Monday, November 5, 2012

Numéro 6: De l'art à perte de vue

Disons qu'il est plutôt difficile à manquer... Gigantesque, gris, affublé de dizaines de colones romaines et dominant le côté droit de la place Tian'an men, le Musée National de Chine remplit son mandat du ''plus gros musée du monde'' (... on parle ici de la superficie, car le nombre de visiteurs présent ressemble plutôt à un mercredi matin au Louvre alors que la Mona Lisa est retirée car elle se fait retoucher les grains de beautés). Qu'à cela ne tienne, ce qui est important pour le gouvernement chinois, c'est de pouvoir dire qu'ILS ont LE plus gros musée du monde ... pour ensuite ajouter en chuchottant ''en pieds carrés''. Bref, il pleut à Pékin et nous sommes extrêmement curieuses de voir ce qui aura été officiellement choisi pour représenter l'histoire de la Chine. Notre intuition nous dit qu'il y aura ÉNORMÉMENT d'artéfacts du temps où les baguettes étaient sculptés à même le tronc de l'arbre du jardin et qu'il manquera probablement ...comme par hasard... quelques petits détails de 1960 à 1975, vous savez pendant l'époque où la Chine entière utilisait ses oeuvres d'arts inestimables comme naperons et égalisateurs de tables bancales...



 Cachées sous nos parapluies, nous avons donc fait la file pour parader sous les détecteurs de métaux de l'établissement et enfin entrer dans le gigantesque vestibule. Pour ce qui semblait des kilomètres, le long corridor de l'entrée du musée s'étallait à perte de vue à notre gauche et à notre droite. Il m'a fallu tout mon petit change pour me retenir de faire mon meilleur cri de faucon pellerin afin de tester l'écho des plafonds cathédrales d'au moins une trentaine de mètres. Un peu plus et nous étions dans le terminal de l'aéroport tant la déco ''urbaine/on a pas eu le temps de peinturer le béton'' était des plus froides et des moins invitantes. Le sentiment général conféré par l'architecture semblait vouloir avertir le touriste qu'il ''allait apprendre des choses... mais qu'il n'allait pas nécessairement s'amuser en le faisant''! Bref, un peu comme quand votre école fait une sortie aux archives nationales ou dans la fabrique de pâtes et papiers. Ah pour être éducatif, c'est éducatif!

Après s'être emparrés d'une carte, nous nous sommes arrêtés quelques instants pour consulter la liste des expositions disponibles: La Chine ancienne, Le Jade, La Porcelaine chinoise, La Monnaie, Peintures classiques de la Chine ancienne, etc. mais mon dévolu s'est plutôt jeté sur ''Les Grandes Oeuvres d'Arts modernes''. Ah c'est là que nous allions pouvoir examiner les divers visages de Mao immortalisé faisant des ''byes-byes'' à une foule en délire, des travailleurs heureux de leur sort labourant les champs avec un énorme sourire aux lèvres et sûrement deux ou trois images de soldats japonais commettant des crimes inexcusables!  Un peu au hasard nous avons commencé à déambuler dans les diverses salles d'expositions, lisant quelques pancartes au passage et examinant des centaines de cuillières en cuivre. Question légitime me venant suite à la vue de toute cette coutellerie: Après combien de centaines d'années ont-ils conclu que ça ne ''pognait'' pas trop dans le coin?! Notre exploration a continué de salles en salles, nous émerveillant devant les sculptures en 3D sur le bois et les peintures classiques chinoises. À notre grand désarroi, plusieurs salles d'expositions étaient en ''construction'', mais les touristes présents ne semblaient pas trop s'en formaliser. En fait, la plus grande partie du spectacle se passait à l'extérieur des salles où les familles chinoises se réunissait pour prendre une collation entre deux visites. Des bols de soupes, aux pépés qui somnolaient tranquillement, les gens semblaient beaucoup plus intéressés par le contenu de leur sac d'épicerie que par la pièce de monnaie trouvé dans la craque du divan de Confucius.


Finalement, nous sommes allés voir les Grandes Oeuvres d'Arts Modernes pour découvrir une exposition de peinture du 21e siècle impressionnante. Évidemment, ce n'est pas là que nous allions vraiment ''apprendre'' quoi que ce soit sur l'histoire récente de la Chine, mais les différents tableaux de scènes historiques étaient incroyables.  Usant du stratagème subtil datant de la création de la caméra (vous savez ce moment célèbre peu connu où l'inventeur du kodak a voulu prendre une photo en cachette d'une belle femme et qu'il a eu la géniale idée de demander à son ami de s'installer juste devant elle...), ma mère a même réussie à immortaliser illégalement le grand tableau de Mao qui trône au centre de la pièce!


C'est donc après avoir pris plusieurs photos dans les multiples corridors vides de la bâtisse que nous avons conclu notre tour. Le Musée National est sans contredit gigantesque et regorge d'objets impressionnants, mais je crois que je préfère les expositions offrant une approche plus ludique à l'information. L'atmosphère aseptisé et sans fla-fla m'a rendu nostalgique des bons vieux tippis et des indiens en cire, qui vous font des ''Ta-tas'' de leurs canots du Musée de la civilisation d'Ottawa....