Friday, June 15, 2012

Xi'an: Prise d'otage à la chinoise

Pour la première fois dans l'histoire de mon blogue, je vais demander à ma mère de collaborer le récit de sa journée à Xi'an parce que de mon lit, je dois dire que je n'ai pas vu grand chose de mémorable. Une superbe bouteille de Gatorade sur ma table de chevet, mon vieux t-shirt humide et peut-être le contour de la toilette... mais ce n'est pas ce qui font les grandes histoires! Elle pourra donc vous raconter sa balade à vélo et ses impressions de la ville.

 (...) La journée de Christiane, à venir!

En fin de journée, nous n'avons d'autres choix que de quitter la chambre d'hôtel car notre vol de soirée pour Zhengzhou décolle dans quelques heures. Mais avant de prendre l'avion, nous voulons nous arrêter au Yangling Mausoleum car plusieurs guides touristiques l'annoncent comme un musée qui rivalise avec les guerriers de Xi'an. En fait, cette tombe est l'endroit de repos de l'Impériatrice Wang qui a aussi fait construire une véritable armée de petites figurines en terre cuite et d'animaux d'environ 1 pied chacune. Toutes ses statuettes sont cordées dans de petites tranchées et le musée permet aux visiteurs de marcher au dessus des fosses sur des planchers en verre. La visite en vaut véritablement le détour, mais sa distance avec le centre-ville en fait un endroit beaucoup moins prisé par les visiteurs. Le meilleur moyen de s'y rendre est donc d'aller directement à l'aéroport et de trouver un taxi sur place pour nous y conduire... plus facilement dit que fait en tout cas!
Nous nous débarrassons donc de nos gros sacs à la consigne et rejoignons les chauffeurs dans la lignée pour prendre le prochain véhicule disponible. Cependant, dès que je montre le nom de l'attraction au premier chauffeur, il me dit que nous allons devoir le payer 200 Yuan pour la balade en taxi! ''Ahhh.... you MUST be joking buddy!'', que je lui réponds en chinois. Quel usurpateur de première classe! Je regarde les autres chauffeurs pour en trouver un plus raisonnable, mais ils se sont clairement passé le mot! Personne ne bouge alors telle une fillette qui vient de se faire voler la meilleure partie de son lunch par le voyou de la classe, je décide d'aller ''le dire'' aux autorités. Si c'est une scène qu'ils veulent, c'est ce qu'ils auront! (ou un geyser de matière biologique dans leur pare-brise, gracieuseté de ma gastro qui pourrait bien se rendre utile pour une fois!)

À quelques mètres plus loin, je repère deux policiers qui s'occupent de la circulation et leur demande de bien vouloir m'aider. Notre conversation chinoise se passe comme suit:

- Ni hao, we go to Yangling Mausoleum. The taxi... they don't go... they say 200 yuan... Not ok! Please help!

Et j'accompagne le tout d'un généreux battement de cils qui me donne sûrement l'air d'un gros bovin malade, mais ça fonctionne! Le jeune policier m'escorte vers le même chauffeur et le force à nous conduire en me glissant une petite carte en mandarin dans les mains. Nous prenons place triomphalement dans le véhicule tout en regardant le chauffeur d'un air de dire ''AH! Dans les dents grosse nouille!''. Hélas, dès qu'il quitte le parking des taxis, il se met à marchander avec moi pour le prix de la course. ''Ok, 100 Yuan'', qu'il me lance d'un air de dire ''This is not over!''. Je tiens prise: ''No, meter.'' que je lui réponds en baissant moi-même la machine. Pendant qu'il manoeuvre dans la sortie de l'aéroport, j'observe la carte donnée par le policier en me demandant bien ce qu'elle veut dire?! D'un seul mouvement brusque, le chauffeur décide de me l'arracher des mains et la glisse dans la pochette de sa portière. Choqué, je lui ordonne de me la redonner. ''No, 70 Yuan!''. Ohhhhhh buddy... tu n'as pas choisi la bonne fille malade pour jouer à ça! Je l'ignore et regarde à l'avant.

Pendant tout ce temps, ma mère commence à s'inquiéter qu'il va nous déposer au beau milieu de la desserte de l'autoroute où il conduit comme un débile mental pour nous donner une bonne frousse. À ce moment de la journée, il n'y a pratiquement aucun autre taxi sur la route et la possibilité de nous retrouver à pied dans les champs n'en tient qu'à la volonté du chauffeur agité. Il continue à tenter de me faire accepter un prix - je joue à la sourde d'oreille, tout en me concentrant pour ne pas renvoyer dans son taxi... remarque que ça lui ferait probablement une bonne leçon! Quelques minutes plus tard, alors qu'il conduit dans la voie inverse face à une voiture, une idée de génie traverse mon esprit. En faisant de grands mouvements exagérés, je sors ma caméra de son étui, ajuste le focus et prends plusieurs photos de sa licence accrochée sur la boîte à gants. ÇA, il comprend et il fait immédiatement ralentir le véhicule. Nous ne sommes tout de même pas à bout de nos peines, car je n'ai aucune idée où nous allons et il peut très bien décider de conduire jusqu'au centre-ville et de retour au musée pour faire monter le prix sur le compteur. Je scrute les pancartes de l'autoroute pour trouver un indice de notre position, mais rien n'est vraiment très clair.

Dix minutes plus tard, il tourne sur les chapeaux de roues dans le stationnement du musée et s'arrête dans un nuage de poussière devant la porte. Je regarde le montant sur le compteur et sors lentement les billets alors que son regard furieux perce des trous dans le côté de ma tête. Avant de lui remettre le prix de la course (30 Yuan pour votre information...), je pousse ma témérité à lui demander ma petite carte qu'il garde en otage, me doutant bien qu'elle a une quelconque importance et qu'il vaut mieux lui donner encore plus la frousse qu'il aura une plainte à son dossier... Ça le fera réfléchir à deux fois avant de flouer d'autres touristes! Saines et sauves (mais avec tout de même une bonne frousse) nous quittons le véhicule en vitesse et remarquons que le chauffeur stationne son véhicule quelques mètres plus loin... attendant probablement notre sortie pour que nous le suppliions de nous ramener à l'aéroport. Il n'est pas fou et cet endroit reculé est l'emplacement idéal pour prendre au piège les touristes avec une grande gueule qui espèrent se tirer honorablement d'une mauvaise situation. Il sait très bien que s'il attend quelques heures, il pourra nous charger un montant astronomique pour que nous retournions à l'aéroport à temps pour notre vol...

C'est donc avec ce nuage noir planant au dessus de notre tête que nous allons explorer le musée. Tel que promis, l'attraction en vaut véritablement le détour et l'éclairage tamisé (pour ne pas dire complètement noir sauf pour quelques spots à des endroits stratégiques) de l'exposition, nous donne l'impression de faire partie des artefacts de la tombe. En marchant sur les planchers de verre, nous avons une vue plongeante sur les statuettes et l'attention portée aux petits détails en est presque lugubre. Le clou du spectacle est un court film où des hologrammes (Oui! Oui! Comme dans les films de science-fiction!) nous racontent la montée au pouvoir d'une jeune concubine ayant gravi les rangs de l'autocratie chinoise, envers et contre tous, pour finalement devenir la seule impératrice de toute l'histoire de la Chine et régner sur l'entièreté du territoire pendant un demi-siècle! Ce musée est donc son tombeau mais aussi le témoignage de sa montée fulgurante au pouvoir. Le spectacle a lui seul est incomparable et laisse présager la qualité de divertissement qui sera bientôt à nos portes... oubliez les films en 3D, c'est déjà désuet!

Une tranchée vue du plancher de verre

Quelques statuettes et des animaux

Les archéologues au travail
Malheureusement, notre visite tire à sa fin et c'est sans aucune autre option, que nous quittons le lieu d'exposition pour tenter de retourner à l'aéroport. Comme de fait, le conducteur vindicatif nous attend toujours et nous décidons de marcher une bonne centaines de mètres pour tenter notre chance et trouver un autre conducteur un peu plus loin.  La chaleur de fin d'après-midi est lourde sur mon corps qui combat toujours sa gastro et j'ai peur de manquer d'énergie pour livrer une dernière bataille... si nécessaire. C'est ma grande gueule qui nous a mis dans cette situation et je compte bien nous en sortir de la même manière! Plus loin, nous repérons un jeune homme qui surveille l'entrée du bâtiment d'archéologie et je lui demande s'il peut nous aider à trouver un taxi. Contre toute attente, il nous indique de le suivre et nous reconduit à pied... jusqu'à l'entrée du musée! Merrrrrrdeeeeee.

Rendu là, il apostrophe un autre conducteur qui attend, près de son véhicule, ses clients qui explorent le musée et lui demande de bien vouloir nous amener à l'aéroport. Ne voulant pas trop pousser notre chance, nous nous entendons sur un tarif de 50 yuans et c'est bien soulagée que nous montons dans le véhicule, laissant derrière nous le chauffeur frustré qui n'aura pas la satisfaction de nous escroquer quelques centaines de yuans. Étrangement, dès que le véhicule est en marche, je remarque qu'il n'a pas arrêté le compteur et que les pauvres touristes qui regardent l'exposition sans se douter de rien, devront payer pour notre course à l'aéroport dans leur tarif... oups. Leçon bien apprise, si vous demandez à un taxi de vous attendre à la sortie d'un lieu touristique, assurez-vous de bien prendre en note le montant sur le compteur avant de partir visiter!

Finalement, tout est bien qui finit bien! Nous prenons notre vol pour Zhengzhou quelques heures plus tard, classant dans ''expérience de vie durement apprise'' notre mésaventure de la journée. Je laisse donc à Xi'an tous les mauvais souvenirs de ma violente gastro et espère retrouver un peu de mon entrain à Shangqiu! Plus que quelques heures avant de voir Shannon et Brett, de refouler les terrains connus de l'Université... et de manger le meilleur poulet Kung-Pao de toute la Chine!


 N.b: Mesdames, je vous implore tout de même de faire preuve de prudence lorsque vous voyagez seule... je vous déconseille fortement de tenir tête à quelqu'un si vous vous retrouvez dans un endroit isolé ou que l'individu en question semble particulièrement agressif. Quelques yuans de plus ne feront jamais une grande différence pour vous, mais personne n'est à l'abri de mésaventures dangereuses. Heureusement pour moi, mes gênes m'ont dotée d'une carrure me permettant d'épauler (héhé...pun!) ma grande bouche, et nous étions tout de même en avantage numérique! ... Ceci dit, les touristes méritent quand même de se faire traiter avec respect et équité et c'est notre responsabilité d'enrayer les arnaqueurs quand l'opportunité se présente!          

Xi'an: Adieu monde cruel!

Un vrai déjeuner de champion nous attend au restaurant de l'auberge de Xi'an au matin de notre visite de l'armée de guerrier: des oeufs, des toasts, du bacon et même quelques pommes de terres bien grasses. Au diable les calories, nous avons bien besoin de reprendre un peu de forces après notre jeûne forcé de Lijiang. En terminant de lécher la dernière goutte de gras de patate sur ma fourchette, j'en profite pour partager avec ma mère l'itinéraire de la journée. En matinée, nous irons voir les guerriers et nous passerons l'après-midi à faire du vélo autour des fortifications de la ville. C'est un plan gagnant - il a été testé en mai 2011 par votre plus humble serviteur et je mets au défi n'importe qui de ne pas tomber amoureux de Xi'an après une telle journée!

Presque trop facilement, nous nous glissons dans un autobus à deux étages pour rejoindre la station de train de la ville et observons avec émerveillement alors que le véhicule emprunte le rond-point qui tourne autour de la Drum Tower. Le carrefour giratoire à 4 voies n'est pas sans rappeler la route autour de l'arc de Triumphe, oùla confusion semble moins flagrante car les voitures ne doivent pas couper 4 lignes de trafic, 2 rangées de bicyclettes et 5 gendarmes qui font la circulation pour sortir! Finalement arrivées à la station de train, nous coupons la foule de voyageurs qui se font dorer au soleil pour marcher jusqu'aux autobus. Entre le McDonald sur le coin, la station de train et les arrêts d'autobus, ce petit square public est bondé et chaque centimètre est occupé par un ouvrier chinois crado en chienne de travail appuyé sur son gigantesque sac de ... euh ... aucune idée, mais ça semble être une ex-poche de riz format Costco, remplie à capacité de quelque chose de léger. (Naik, des idées?!). Bref, ce n'est que lorsque je me mets véritablement en mouvement que je réalise qu'une barre imaginaire traverse mon estomac et m'empêche de rester confortablement à la verticale. Quelque part, quelque chose ne passe pas et mon petit déjeuner est véritablement pris dans le trafic beaucoup trop loin de mon estomac pour que ça soit sécuritaire. Afin de rester debout,  je dois légèrement sortir les fesses et plier mon dos, pour ne pas que mon corps décide de tout réexpédier d'où ça vient!

Alors que j'explique à ma mère le chemin à emprunter pour nous rendre aux guerriers, j'entends une petite voix murmurer silencieusement dans ma tête: ''Ohhhh tu l'as attrapé.... ça s'en vient!''. Et moi de répondre: ''Non... NON... JE REFUSE... la semaine prochaine ok, mais là j'ai pas le temps!!!'', mais ai-je vraiment mon mot à dire dans tout ça!? Nous regardons le paysage par la fenêtre du bus alors que nous quittons rapidement le centre-ville de Xi'an. Les guerriers se trouvent environ à 1h d'autoroute à l'Est de la ville alors nous en avons pour un bon petit moment à nous faire bardasser sur le siège arrière. Rebondissant sur notre vieille banquette au rythme du moteur, je décide d'utiliser intelligemment ce temps pour vaincre la maladie par la pensée. C'est simple, je refuse tout simplement d'être malade, mais je n'ai pas affaire à une simple grippe de faible, mais bien à une gastro évolué qui vit et se nourrit de mon système immunitaire depuis maintenant quelques jours... Je n'ai aucune chance.

Après ce qui semble être une éternité, nous arrivons aux guerriers et profitons du calme matinal pour faire le tour du site. Ma mémoire ne m'a pas joué de tours, c'est aussi magique que ce dont je me souvenais et encore plus impressionnant. C'est agréable de pouvoir commenter ce que nous voyons ensemble et regarder chacun des petits détails. Cependant, quelque part près du 2e ''pit'', la barre que j'ai dans l'estomac m'assène un gros coup de poing dans le ventre me forçant à me plier en deux devant la balustrade. J'encourage ma mère à continuer sa visite alors que je trouve un petit banc pour me replier sur moi-même avec un minimum d'effort. Je dois me rendre à l'évidence: ''Ça s'en vient... et vite!''. Après avoir observé les ruines, ma mère me rejoint pour évaluer l'ampleur de ma propre décomposition et nous concluons que la visite se terminera en vitesse.

Lorsque nous sommes finalement dans la plus grande salle avec tous les guerriers, je n'arrive qu'à faire quelques pas avant de devoir me plier en deux pour atténuer les crampes. Sérieusement, je commence à croire qu'un petit Alien chinois va se pointer par mon nombril d'une minute à l'autre! (Vous l'imaginez sortir d'un seul coup de mon ventre, crier ''Ni HAO!!'' et s'échapper à travers la foule sur ses petites jambes... classique). En tout cas, nous observons pendant de très longues minutes chacun des guerriers, ma mère se forçant pour ''faire ça vite'' alors que de mon côté, j'endure du mieux possible en silence pour lui permettre d'apprécier son expérience. Heureusement pour moi, ma mère vient de vivre cette maladie bleue alors elle comprend ce que je vis et avant qu'elle ne doive me porter jusqu'à l'auberge, nous sommes en route vers l'autobus.

 ---------------------------------------- parenthèse ''trop de détails'' -----------------------------------------------

Avant d'écrire mon blogue, je me suis promis de raconter du mieux possible nos épisodes respectifs de gastro, partageant un nombre égal de détails... car avouons-le, c'est quand même cocasse, mais maintenant que j'ai tout dit sur ce qui s'est passé avec ma mère... il ne me reste aucun autre choix que de...
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''Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh.... maman, je te retrouve tantôt'', ai-je à peine le temps de crier alors que j'effectue un sprint vers la salle de bain publique. Heureusement pour les buissons avoisinants, je sais où se trouvent les toilettes et j'enfonce la porte de la première cabine (Dieu merci, il n'y a personne à l'intérieur) alors que mon ''Dedans'' se transforme (très) rapidement en ''Dehors''. Pendant quelques minutes, je ne suis même pas certaine d'être encore humaine alors que des sons terrifiants sortent de ma gorge et que je fais la meilleure immitation de Linda Blair de l'Exorciste jamais réalisée. Soyons honnêtes, même avec un habit complet de peintre, un capuchon et des lunettes de protection, ça ne serait pas suffisant pour gérer ce qui se passe dans cette cabine! (''Yark'', vous dites? Oui, oui, je sais... j'y étais!)

Avec la même expression qu'un apprenti gardien de zoo qui nettoie pour la première fois la cage des éléphants, je sors traumatisée de la salle de bain pour trouver ma mère qui relaxe près de la fontaine du site. ''Alors...?'', me demande-t-elle inquiète. ''Ouf crois-moi maman, tu ne veux pas savoir!''. Elle me tend MA bouteille d'eau et nous continuons notre marche vers le véhicule alors que la réalité du trajet jusqu'à la maison commence tranquillement à me rejoindre. Une heure... dans un autobus qui brasse... avec la gastro... FML!

À notre grande surprise, le bel autobus climatisé, que nous avions pris pour arriver au site le matin, ne se trouve pas dans le parking et à sa place est stationné un très très vieux véhicule chambranlant qui récupère les touristes pour Xi'an. Au risque de vous surprendre (!?), je n'ai pas TELLEMENT envie d'attendre pour un autre moyen de transport alors nous prenons une chance pour revenir en ville le plus rapidement possible. Optimiste, je me dis que la majorité du contenu de mon estomac... n'est plus dans mon estomac... alors nous devrions être bonnes pour éviter les arrêts en chemin... mais c'est ma conclusion AVANT d'être témoin de la conduite du chauffeur. À tous les dix mètres, il s'arrête d'un coup sec pour apostropher n'importe quel passant et lui demander s'il veut aller au centre-ville: Les enfants qui marchent le long de la route, les pépères qui jouent au Majong, les familles en scooter, le paysan dix kilomètres plus loin dans son champ... personne n'évite la vente à pression de notre joyeux conducteur qui tente sans succès de remplir le véhicule. Chaque arrêt me projette dans le banc en face et fait danser le peu de liquide que j'ai réussie à absorber depuis mon dernier ''arrêt pipi''. Pendant ce temps, ma mère s'amuse avec une petite fillette chinoise qui voyage avec ses parents et qui se demande sûrement pourquoi ''l'étrangère à gauche est verte?!''. À grands coups de respiration profonde, je gère chacun des soubresauts du véhicule, mais quand finalement Xi'an est en vue, c'en est trop et je me vois forcée d'utiliser mon petit sac en plastique de take-out que je traînais dans ma poche depuis les guerriers. GRRRRRRRRRRREEEATT... je pense d'un seul coup en tentant de faire tout ça silencieusement... malheureusement, cette fillette se souviendra longtemps de sa rencontre avec les étrangères...

Au moment de quitter le véhicule, je me retiens de toutes mes forces pour ne pas balancer mon sac de... vous savez quoi... à la tête du conducteur et suit ma mère jusqu'à un autre autobus de ville pour retrouver mon petit lit de l'auberge. À ce moment-ci, je vois pratiquement des points noirs partout et je traîne difficilement mes espadrilles le long de la rue qui longe les fortifications de Xi'an. Disons seulement qu'heureusement que c'est ma mère qui a été malade dans le Tiger Leaping Gorge, car voyant ma réaction à la maladie, j'y serais encore couchée en position foetale, le long d'une roche, à attendre la mort.

La gastro chinoise ce n'est vraiment pas matière à rire et je me glisse entre les couvertures de mon petit lit de douleur en imaginant difficilement qu'il y aura des jours meilleurs. ''Bon Andréanne, je vais faire du vélo. On se voit tout à l'heure?!'', m'informe ma mère soulagée de m'avoir menée à destination en un seul morceau mais quand même pressée d'aller explorer la ville. Je ne peux quand même pas lui en vouloir, je vomis beaucoup trop régulièrement pour être d'agréable compagnie en ce moment! ''Ohhhh oui... ne t'inquiète pas, je ne bouge pas...'', que je lui réponds faiblement en tirant le drap sur ma tête.

Au moins, si on peut donner un compliment à ma maladie, c'est qu'elle semble avoir un bon sens du timing, car je ne manquerai rien à Xi'an que je n'ai pas déjà vu. ''Il y a au moins ça...'' que je me dis pour me consoler en m'endormant finalement... 

Tuesday, June 12, 2012

Lijiang - Xi'an... c'est aussi facile que ça!

C'est bien beau Lijiang et ses cow-boys, mais selon l'horaire que nous trimballons dans notre sac à dos, notre dernière semaine nous amènera à l'est du pays (Xi'an, Shangqiu, Pékin) et nous nous voyons obligées de passer la journée suivante dans les transports. Dans un film d'action, on verra une belle carte de la Chine et un petit avion qui parcours tout le pays sur un trait pointillé (et je vous invite fortement à vous l'imaginer de cette manière, c'est beaucoup plus poétique), mais malheureusement pour nous, pour mettre les pieds à Xi'an, il faut quitter Lijiang à l'aube, prendre un vol jusqu'à Kunming... puis un autre vol jusqu'à Xi'an et ensuite trouver le centre-ville en autobus. Et tout ça en une seule journée... OUF! Au moins, on ne pourra jamais me reprocher de ne pas avoir maximisé notre temps en voyage! Un peu plus et les arrêts-pipi seront chronométrés et catalogués sur un ''spread-sheet'' Excel! 

Bref, je vous épargne les détails qui sont, pour une fois, sans rebondissement et vous donne les grandes lignes:

- Kunming: Toujours aussi paradisiaque... même après avoir passé une heure à zig-zaguer à pied dans le parking de l'aéroport pour trouver la sortie et un petit restaurant pour dîner. Moi: Une grosse assiette de porc épicée, du riz, du cola. Ma mère: Du riz... mais la digestion est maintenant à sens unique alors nous sommes sur le chemin de rémission!

- Xi'an: Dès notre sortie de l'aéroport, nous trouvons un autobus qui nous déposera en plein milieu du centre-ville alors sans trop d'efforts nous suivons la foule jusqu'à l'intérieur du véhicule. Ma mère, qui vit son premier contact avec la Chine reculée (et c'est quand même Xi'an... donc pas trop rustique) reste sans voix devant l'étendue sans fin de blocs appartement en constructions. À gauche, à droite, devant nous... l'horizon est obstruée par les grues et camions qui se démènent pour ériger le 1000e bâtiment qui restera sûrement vide pendant plusieurs longues années. La campagne chinoise vit un boom immense dans l'immobilier, mais l'influence traditionnelle voulant que toute la famille habite sous le même toit familial empêche les jeunes couples de prendre leur propre logis. À cette vitesse, l'économie roule, car les gens travaillent, mais rien ne se vend et rien ne s'occupe!

(Si le sujet vous intéresse, jettez un coup d'oeil à un article que j'ai écrit pour LaPresse:  http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201109/03/01-4431384-le-fosse-selargit.php ... pardon pour la ''plogue'' mais c'est exactement ce qui se passe à Xi'an!)

En chemin, nous aperçevons plusieurs accidents (camion vs camion, voiture vs camion, autobus vs vélo... c'est sans fin!) et sommes un peu surprises de finalement trouver l'endroit où la conduite des gens ne semble par avoir d'homogénité dans sa nulité! Je sacrifie donc un peu de ma popularité au profit de la dure vérité, mais appelons un chat, un chat: Les vrais chinois sont à chier au volant! Généralement, ça circule dans l'harmonie car tout le monde baigne dans le même niveau de conduite poche (on s'évite, on monte sur le trottoir, on ferme les yeux), mais à Xi'an, on dirait bien qu'il y a une nouvelle mutation d'encore PLUS mauvais conducteurs qui percutent les mauvais conducteurs de première génération à tous les coins de rues! Avec leurs cellulaires, Ipod, Iphone, Ipanda, ils ajoutent un autre niveau de difficulté à leur maîtrise chambranlante du volant, alors tout le monde... entre dans tout le monde! Bref, ne conduisez jamais à Xi'an et placez toujours près de la rue la personne que vous aimez le moins dans votre groupe lorsque vous marchez sur le trottoir! 8 fois sur 10, elle recevra une Honda en plein visage!

C'est donc après avoir longé le mur de la ville que nous avons trouvé notre auberge: Le Xi'an International Youth Hostel est une très grande bâtisse avec une impressionante cours intérieur et un grand bar. Mon retour à Xi'an semble marquer le début de la partie ''Nostalgie'' de mon voyage, car tous les souvenirs de ma visite avec Adam me reviennent en foulant les rues de la métropole. L'an dernier, nous étions en chemin vers Huangshan et prêt à tout pour faire de notre visite un moment extraordinaire. Cette fois-ci, la pression n'est pas la même, car je sais que l'Armée de guerriers en terre cuite saura impressionner ma mère peu importe ce que nous avons à l'horaire pour le reste de notre séjour... et ça tombe justement très bien, car je commence vraiment à avoir chaud et étrangement un peu de sueur froide perle sur mon front...

Thursday, June 7, 2012

Lijiang: Huuu cocotte!

Par un quelconque miracle de Buddha, le lendemain de notre randonnée, ma mère se réveille dans son (notre) petit lit de Lijiang et a retrouvé un peu de couleurs! La faim qui l'avait abandonné depuis quelques jours tenaille maintenant avec vigeur son estomac et nous sautons sur l'occasion pour débuter notre exploration des ruelles de la ville.

--------------------------------------------- Parenthèse culinaire ---------------------------------------------------
Vous savez, ce qui est le plus frustrant lorsqu'on est malade en Chine... bien entendu, autre que d'avoir une attaque de gastro explosive dans un moyen de transport (ou dans la rue... ou partout qui n'est pas la toilette de votre hôtel)?  C'est que bien souvent, on aurait seulement envie de manger un bon bouillon de poulet ou quelques biscuits sodas... ou pour les téméraires, des biscuits sodas écrasés DANS le bouillon de poulet, mais la réalité de ce qui est disponible à nous mettre sous la dent nous fait instantanément revenir sur terre avec violence... et retourner se coucher en boule sous les couvertures, en se demandant qui a bien eu l'idée saugrenue de sortir manger! ''Arrgg... peut-être en 2013'', s'écrie notre pauvre corps qui pense ne jamais pouvoir regarder un autre stir-fry avec appétit et vivre une vie qui ne consiste pas entièrement à observer sa triste réflection dans l'eau de la cuvette de toilette! Évidemment, si on est vraiment très fort en mime culinaire (et peu de gens qui se respectent le sont...), on peut toujours demander les nouilles au poulet.. sans nouilles... ni poulet... mais les chinois refusent habituellement de faire des subtitutions. Je ne crois pas vraiment que ce soit par un soucis épicurien puriste, mais bien que d'expliquer au chef de NE PAS mettre l'ingrédient en question est beaucoup plus compliqué que de vous le servir tel quel, comme si de rien n'était, en vous promettant de l'avoir enlevé... ''Pffff'', se dit le Chef Boyardee chinois devant son Wok, ce n'est pas comme si des arachides ou des fruits de mers pouvaient vraiment tuer quelqu'un non?!

Et par soucis de vous rapporter TOUTE la vérité, il m'incombe aussi la lourde responsabilité d'annoncer aux végétariens qui pensent avoir évité la viande en Chine qu'ils doivent aller se flageler avec du céleri dans leur cuisine, car ils ont, sans aucun doute, goûté au fruit (ou à la viande dans ce cas-ci) défendu. Tout (et je dis bien TOUT!!) est cuisiné avec de la viande, son jus ou ses enfants et ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de morceaux de chair flottant dans votre bol, que c'est certifié végé! Mais les véritables végétariens savent sûrement déjà tout ça, non? Ils sont comme ça les végés... ils SAVENT des choses qui nous ne savons pas... mais bon, trève de digression!

BREF, cette très longue parenthèse a pour but de vous faire comprendre que même si on était parti avec l'idée de tout goûter, de tout essayer et de conserver une témérité gustative tout au long du voyage, lorsque la faim commence sérieusement à se faire ressentir parce que ça fait trois jours qu'on mange du bout des lèvres différentes viandes mystères, on commence à vouloir envoyer chier sérieusement notre conscience, costumée en Scout, qui nous rappelle de garder ''l'esprit ouvert mon ami!''.... Et c'est généralement cinq minutes plus tard que le voyageur se retrouve à commander un Big Mac et un McFlurry, se promettant d'essayer plus fort le lendemain.

------------------------------------------- Fin de la parenthèse culinaire ------------------------------------------

Il n'est que 8h lorsque nous quittons la chambre alors il n'y a que très peu d'activité autour de nous; la majorité des boutiques noctures sont toujours fermés et attendent l'arrivée des hordes de touristes en autobus pour sortir leur marchandise. Mais c'est exactement ce qu'il nous faut: Du calme, de l'air frais et une petite promenade sur les rues pavés! Et pas... trop... vite, car nos jambes diggèrent encore avec difficulté le Tiger Leaping Gorge.



En grignottant chacune une galette de riz chinoise, nous découvrons peu à peu de quoi est composé la ville de Lijiang et à en juger par les boutiques, les gens veulent manger, boire, acheter des souvenirs Naxis (la minorité locale) et ... jouer du tam-tam?! En effet, à chaque trois ou quatre magasins, des petites boutiques aménagés de divans comfortables et de posters de Bob Marley se remplissent de chinois excités qui tappent à interval régulier sur les tambours en suivant leur instructeur - qui semble le plus près d'un hippie chinois que nous aurons la chance de voir. Bien entendu, les hippies chinois sont - comme tous les représentants des contre-cultures au pays (Gothique, Punks, Metals, etc) - pas trop convaincu d'à quel point ils veulent embarquer dans le mouvement et toujours à une cravate près de réintégrer leur cubicule! De toute façon, leur grand-mère n'accepterait jamais de les voir se promener avec des Dreads ou de s'exprimer par leur pilosité faciale alors ils se donnent à fond dans les t-shirts ironiques. Des enfants qui pissent sur des icônes chinois, aux slogans incitant les femmes à retourner dans la cuisine, jusqu'aux bonnes vieilles photos de Mao... de Che Guevara en Mao.... de Staline en Mao... et d'Obama en Mao! (Je suis certaine que sur l'Ipod chinois il y a une application pour ''Mao-iffier'' une de vos photos personnelles... ou sinon pas touche, c'est mon idée!) Bref, ces petits ''jams'' impromptus semblent faire le bonheur des touristes qui tapochent tous tranquillement au rythme de la musique lente qui se fait entendre dans toute la ville:

''Linda, Linda, Linda, Linda.... Linda, Linda, Linda, Linda.... etc''. Au risque de vous décevoir, ce n'est malheureusement pas ''Linda'' que la chanteuse fredonne, mais ça sonne exactement pareil et ma mère et moi nous amusons à embarquer dans le karaoké chaque fois que nous entendons la mélodie! La première fois, c'est vraiment drôle... et peut-être même jusqu'à la dixième fois... mais quand ça fait 3 heures que nous entendons la même musique partout en tournant en rond dans les petites ruelles de la ville, nous commençons à soupçonner que quelqu'un...quelque part, mène un complot pour nous rendre folles!  À chaque coin de rue: ''Linda..linda'', dans les restaurants: ''Linda.. Linda'', à ce point, entendre les trois premières notes de la berceuse est suffisant pour me faire entrer dans une frénésie alors que je dévale en courant à toute vitesse jusqu'à l'autre bout de la rue pour fuir la chanson #1... du Top 1 de Lijiang!

Notre fuite nous mène finalement au square principal de la ville où les touristes fatigués (ou perdus...) de leur promenade dans le labyrinthe viennent se reposer un peu et observer les femmes Naxis en costume traditionnel. Si je peux faire une comparaison grossière pour vous donner une meilleure idée, je dirais que les habits naxis ressemblent à ce que portent les péruviens: De long châles multicolores, des petites bottes de Troll pointues rouges, des bijoux en argent tappe à l'oeil... mais ce qui attire véritablement mon attention, ce sont les hommes! Devant nous, gallopent à toute vitesse, un groupe de cow-boys chinois sur leur chevaux, emmitouflés dans une grosse veste en fourrure de Yak et brandissant dans les airs leur carabine. Ils effectuent quelques cercles autour des touristes bouche-bée avant de descendre de leur bête et de s'installer pour faire un peu d'argent. Pour 5 yuan, les curieux peuvent emprunter le costume des hommes, enjamber la bête et prendre une pose de guerrier redoutable pour la caméra.

Si je voulais vraiment conserver un minimum de dignité, je vous dirais que j'ai regardé sagement à distance les nombreux touristes prendre des photos... mais ce serait vous mentir! Je ne pouvais quand même pas manquer l'occasion de poser comme un véritable cow-boy chinois alors j'ai aggripé la veste de Yak, troqué le coquet chapeau de cow-boy pour un ''cass'' de poil odorant traditionnel et brandis la carabine en l'air comme si je venais d'abattre à moi seule un troupeau entier de bêtes sauvages. Voici les preuves...


Après autant d'émotion, nous sommes allés manger une bouchée à ''N's Kitchen'' et je laisse les photos parler d'elles-mêmes. Si vous êtes à Lijiang, c'est à ne pas manquer!


Et ma mère qui enfourne tout ça en disant: ''Kin maudite gastro, prend ça!''

C'était donc la fin de notre journée à Lijang et après l'effort physique, la maladie et une généreuse dose de grand air, nous étions véritablement prêtes à quitter le Yunnan et à se rapprocher de notre but final de Pékin. Mais pas avant un petit retour à Shangqiu...