Friday, May 18, 2012

''Wo men deng?''- On attend?

Assises dans un taxi quittant Hangzhou, nous sommes étonnées de voir que notre auberge tout près du lac se trouvait en fait à plusieurs kilomètres de la ville. Nous sommes maintenant entourées de gratte-ciel et d'autoroutes à perte de vue et le trafic se compacte. Pendant les trois derniers jours, nous étions dans une petite bulle de verdure aux abords des terrasses de thé, mais la portion urbaine de Hangzhou n'a rien à voir avec le petit havre de tranquillité recréé autour du lac. Wal-Mart, Carrefour, KFC, KFC, KFC... les grands magasins s'enchaînent alors que notre pilote de course (et chauffeur de taxi à temps partiel) s'impose dans le traffic déjà rapide de l'autoroute. Curieuse de voir si ma mère est inquiète, je me retourne dans mon siège et découvre qu'elle arbore un sourire nerveux en s'occupant à découvrir l'urbanité chinoise.. En fait, on dirait plutôt qu'elle fait la face de quelqu'un qui se trouve obligé de goûter quelque chose contre son gré pour faire plaisir à son amie - On essai d'être convainquant, mais dieu qu'on aimerait plutôt faire une solide grimace. Bref, je garde aussi les yeux sur la route, ayant perdu l'habitude de zigzager sur l'autoroute à 160km /h, et m'enfonce dans ma préparation mentale des prochains jours. C'est drôle, mais la conduite du chauffeur me fout la honte pour la Chine et on dirait que je trouve nécessaire de m'excuser auprès de ma mère pour la course folle. C'est un peu comme si je voulais absolument qu'elle aime la Chine autant que moi alors tout petit désagrément me fait inconsciemment sentir responsable.

Finalement, l'aéroport est en vue et je paie le chauffeur en le remerciant en mandarin de ne pas nous avoir tuées. Hé...Hé.. nous échangeons un rire gêné voulant dire pour lui: ''Et bien moi aussi je suis content de ne pas vous avoir tuées... ça a passé proche en maudit!'', et le mien exprimant plutôt ''Gros crétin, je n'ai JAMAIS dit à AUCUN moment, que nous étions...peut-être...presque...proche d'être en retard! Il n'y avait pas le feu!''. Bref, nous sortons soulagées du véhicule pour aller nous débarrasser de nos gros sacs à dos.

12h: Nous décidons de traverser la sécurité et d'explorer tranquillement les boutiques chinoises de l'aéroport. Boutiques de luxe, après boutiques de luxe, je me demande bien qui veut réellement acheter un ''vrai'' Sportsac ou un polo Lacoste, quand on peut en trouver des répliques parfaites dans pratiquement n'importe quel dépanneur. Il doit y avoir une dent de moins au crocodile sur le faux gilet. À mon avis, Ça fait cher de la dent...

13h: C'est presque le moment de l'embarquement alors nous nous dirigeons vers notre porte où nous remarquons que la chaleur ambiante est à peu près équivalente à ce qu'il fait dans une salle de bain après une longue douche. C'est collant, humide et mon imagination me torture en me disant qu'avec de l'air aussi épais, je respire et ''goûte'' probablement la transpiration du gars à côté. beurk..beurk.. BEURKKK!!! De mon côté aussi, je sue à grosses goûtes à travers mon t-shirt et rêve d'une bonne bouffée d'air frais. Je patiente difficilement... plus que quelques minutes de toute façon.

13h45: À 10 minutes du décollage, notre numéro de vol se met à clignoter sur l'écran et la préposée au guichet roule un grand tableau blanc en face de la porte. Elle se retourne et écrit en mandarin quel est le problème. Mon analphabétisme frustrant m'oblige à scanner la foule à la recherche d'une réaction des gens qui pourrait m'indiquer ce qui se passe. Mais non, la chaleur a assomé tout le monde et ils continuent à regarder leurs souliers, la mine abattue, comme si de rien n'était. À cette vitesse, on pourrait déclencher un incendie que ça se dirigerait len...te...ment vers les portes en discutant: ''Viens donc Paul... on doit sortir... y fait vraiment chaud'', ''Ouais..ouais...ouais... j'arrive... c't'y fait une chaleur quand même...et ce feu vraiment qui n'aide pas!''

13h55: Je prends la situation en main et me dirige vers la femme pour tenter d'éclaircir la cause du délai. En fait, ce qui m'inquiète vraiment, c'est de devoir trouver un autre vol pour Kunming si celui-ci est annulé et de devoir faire tout ça en chinois! Tout ça, c'est assez de matériel pour que je fasse des cauchemars jusqu'en décembre prochain! ''Wo men tu, bu tu? (Est-ce qu'on part? Pars pas?)'', je lui demande en penchant ma tête légèrement vers la gauche et levant mes sourcils pour confirmer le fait que c'est une question. ''Euhhmemum..meuuem...'' est sa réponse précise, laissant deviner qu'elle n'en a aussi aucune espèce d'idée. ''Wo men deng? (Est-ce qu'on attend?)'', ''Dui! Dui! (Oui! Oui!)'', affirme-t-elle finalement en hochant vivement de la tête. Attendre.... ok, je veux bien. Mais pour combien de temps!

14h20: N'ayant toujours pas dîné, notre estomac proteste vivement le délai et nous partons à la recherche de quelque chose à nous mettre sous la dent. Heureusement pour moi et mon tempérament nerveux en situation de stress (hum...hum... pour ne pas dire exécrable!), ma mère prend la nouvelle à la légère et m'encourage à voir le bon côté des choses.

---- Parenthèse ----- D'ailleurs, maintenant que j'y pense, je ferais un terrible médecin ''M'EN FOUS que vous ayiez mal à la jambe. C'ÉTAIT À VOUS NE PAS SAUTER AVEC CE FOUTU SKATE-BOARD DANS LES ESCALIERS GROS CON!'' ----- fin de la parenthèse -----

 ''Andrééééannnnee?'', me souffle-t-elle comme on le ferait à un enfant qui boude ''Devine ce que j'ai trouvé?'', ''meugrrrggerr...jesaispas..meruugrrrg'', je grogne silencieusement ''DE LA CRÈME GLACÉE HAGEN DAZ!''. Je bondis de ma chaise d'un seul coup et suis ma mère en sautillant jusqu'au comptoir. Il y a quelque chose avec la perspective d'une crème glacée qui me fait revenir à la vie et ramène ma bonne humeur ''LAlalalal.... hum... quelle saveur choisir...lalalalala... chocolat..ha...ha''. J'apporte précieusement les deux petits contenants à la serveuse qui me regarde et me dit avec un grand sourire: ''350 Yuan''...(Pppfffffffffff- ça, c'est le son de ma ''baloune'' qui se désouffle bruyamment). Ça fait 20$ du minuscule petit pot et chaleur, pas chaleur, retard, pas retard, OVER MY DEAD BODY! ''Meurggrreg... garde ton petit contenant à la con....merurguuguerru.... m'en vais me chercher un fruit....merrueugueug''. Nous retournons donc à nos sièges avec une prune et je me force à la déguster et à me dire que c'est bien meilleur que de la Hagen daz de toute façon. BON.

15h: Ma mère commence à écrire des notes sur nos péripéties dans un cahier et un vieil homme s'approche, curieux. Il la regarde tracer de parfaites lettres romaines avec un grand sourire. Il faut bien croire que c'est aussi impressionnant pour eux que ça l'est pour nous quand on voit quelqu'un écrire en chinois.

16h: La compagnie aérienne décide de nous distribuer une collation pour nous faire patienter alors nous récupérons nos deux paquets de biscuits ''Chip-a-hoy'' et nos canettes de jus d'orange. Disons que ça regarde plutôt mal...

16h15: Je me fabrique un éventail avec une vieille feuille de papier et procède et faire tourbillonner l'air fétide devant mon visage... ''Chhuuut imagination fertile... fais dodo''

16h20: Je repère un bébé sur le siège arrière et décide de jouer à ''Coucou'' avec lui.

16h25: Le bébé a chaud et commence à s'endormir au beau milieu de notre jeu.

16h26: ''NON, J'AI DIT QU'ON JOUAIT À PUTAIN DE COUCOU ALORS TU TE RÉVEILLES ET TU RIS, C'EST CLAIR!''.

16h27: ''Euh... désolé bébé... Non! Non, ne pleure pas, je te laisse dormir, c'est promis!''... bon, je devrais peut-être écouter un peu de musique...

17h30: Nous sommes finalement appelées à la porte et nous prenons le petit autobus qui nous amène à l'avion, stationné sur le Tarmac.

18h: Nous sommes assises, attachés et prêtes à partir, mais les hôtesses se mettent à distribuer les repas au sol. Mon imagination se réveille et se demande s'ils ne seraient pas en train de faire des réparations de dernière minute...

Bref, avec presque 5 heures de retard, notre avion quitte finalement Hangzhou en direction de Kunming, ses grands espaces et ses montagnes. Au départ, les passagers sont impatients et marabouts, mais quelque part au-dessus de Nanjing, les gens s'endorment et oublient le petit contre-temps. Je me réveille alors que nous amorçons notre descente vers l'aéroport et remarque le silence hors de l'ordinaire régnant dans la cabine pleine de voyageurs chinois. Tout à coup, comme si quelqu'un, quelque part m'avait entendu, le concert des téléphones cellulaires débute et des dizaines de voix résonnent dans la cabine dans un crescendo qui menace de me faire sauter un ÉNORME fusible. Ma mère qui voit la moutarde me monter dangereusement au nez, prend les écouteurs de mon Ipod et me les repositionne en flattant mes cheveux. Merci docteur Maman. ''Happy place... Happy place...''

La journée se termine comme elle a commencé: dans un taxi.  Alors que le conducteur nous guide dans la nuit humide vers notre auberge, je laisse l'air frais passant par la fenêtre fouetter mon visage endormi. Et c'est à ce moment précis, qu'un homme cours à toute vitesse vers notre véhicule, empoigne un pamphlet dans son sac en bandouilère, vise et me le tire en plein visage.

Bienvenue à Kunming!              

1 comment:

  1. Oh my GOD ! Le tract dans la figure, j'aurais pas aimé non plus !

    Ca me rappelle ma dernière heure sur sol chinois quand un %*£$¤ m'a regardée fixement et adressé un condescendant "rhâllôôô !"
    Je l'aurais décalqué sur le mur.

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