons suivi jusqu'au marché extérieur de la ville avec beaucoup d'enthousiasme. J'avais déjà fait mes emplettes à maintes reprises au  marché de Shangqiu, mais de pouvoir finalement demander ce que sont les fruits bizarres et autres objets non identifiés marinant dans l'huile épicée était un véritable plaisir. De kiosque en kiosque, nous nous sommes procuré les piments, échalotes, tofus et autres produits frais locaux pour notre cours, tout en permettant à ma mère de s'étonner devant la boucherie à ciel ouvert et les vendeurs de poisson itinérants. Un marché chinois est l'endroit où vous testerez véritablement vos aptitudes à participer à ''Fear Factor'' et si vous êtes trop curieux, perdrez aussi probablement votre appétit... mais il n'y a rien à craindre car Luxi, nous a amenées pour la visite ''spéciale touriste'', laissant de côté les allées où s'exécute la boucherie et l'achat de parties de viande plus savoureuses... aux yeux des Chinois. Malgré tous ses efforts, nous nous sommes tout de même retrouvées face à face avec un amputé chinois sur un skate-board chantant avec force dans sa machine a karaoké pour obtenir quelques dons. En fait, le plus triste dans tout ça, c'est que l'homme semble avoir justement été amputé par la bouchère du coin plutôt qu'à l'hôpital et nous avons de la difficulté à détourner notre regard de son corps ravagé par les brûlures, les cicatrices et autres plaies. Certains mendiants chinois se retrouveront dans leur situation après un cas extrême de brutalité policière, d'autres sont des vétérans mutilés et quelques-uns ont subi des lésions à la naissance et passent leur vie à quêter au coin de la rue, leurs plaies exposés à la vue de tous. Ça brise et lève le coeur en même temps... L'absence d'aide sociale pour les handicapés les forces à dépendre de la générosité de leurs concitoyens, instaurant une certaine loi de la jungle en Chine et me faisant remercier le ciel d'être née au Canada.



Finalement, quand nous avons tous les ingrédients nécessaires, nous retournons à l'école de Luxi, où elle nous amène dans une petite cour intérieure ensoleillée où trois plans de travail complets avec des woks sont installés. Elle profite du moment où sa sous-chef organise nos services pour nous expliquer les différentes huiles et sauces utiles pour la confection de repas chinois authentiques et nous en apprenons des tonnes sur la gastronomie orientale. Au loin, la montagne de Dali surplombe son jardin, nous offrant une vue imprenable à même notre petit plan de travail à ciel ouvert. C'est magique. Après avoir enfilé nos tabliers, nous nous installons derrière nos planches et commençons à couper les légumes pour notre salade froide au tofu. A priori, je ne suis pas tellement une fan du tofu, mais mélangé avec des ingrédients frais et baignant dans une vinaigrette au gingembre, c'est succulent! Nous mangeons avec appétit, remerciant notre bonne fortune d'avoir pris part à ce cours et de nous avoir permis de déguster notre premier vrai bon repas chinois depuis le début de notre voyage.



Ensuite, nous nous mettons au travail pour compléter une recette d'aubergine épicée et de poulet Kung-Pao, sous l'oeil expert de notre chef, qui nous enseigne les subtilités de la variation des températures du Wok. À plusieurs reprises, elle félicite ma mère pour son maniement expert du couteau et j'observe avec fierté les petites bouchées égales qu'elle arrive à produire... comme on dit par chez nous, j'ai encore des croûtes à manger pour atteindre l'expertise maternelle! Concentrées comme si nos vies en dépendaient, nous jouons avec le contrôle du Wok, reculant lorsque l'huile gicle un peu trop proche de nos petits bras, mais prenant un malin plaisir à voir la sauce changer de couleur et enrober les ingrédients dans un résultat salivant. Finalement, nous approchons nos créations culinaires de la table et partageons le fruit de notre labeur en discutant avec Luxi de son parcours. Elle nous raconte ses multiples voyages en Europe et nous avons de la difficulté à croire que cette jeune femme, qui semble n'avoir plus de trente ans, a vraiment vu autant de pays. C'est incroyable! Le ventre finalement bien plein, nous la remercions pour son incroyable cours et lui payons les 150 yuans (20$) chacune pour cette expérience inoubliable. Cette petite après-midi en plein air à Dali restera un des points forts de notre voyage.



Après avoir récupéré nos bagages à l'auberge - un petit pincement au coeur de devoir quitter un endroit si magique - nous nous rendons ensuite au centre-ville de Dali pour attraper un train jusqu'à Lijiang. J'ai très hâte de pouvoir faire partager l'expérience ferroviaire à ma mère, mais lorsque le train arrive finalement en gare, je commence à douter que nous allons bien apprécier notre trajet. Dans chacun des wagons, les fenêtres sont toutes embuées et la condensation coule abondamment dans les vitres... ''YARRRKKK'', crie mon subconscient qui ne se doutait pas qu'il allait devoir entrer dans un sauna chinois cet après-midi. Chacun des compartiments du train est rempli à capacité et même l'arrêt à Dali ne fait pas baisser le nombre de passagers debout dans le véhicule. Je suis ma mère à l'intérieur qui s'arrête net lorsque la foule cesse d'avancer: ''Euh maman, je suis désolée, mais tu vas devoir pousser parce que nous ne nous rendrons jamais à notre siège à cette vitesse..'', et j'ai malheureusement bien raison, car le bouchon de circulation humain est composé des passagers sans billets qui resteront sur leurs pieds jusqu'à Lijiang.

Bien évidemment, quand on atteint finalement notre banquette, les 5 jeunes Chinois qui y sont assis font semblant de ne pas nous voir. ''Qing... wo men de zou! (Pardon, ce sont nos sièges)'', que je leur annonce avec toute l'autorité que j'arrive à imposer alors que je me liquéfie lentement sur le tapis sale du wagon et que je sue du front abondamment. Bzzziibzziiztt (bruit de mouche) - personne ne bronche. Ils décident de tous transporter leur regard vers la fenêtre alors que je m'impatiente... oufff, ils ne savent pas ce qu'ils vont réveiller s'ils ne grouillent pas... et ça arrive, je me transforme en Incroyable Hulk toute rouge alors que je me mets à faire de grands mouvements et à lever la voix pour qu'ils se déplacent. Ne pouvant plus ignorer la bête sauvage dans leur compartiment, ils se lèvent, mais arrivent quand même à squeezer le plus de passagers possible dans le petit trou restant sur notre siège. La bataille est gagnée, mais je dois tout de même écouter la jeune femme devant nous critiquer les ''stupid foreigners'' qui ont pris le siège de leur ami alors qu'elle part dans un très long discours enragé...3....2....1.... Ipod! Tout en écoutant ma musique, je regarde ma mère du coin de l'oeil qui s'empêche difficilement de sortir sa caméra pour prendre quelques photos de notre wagon bondé - Il ne manquerait qu'un gars qui sort sa tête et ses bras par la fenêtre et un fumeur qui nous botche dessus pour violer toutes les lois possibles du train chinois - Enfin, prendre des photos, ne ferait que repartir la vague de commentaires assassins alors nous prenons de grandes respirations jusqu'à Lijiang et se disant que nos pores de peau seront vraiment très bien dilatés à notre arrivée.

''Hallelujah'', la gare de Lijiang est en vue et c'est après avoir laissé une montagne derrière nous à Dali, que nous en découvrons une autre qui surplombe la ville à notre nouvelle destination. Vraiment le Yunnan, c'est incomparable! Mais vraiment, la seule chose qui me passe par la tête à ce moment c'est que nous nous rapprochons de plus en plus du Tiger Leaping Gorge - l'excursion responsable en grande partie de notre visite des terres si reculées de la Chine. Depuis que j'ai lu le récit de J. Marteen Troost ''Lost on Planet China'', je rêve de marcher les sentiers dangereux de la Gorge, mais maintenant que nous sommes si près du but, l'excitation laisse place au doute. Qu'arrive-t-il si ma mère ne peut compléter le parcours ou si elle se blesse en chemin? Aurais-je finalement trouvé un défi que nous ne pourrons affronter ensemble? Comme dirait ma mère ''Soon find out!''... mais pendant tout ce temps, je ne me doute aucunement qu'un obstacle beaucoup plus grand que la fatigue menace notre duo...    

Wednesday, May 23, 2012

Dali: Le bonheur des uns...

Nous avons rendez-vous avec Luxi, la responsable de l'école de cuisine ''Rice and Friends'', à 10h devant le Bad Monkey Bar de Dali. Cet établissement clairement reconnu comme l'endroit par excellence pour les étrangers détonne des petites ruelles chinoises par son grand écriteau massif en billots et ses tables faites à même de gigantesques scies à bois aménagées dans la rue. Alors que nous attendons notre guide, nous nous faisons aborder par une vendeuse déterminée à nous faire acheter des bijoux en argent et à me faire sentir coupable de marchander au prix local, un cadeau pour ma mère.  ''Come on, it is for your beautiful MOTHER, you can pay it!'', me dit-elle scandalisée que j'essai de faire baisser le prix de ses boucles d'oreilles à quelque chose de plus raisonnable. ''I know, but still, you will not get me for the tourist price'' je lui confirme alors que j'examine sa marchandise pour une seconde fois. Juste à temps, notre géniale guide arrive sur son vélo, les cheveux encore humides de sa douche rapide pour nous annoncer que notre leçon devra attendre au lendemain, car ma confirmation tardive ne lui a pas permis de préparer son cours. Bien entendu, nous acceptons avec plaisir de retarder notre expérience culinaire en préparant tout de même notre plan pour la journée. Il y aura sans doute plusieurs autres journées magnifiques en Chine, mais seulement une seule occasion de cuisiner de la vraie gastronomie locale!



''So, do you know where we can get some train tickets to Lijiang'', je demande à notre nouvelle amie alors qu'elle nous accompagne le long des boutiques vers la rue principale. ''Of course! I take you there, just follow me!''. Et c'est aussi simple que ça, d'un seul coup, elle met un stop à ses propres activités pour nous aider et se promener dans Dali. Nous suivons la jeune femme entre les vendeurs et visiteurs jusqu'au seul bureau touristique qui se dit vendre des billets pour le train jusqu'à Lijiang.  Bien entendu, nous pourrions prendre un autobus, mais la perspective de se retrouver confinée à ce moyen de transport merdique pour plusieurs autres heures, nous encourage à persévérer pour trouver des billets de train. En effet, le trajet de train prend seulement 1h30 alors que l'autobus peut prendre jusqu'à 3h30 et même plutôt 6h si la malchance frappe de nouveau... et dieu seul sait que nous avons affonté toutes les embuches possibles jusqu'à présent dans nos moyens de transport. Il vaut mieux ne pas tenter le destin et le choix est un ''no-brainer'', nous insisterons pour monter à bord du train. Mauvaise nouvelle, alors que Luxi discute avec les propriétaires du bureau, je comprends qu'ils ne peuvent nous assurer des billets et nous devrons nous rendre au centre-ville pour nous procurer nos tickets en main propre. Heureusement, nous n'avons rien de prévu et c'est en disant un bref ''à demain'' à notre sympathique guide que nous grimpons dans un taxi pour la station de train de Dali.

Après nous être procurées nos billets, nous réalisons que nous pourrions probablement bénéficier d'un peu de repos alors nous retrouvons notre chambre d'hôtel en fin d'après-midi pour regarder un film dans le comfort de notre chambre. Ce n'est que plusieurs heures plus tard que nous refaisons surface pour profiter de la fin de l'après-midi à Dali. En prenant un verre à l'auberge, nous remarquons tout de suite un groupe d'enfants blonds jouant à la table de billard de l'hôtel. Cinq clônes parfait d'une petite famille  blonde- ils doivent vraiment créer des accidents en ville. Après avoir discuté avec leur parents, ils nous expliquent qu'ils sont une famille française profitant d'un long congé en Asie pour explorer les pays avoisinants avec leurs enfants. Leur nombreuse progéniture, un jeune garçon de 15 ans, sa soeur d'environ 13 ans et trois petits jusqu'au bas âge de 5 ans, jouent ensemble dans la poussière, appréciant les charmes de la campagne chinoise. Connaissant les obstacles présents dans une virée orientale aussi vaste, nous avons de la difficulté à comprendre comment ils peuvent déraciner leurs meute de 5 enfants pendant presque 8 mois et se déplacer entre les villes avec facilité. C'est difficile de ne pas juger leur projet, pensant seulement à l'éducation des enfants, le nombre impressionnant de baggages et la possibilité de malaises médicaux. Mais pour moi, ce qui me dérange le plus dans tout ça, c'est que ces pauvres enfants grandiront en ayant déjà tout vu! ''Le Taj Mahal?! Bof, j'y étais à 7 ans...''  Ils doivent soit être vraiment épanouis... ou attendre le retour en France en comptant les dodos. Et ils n'ont pas pris le chemin facile, visitant jusqu'à présent le Burma, l'Inde, la Laos, le Vietnam, la Thailande et la Chine. En discutant plus longuement avec le père, nous semblons comprendre qu'il est la source de cette idée particulière, voulant sûrement asouvir son envie de voyage alors que sa famille suit du mieux qu'ils le peuvent à l'arrière. Bref, nous sommes presque sympathiques à leur idée jusqu'à ce qu'il se mette à discuter leur voyage imminent à Lijiang.

- ''Alors, vous pensez aller à Lijiang'', je leur demande curieuse.
- ''Ah oui, nous allons faire le Tiger Leaping Gorge!'', de répondre le père, totalement confiant.
- ''Ah vraiment!'', je répond curieuse de savoir comment il compte porter sa fillette de 5 ans à travers les 17 kilomètres de la première journée de randonnée.
- ''Oui, oui, sans problème! En fait, c'est plutôt mental et même si on peut le faire en 1 jour, nous allons le faire en deux pour laisser une chance aux enfants...'' me répond-t-il de tac au tac, un grand sourire aux lèvres.
- ...

Wow, le Tiger Leaping Gorge est une randonnées pédestre vraiment difficile, voir même dangereuse et je m'habitue seulement tranquillement à l'idée d'y amener ma mère qui est en excellente forme. Nous avons déjà optée pour la formule de deux jours, car quoi que ce soit de moins long serait impossible, mais ce connard pense franchement pouvoir l'accomplir en deux jour avec tous ses enfants et leurs petites jambes... Et sur ce, il perd totalement tout le capital de sympathie que nous pouvions avoir pour lui. Il réalise clairement son ''trip'' de voyageur, en dépit de sa famille qui souffrira peut-être des conséquences... En tout cas, ce n'est pas facile de ne pas juger quand on fait face à une insousciance si flagrante et nous leur souhaitons bonne chance, en priant pour qu'il n'arrive rien de grâve aux enfants... lui, en ce qui me concerne, il peut bien tomber dans le précipice...Tout ce que je peux imaginer à ce point est la pauvre petite filette blonde qui joue avec la jeep en plastique de l'auberge, se faisant traîner le long des sentiers tortueux de la gorge...


Finalement, nous décidons de terminer la soirée au Bad Monkey Bar, devant une énorme platée de frites maisons, observant la faune ''locale'' d'étrangers aux dread locks qui accueillent les touristes chinois dans leur bar comme un mal nécessaire à leur revenu mensuel. À l'entrée de l'établissement, une grande femme blonde à la fin de la trentaine se tient devant une tablée de bijoux maisons vendant son artisanat à grands coups de bâtement de cils surdimensionnés et de tortillement de ses mêches blondes. En fait, c'est probablement le secret de son succès - elle pourrait vendre des créations faites à même des attaches de sacs de vidange, si elle accepte de prendre des photos avec les acheteurs potentiels chinois - et elle le sait, et reçoit son profit exactement de cette manière. Rien n'est tabou à Dali, pas même le traffic de son image pour un profit. Ça c'est le côté un peu moins ''Peace and Love'' des locaux du coin...

Dali: Kumbaya les gars?

Quelque part sur la très longue autoroute entre Kunming et Dali, et juste au moment où nous allons découvrir le punch du film hollywoodien doublé en chinois qui joue dans l'autobus - le normalement ''archi-nul'' acteur d'action chauve préféré de mon père semble d'ailleurs donner sa meilleure performance à vie... grâce au doublage chinois sans aucun doute! - le moteur s'arrête d'un coup sec. ''Merde! Panne d'essence?!'', ''Non, non, il semble juste y avoir un petit bouchon'', me confirme ma mère en penchant sa tête dans l'allée. Mais nous ne parlons pas ici d'un peu de traffic, mais bien d'une ligne de voitures s'étirant sur des centaines de mètres le long de la route longeant la montagne. Les gens commencent même à sortir des véhicules pour s'allumer des cigarettes ou prendre un peu d'air alors je décide, à ce moment-là, de finalement lâcher prise sur mon ambition de pouvoir contrôler chaque aspect de notre voyage. Quelqu'un, quelque part veut tester ma patience. ''Décidemment Andréanne, on a vraiment pas de chance avec nos transports!'', me confime ma mère en rigolant. En effet... Notre journée de transit qui aurait normalement dû se compléter en 4 heures maximum, s'étire maintenant depuis au moins 7 heures et notre modeste déjeuner de yogurt et granola à Kunming semble vraiment très loin.

À l'extérieur du véhicule, nous nous étirons au soleil sur le garde-fou et sommes bien vite rejoint par un voyageur qui partageait notre auberge à Kunming et avec qui nous avions échangé quelques plaisanteries la veille. Il s'appelle Kostas, vient de la Grèce et a fait un arrêt en Chine pendant son ''road-trip'' asiatique. Nous rions ensemble de la situation alors qu'il nous avoue ne pas comprendre la moitié des choses qui se passent autour de lui - ahh comme je sympatise avec lui... - et nous lui donnons quelques clémentines, prenant pitié de son air affamé de ''deer in the headlights'' chinois. Il se dirige aussi vers Dali et notre mésaventures en autobus devient un bon moment de rigolade impromptu entre étrangers. Nous bronzons au soleil pendant qu'à quelques kilomètres plus loin, le police chinoise s'occupe de l'accident. Dans une telle situation, il vaut véritablement mieux accepter le conte-temps pour ce qu'il est: une opportunité imprévue de prendre des couleurs.

Finalement, nous arrivons à la station d'autobus vers 18h30 et je reviens rapidement sur terre en voyant un groupe de chauffeurs/vautours chinois regardant nos sacs à dos dans la soute à baggage avec envie. ''Maman, vite, je dois descendre!''. Étant donné que j'ai rarement voyagé en autobus en Chine et que j'ai fait beaucoup de lecture traumatisante sur le sujet, j'ai toujours la peur de me faire voler mes baggages alors que je suis assise bien tranquillement dans le véhicule en attendant d'arriver à destination. Alors, je ne fais ni une, ni deux et m'empare de nos gros sacs avec détermination sous l'oeil surpris des chauffeurs qui n'ont même pas le temps d'essayer de nous embobinner dans leur arnaque. L'important n'est pas de savoir où aller, mais bien de s'y rendre avec confiance. C'est donc avec le regard bien fixé sur la sortie que nous séparons la foule en ignorant les marchandeurs pour trouver un chauffeur voulant nous conduire jusqu'à l'ancienne ville de Dali. Malheureusement, mon estomac creux m'empêche de bien négocier et nous acceptons un tarif plus élevé espérant quitter cette partie sordide de la ville avant la nuit. Avant de quitter le stationnement, j'éprouve quelques remords de ne pas avoir demandé à Kostas s'il voulait partager notre véhicule, mais j'obtiens une deuxième chance alors que notre taxi passe devant lui pendant qu'il tente de négocier son propre tuk-tuk. ''Kostas! Are you going to the old city? Hop in!'', je lui crie de la fenêtre alors qu'il s'engouffre dans le véhicule avec un grand sourire. ''Thank you so very much guys'', ahhh, il est vraiment super poli et ça me confirme que parfois ça vaut la peine de faire une bonne action!

La partie moderne de Dali ressemble exactement à toutes les autres grandes villes chinoises, mais lorsque nous quittons les édifices intimidants pour suivre le grand lac jusqu'à l'ancienne ville, nous comprenons mieux pourquoi cette ville se classe au sommet du palmarès des sites à voir du Yunnan (et peut-être même de la Chine entière!) . Le long du lac, les murs de la vieille ville se dressent impressionnants et clôturent les anciens bâtiments et leurs habitants dans une cité chinoise enchanteresse. À travers les rues piétonnes, des dizaines de petits cafés aménagés de sofas recouverts d'oreillers arc-en-ciel attirent les touristes sous leurs lanternes de tissus multicolores pour prendre un verre. Mais avant d'explorer les petites boutiques et de rencontrer leurs habitants souriants, nous trouvons finalement notre hôtel. Le Jade Roo/ Jade Emu est une magnifique auberge australienne aménagée dans une cour intérieure ensoleillée et suite à notre séjour incroyable à Kunming, nous ne pouvons croire notre chance. Cet établissement mérite véritablement 5 étoiles et notre chambre propre et spatieuse nous donne envie de déposer nos sacs pour de bon pour joindre la commune! Affamées, nous partageons avec appétît plusieurs plats du menu suivi de deux gigantesques bières alors que la fatigue du transport commence finalement à nous rattraper. Dali est paisible, mystérieuse et nous transporte dans un temps beaucoup plus simple, où la fumée des herbes locales abondantes envoutait les touristes et leur promettait de rejoindre, ne serait-ce que pour un court moment, le mystérieux Shangri-la de James Hilton. Ici, la vie semble réduite à son plus simple appareil: Du plaisir, de la bonne compagnie et aucune responsabilité.

Ce soir-là, nous nous couchons dans notre petit lit douillet sans aucun soucis et en attendant avec impatience le lendemain pour assister à notre cours de cuisine à saveur locale de l'école ''Rice and Friends'' de Dali.  

Tuesday, May 22, 2012

Kunming: D'une surprise à l'autre

Le ''Lost Garden Guest House'' de Kunming est un véritable havre de paix. Généralement, je n'aime pas semer ce mot ''Peace and Love'' à tous vents, car il m'inspire des odeurs de vieil encens et d'homme barbu en jupe longue qui vous fait la morale sur le sens de la vie... (et dieu seul sait, que je n'aime pas me faire faire la morale!) mais cette fois-ci, le descriptif est parfait. L'auberge est confortablement cachée au fond d'une petite allée, où une impressionnante porte en fer noir sépare ses habitants du branle-bas de combat habituel des ruelles chinoises...si petites soient-elles. Après avoir grimpé quelques marches, nous débouchons sur la réception - un petit bureau au milieu du corridor - et je suis stupéfaite de découvrir que la majorité de l'auberge est à ciel ouvert. Je fais quelques pas vers la balustrade à ma gauche et découvre une cour intérieure où grimpent des vignes en fleurs. Les arômes sont incroyables et le soleil qui réchauffe le tout amène immédiatement un sourire à mes lèves. Tout de suite l'atmosphère nous plaît. Les employés sont décontractés, ça sent la bonne pizza au feu de bois et il n'y a presque aucun bruit. Nous sommes suffisament loin de la rue principale pour ne pas entendre son trafic, mais assez proche pour pouvoir y marcher, c'est génial!

Enchantées, nous suivons la jeune femme de la réception jusqu'à la ''Cat room'' (...oui c'est le nom de notre chambre... oui c'est kétaine, mais bon) et attendons avec impatience le dévoilement pour finalement décider si nous avons fait une bonne affaire. En fait, chaque fois que nous arrivons à une nouvelle auberge, nous nous sentons comme des participantes du ''Price is Right'' qui attendent de voir si leur prix caché sera une merdique machine à faire du jus de carotte (''Qui boit vraiment du jus de carottes pur?? QUI??) ou A BRAND NEW CAR!!  Mais cette fois-ci c'est le gros lot! Nous avons carrément débarqué dans un décormag chinois et nous découvrons avec excitation notre grande douche/toilette vitrée en pierre, nos deux beaux lits et - comble du bonheur - des bouteilles géantes de savon chic pour la douche. Disons que ce n'est pas que nous n'avons pas amené de savon, mais la perspective d'un long voyage de trois semaines nous a fait faire des rations malgré nous... et donc, que mes longs cheveux blonds ont déjà eu des jours plus heureux... mais pas cette fois: Il y aura de la sculpture capillaire au programme ce soir! Nous déposons nos sacs dans la chambre avec excitation et montons au restaurant pour déguster un petit déjeuner bien mérité.


En voyage, je pense que c'est toujours crucial de bien planifier... l'idée de se retrouver dans une ville inconnue sans carte ou programme d'activités m'empêche de vraiment apprécier mon exploration alors généralement j'ai toujours de l'information à revendre, question d'avoir l'embarras du choix, mais pour cette fois nous faisons une exception. Kunming est notre premier stop vers notre visite de Dali et de Lijiang et nous ne resterons qu'une seule journée complète dans la capitale du Yunnan, donc nous décidons exceptionnellement de laisser nos pieds nos guider pour la journée. Une observation des excursions offertes par l'hôtel nous confirme d'ailleurs que tous les principaux points d'intérêts sont à plusieurs heures d'autobus alors nous optons plutôt pour une visite à pied. Étrangement, ils offrent même un tour du ''Dwarf Kingdom'' où de véritables nains chinois vivent dans la joie et l'harmonie pour s'offrir en spectacle aux touristes amateurs de... sensations fortes?! Euh... deux questions me viennent immédiatement en tête: 1) Est-ce qu'ils chantent ''Aiii-yyy, Aiii-ooo, nous rentrons du boulot'' à la fin de la journée et 2) C'est pour quand le ''Foreigner's Kingdom''??  Bref, très peu pour nous merci... il y aurait sûrement quelque chose qui trouverait le moyen de me ferait rire et ça sent l'aller simple pour l'enfer à plein nez!

C'est donc sans véritable destination que nous quittons l'auberge avant le dîner et explorons le lac de Kunming où des centaines de personnes âgées et leurs petits-enfants s'amusent. Dans un coin, ils pratiquent la danse en ligne, dans l'autre le hip-hop alors que certains font de l'exercice et d'autres jouent de la musique. Ça respire la vie et je commence à sérieusement penser à finir mes vieux jours en Chine... en tout cas, ils ne sont pas assis dans une maison de retraite à attendre que leurs enfants les appellent pour leur dire qu'ils ne peuvent pas venir les visiter! Les citoyens du troisième âge chinois sont vraiment beaux à voir, ils s'activent, socialisent et habitent véritablement les espaces verts de la ville! À la sortie du parc, nous arrivons devant une gigantesque barrière et après une courte conversation avec une passante, nous découvrons que c'est l'Université de Kunming. L'abondance de verdure et les vieux édifices en pierre piquent notre curiosité et nous marchons dans les sentiers de l'établissement pour découvrir des ruelles bordées de bambou et des salles de classe rappelant les plus grandes universités anglaises. C'est de toute beauté... et maintenant je me demande franchement ce qui m'a piqué d'aller m'exiler dans le Henan... si seulement c'était à refaire, maintenant je saurais dans quelle ville me diriger! Mais ça ne sert à rien de m'apitoyer sur mon sort car je découvrirai bien vite en revisitant Shangqiu (à venir...), que c'était vraiment la meilleure décision...

Nous sortons du campus sur une rue bordée de boutiques de luxe et après avoir visité un vendeur de vin étranger, nous nous retrouvons dans un ''Anmo-si'', un spa chinois, pour nous faire masser. Pas du tout certaine qu'elle veut se faire triturer par aucun des employés évachés à l'extérieur du commerce ma mère me regarde inquiète, mais après l'avoir convaincu qu'elle ne le regretterait pas, nous laissons notre dos meurtri entre les mains expertes des masseuses et passons la prochaine heure à nous faire pétrir dans notre salon privé. À intervalle régulier, je vérifie que ma mère est toujours vivante et en jugeant par ses onomatopées incompréhensibles: ''Maman, ça va toujours?! Ça fait pas trop mal?!'' et elle de répondre ''HEufuehwshoiefhwei'', je conclue que tout va pour le mieux. Avec la charge que nous devons porter chaque jour, je m'assurerai à l'avenir de nous trouver des massages à intervalles réguliers.

Maintenant que nos cheveux sont dressés tout droit sur notre tête (et ici, je parle de ma mère, car c'est elle qui a les cheveux courts!) et que nous avons le regard béat et le maquillage bien ''beurré'' digne d'un excellent massage, je décide de guider ma mère vers notre première VÉRITABLE bouffe de rue chinoise, des nouilles froides! Après avoir marché quelques blocs, nous trouvons l'endroit idéal dans la forme d'une petite vendeuse accoudée à son kiosque, qui n'attend que des clientes avec impatience. Elle mélange d'une main experte, le concombre, le chou, les nouilles froides, la sauce épicée et la sauce aux arachides alors que je l'observe, la bouche salivante déjà du souvenir affectueux de cette recette particulière. C'est bien le seul plat que je n'ai jamais retrouvé au Canada et ça a toujours été un de mes préférés. Nous prenons donc nos bols et nous assoyons au petit resto à côté pour déguster le tout à travers les mouches et autres saletés qui font partie de la bouffe de rue en Chine. Heureusement, ma mère adore tout de suite le repas, se disant sûrement que si sa progéniture, ayant jadis été plutôt difficile au rayon de la fourchette, mange avec appétit, elle devrait aussi bien aimer son repas!  Après avoir bien rempli notre panse, nous décidons de bifurquer vers le zoo de Kunming pour passer une après-midi en compagnie des animaux exotiques chinois...



Pour ceux et celles qui ont déjà lu mon blogue, vous savez sans doute que les zoos chinois sont l'endroit par excellent pour être traumatisée et le zoo de Kunming ne fait aucunement exception. (...et je pense même que les cages sont encore plus étroites et moins bien aménagées que celles de Nanjing). En tout cas, vous n'avez pas vu le regard désespéré d'un animal tant que vous n'avez pas regardé dans les yeux d'un chameau ''djammé'' dans le coin de sa cage, sur l'asphalte, qui se dit que ce n'est pas ce qu'il avait imaginé quand on lui a montré les pamphlets dans son petit coin du désert du Sahara... mon dieu, ça me donnait réellement envie de courir partout et de libérer les animaux en masse, les jetant dans la faune chinoise de Kunming! ''RUNN!!! YOU ARE FREE!!! NOW SEEK REVENGE!!''. Bref, ça nous faisait quelque chose à faire et ma mère a pu vivre cette expérience particulière de première main, mais c'est vraiment la dernière fois que je vais à un zoo en Chine... c'est promis!

Enfin, nous sommes retournées à l'auberge où nous avons mangé une excellente pizza au four à bois, pour finalement terminer la soirée dans le parc illuminé par les lanternes et les groupes de danse nocture. En effet, les jardins du parc qui étaient, durant la journée, occupés par les groupes du troisième âge, grouillaient maintenant de femmes célibataires et de mères de famille venues se déhancher aux sons d'une musique indienne et suivant les pas de danse d'une ex-star du bollywood (et ici, je veux dire un homme...) plutôt convainquante! L'instructeur se dandinait de gauche à droite - telle la plus sensuelle des danseuses des mille et une nuit - au son aguichant des clochettes indiennes. Inutile de dire que malgré notre effort, nous n'aurions obtenu qu'un maigre C- à ce cours de danse impromptu... il y a quelque chose dans les gênes des Canadiennes qui fait que notre sensualité ne passe pas nécessairement par le mouvement de notre bassin... et ce n'était pas faute d'avoir essayé.

Finalement, nous avons terminé notre journée à Kunming en faisant un peu de shopping pour des bijoux locaux et c'est en cherchant des boucles d'oreilles que nous avons abouti dans une des boutiques les plus saugrenues... Après être entrée dans ce qui semblait être une bijouterie de luxe, ma mère s'est arrêtée net devant le présentoire (où se trouverait normalement les bagues et autres colliers), se tournant vers moi lentement et réprimant une sauvage envie de fou rire. ''Qu'est-ce qui se passe maman? Qu'est-ce que tu as vu?'', et elle de me répondre secouée de ricanement ''Andréanne... c'est (...) des roches!!''. Pardon?! Et bien oui, dans les magnifiques présentoirs en verre étaient exposées des roches.. maintenant, je ne peux malheureusement pas vous expliquer leur origine en raison de mes limitations linguistiques, mais certaines d'entre elles étaient vendues pour des montants chinois astronomiques... jusqu'à au moins 500$ du caillou! Probablement provenant du barrage des trois gorges ou directement du jardin de Mao...  Je peux déjà imaginer l'homme qui rentre chez lui avec la bonne nouvelle:

- ''Chéri, j'ai fait une folie!'', s'exclame-t-il.
- ''Ah oui?!?!'', de répondre la femme s'attendant au pire.
- ''Eh oui, je nous ai acheté une belle roche de ''(insérer ici l'origine de la garnotte...)'', annonce-t-il tout excité!
- ''Ahhhh...'', répond la femme perplexe, ''C'est super... j'imagine''.
- ''Mais il n'y a qu'un seul problème... en rentrant à la maison, je l'ai placée à l'extérieur dans l'entrée... avec les autres roches... et maintenant je ne sais plus c'est laquelle...''.

Et juste comme ça, nous avions trouvé notre but en Chine: Nous devions rapporter des roches des plus profonds confins du territoire pour les vendre à Pékin pour un immense profit... La richesse était aussi simple que ça!

Maintenant illuminées du secret de la fortune chinoise nous nous sommes couchées moins niaiseuses, comme on dit... ou du moins, moins niaiseuses du point de vue chinois! Au moins, jusqu'au lendemain où nous allions nous enfoncer encore plus dans le Yunnan, à 4 heures de route, jusqu'à Dali, la ville des hippies chinois!