Monday, November 5, 2012

Numéro 6: De l'art à perte de vue

Disons qu'il est plutôt difficile à manquer... Gigantesque, gris, affublé de dizaines de colones romaines et dominant le côté droit de la place Tian'an men, le Musée National de Chine remplit son mandat du ''plus gros musée du monde'' (... on parle ici de la superficie, car le nombre de visiteurs présent ressemble plutôt à un mercredi matin au Louvre alors que la Mona Lisa est retirée car elle se fait retoucher les grains de beautés). Qu'à cela ne tienne, ce qui est important pour le gouvernement chinois, c'est de pouvoir dire qu'ILS ont LE plus gros musée du monde ... pour ensuite ajouter en chuchottant ''en pieds carrés''. Bref, il pleut à Pékin et nous sommes extrêmement curieuses de voir ce qui aura été officiellement choisi pour représenter l'histoire de la Chine. Notre intuition nous dit qu'il y aura ÉNORMÉMENT d'artéfacts du temps où les baguettes étaient sculptés à même le tronc de l'arbre du jardin et qu'il manquera probablement ...comme par hasard... quelques petits détails de 1960 à 1975, vous savez pendant l'époque où la Chine entière utilisait ses oeuvres d'arts inestimables comme naperons et égalisateurs de tables bancales...



 Cachées sous nos parapluies, nous avons donc fait la file pour parader sous les détecteurs de métaux de l'établissement et enfin entrer dans le gigantesque vestibule. Pour ce qui semblait des kilomètres, le long corridor de l'entrée du musée s'étallait à perte de vue à notre gauche et à notre droite. Il m'a fallu tout mon petit change pour me retenir de faire mon meilleur cri de faucon pellerin afin de tester l'écho des plafonds cathédrales d'au moins une trentaine de mètres. Un peu plus et nous étions dans le terminal de l'aéroport tant la déco ''urbaine/on a pas eu le temps de peinturer le béton'' était des plus froides et des moins invitantes. Le sentiment général conféré par l'architecture semblait vouloir avertir le touriste qu'il ''allait apprendre des choses... mais qu'il n'allait pas nécessairement s'amuser en le faisant''! Bref, un peu comme quand votre école fait une sortie aux archives nationales ou dans la fabrique de pâtes et papiers. Ah pour être éducatif, c'est éducatif!

Après s'être emparrés d'une carte, nous nous sommes arrêtés quelques instants pour consulter la liste des expositions disponibles: La Chine ancienne, Le Jade, La Porcelaine chinoise, La Monnaie, Peintures classiques de la Chine ancienne, etc. mais mon dévolu s'est plutôt jeté sur ''Les Grandes Oeuvres d'Arts modernes''. Ah c'est là que nous allions pouvoir examiner les divers visages de Mao immortalisé faisant des ''byes-byes'' à une foule en délire, des travailleurs heureux de leur sort labourant les champs avec un énorme sourire aux lèvres et sûrement deux ou trois images de soldats japonais commettant des crimes inexcusables!  Un peu au hasard nous avons commencé à déambuler dans les diverses salles d'expositions, lisant quelques pancartes au passage et examinant des centaines de cuillières en cuivre. Question légitime me venant suite à la vue de toute cette coutellerie: Après combien de centaines d'années ont-ils conclu que ça ne ''pognait'' pas trop dans le coin?! Notre exploration a continué de salles en salles, nous émerveillant devant les sculptures en 3D sur le bois et les peintures classiques chinoises. À notre grand désarroi, plusieurs salles d'expositions étaient en ''construction'', mais les touristes présents ne semblaient pas trop s'en formaliser. En fait, la plus grande partie du spectacle se passait à l'extérieur des salles où les familles chinoises se réunissait pour prendre une collation entre deux visites. Des bols de soupes, aux pépés qui somnolaient tranquillement, les gens semblaient beaucoup plus intéressés par le contenu de leur sac d'épicerie que par la pièce de monnaie trouvé dans la craque du divan de Confucius.


Finalement, nous sommes allés voir les Grandes Oeuvres d'Arts Modernes pour découvrir une exposition de peinture du 21e siècle impressionnante. Évidemment, ce n'est pas là que nous allions vraiment ''apprendre'' quoi que ce soit sur l'histoire récente de la Chine, mais les différents tableaux de scènes historiques étaient incroyables.  Usant du stratagème subtil datant de la création de la caméra (vous savez ce moment célèbre peu connu où l'inventeur du kodak a voulu prendre une photo en cachette d'une belle femme et qu'il a eu la géniale idée de demander à son ami de s'installer juste devant elle...), ma mère a même réussie à immortaliser illégalement le grand tableau de Mao qui trône au centre de la pièce!


C'est donc après avoir pris plusieurs photos dans les multiples corridors vides de la bâtisse que nous avons conclu notre tour. Le Musée National est sans contredit gigantesque et regorge d'objets impressionnants, mais je crois que je préfère les expositions offrant une approche plus ludique à l'information. L'atmosphère aseptisé et sans fla-fla m'a rendu nostalgique des bons vieux tippis et des indiens en cire, qui vous font des ''Ta-tas'' de leurs canots du Musée de la civilisation d'Ottawa....        

Monday, October 15, 2012

Numéro 7: Un petit morceau de ciel

Pour plusieurs touristes, la structure circulaire du Temple of Heaven est un symbole de Pékin presque aussi fort que la Grande Muraille. Chaque jour, des centaines de touristes et d'habitants de la ville  se déplacent vers le parc pour profiter du jardin verdoyant entourant la bâtisse. Cerfs volants, Tai chi et performances de toutes sortes se produisent autour de vous en autant de spectacles qu'il est impossible pour un touriste ne pas se trouver émerveillé par son entourage.

Battant a grand coups de manches les moucherons du printemps pékinois se posant sur nos vêtements, nous avançons le long de l'allée alors qu'un volant de badminton surdimensionné attérit à mes pieds. J'attrape le jouet d'un regard amusé et le renvoie au vieil homme à ma gauche d'un coup de pied direct. Il jongle pendant quelques secondes le aki à plumes et nous commençons à nous faire des passes sous l'oeil amusé de ma mère qui doit se dire que sa fille s'amuse vraiment d'un rien! Ce machin à plumes est en effet, le cousin éloigné de nos balles remplies de billes molles et une certaine dextérité oblige le joueur à frapper le ressort en métal du bon angle pour qu'il retourne à son adversaire par la voie des airs. C'est dans toute cette simplicité que je fais un peu d'exercice, souriant à pleines dents au vieil homme qui apprécie que j'entre dans son jeu. Finalement, nous lui achetons deux copies du petit moineau (car c'est ce à quoi il voulait en venir en fait... la vente!) pour continuer notre chemin vers la structure imposante au centre du parc.

S'il y a bien un endroit à Pékin où on se peut véritablement se sentir près du paradis, c'est au temple du ciel; le bâtiment circulaire où une foule de touristes progresse dans un même mouvement pour jeter un coup d'oeil dans la porte du temple où, jadis une bibliothèque ancienne se trouvait. Les manuscripts laissées entre deux pages par le dernier moine qui les a consulté donnent une impression d'être témoin, beaucoup plus tard dans le temps, d'un moment historique. Qui sait exactement, s'il ne consultait pas simplement l'équivalent chinois du Petit Robert... mais à moins de passer sous les cordes et d'aller vérifier, je préfère me dire que quelque chose de solomnel y planait. Nous avons donc pris plusieurs photos des lieux, oubliant que derrière le grand mur de pierre se trouvait l'autoroute de la ville pour plutôt apprécier le moment de calme de notre visite de la ville.  Et c'est un peu à quoi ce réduit le paradis chinois... la sainte paix et l'absence des fameux ''vendeurs du temple'' du temps de Jésus! Après avoir regardé la structure sous toutes ses coutures, nous quittons l'enceinte principale pour son anti-chambre où nous grimpons les marches d'un monticules ornée de statues et d'inscriptions dans le sol, tournant de nouveau en rond, sans trop en apprendre beaucoup plus sur les lieux sauf pour le fait que ce complexe a été construit pour permettre aux Empereurs de venir implorer les divinités pour de bonnes récoltes... Si vous voulez vraiment que j'entre dans les suppositions, peut-être que toute cette mode ''circulaire'' veut rappeller au visiteur le cercle de la vie et la continuité agricole... mais je suis prof de langues et non d'histoire alors à chacun son interprétation! Bref, après une longue marche dans le parc, nous nous retrouvons finalement à la sortie où nous décidons de trouver un endroit où dîner et peut-être même un peu de shopping...

et c'est toujours comme ça que ça commence UN PEU de shopping...      

Thursday, September 27, 2012

Numéro 8: Lady? Lady? LADYYY WAIT!

''Oh hello! Are you visiting with your mom? Ohhh that's so nice! Where are you from? Are you enjoying Beijing? What have you visited so far in the city?! ''... et si vous entendez tous ces mots livrés dans une même conversation de 5 minutes avec des inconnus rencontrés place Tian'an Men, courez, COUREZ à toutes jambes dans la direction opposée!

La réalité pour un touriste à Pékin est qu'il rencontrera environ trois-quatre arnaqueurs par journée passées dans la ville. Ces professionnels se tiennent justement à l'entrée de la Cité Interdite, dans les rues avoisinants et au beau milieu de la place Tian'an men. Se faisant passer par un couple en vacances, une mère et une fille voulant profiter d'une conversation en anglais, un guide touristique en congé ou un simple passant intéressé par la couleur de votre peau; les chances sont que, si loin de la maison, vous voudrez partager le plaisir que vous éprouvez à découvrir la ville avec un parfait inconnu, vous exclamant, en long et en large à quel point votre périple en Chine est intéressant. Ils vous écouteront, faisant pleuvoir les flateries, vous donnant au passage quelques conseils sur les meilleurs endroits à visiter pour finalement vous inviter... tout en subtilité... à partager un bon café dans un resto tout près! Mais non, si vous acceptez, ils ont presque déjà gagné!! Il ne faut pas tomber dans le paneau et c'est malgré toutes nos connaissances sur les arnaqueurs du coin que nous nous sommes tout de même (presque) fait embarquer dans leur entourloupettes!

Le premier soir de notre arrivée à Pékin, nous décidons d'aller prendre quelques photos devant la magnifique Cité Interdite éclairée pour la nuit et lorsqu'une femme plus agée et sa fille nous approchent pour prendre quelques clichés avec nous, nous ne nous doutons aucunement qu'elles en veulent à notre porte-feuille. Nous discutons avec elles pendant plusieurs minutes, curieuses de savoir ce qui les amènent à Pékin et ce qu'elle peuvent nous apprendre jusqu'à ce qu'elles fassent la gaffe de nous inviter à visiter un super marché nocture près du palais. Nous les suivons pendant quelques minutes et ... BING BING BING... la grosse lumière rouge de mon alarme interne se met à faire tout un tintamare. Elles nous ont totalement endormies avec leurs histoires et nous sommes passés à un cheveux de nous faire emmener dans un tour de ville qui nous aurait coûté cher! La réalité des arnaqueurs est triste pour le tourisme chinois, car il existe probablement un homme ou une femme quelque part dans le pays qui veut réellement jaser avec des étrangers (en toute bonnes intentions), mais l'abondance de trucs pour subtiliser de l'argent aux voyageurs laisse tout le monde sur ses gardes... et si vous ne l'êtes pas et pensez visiter la Chine, commencez tout de suite à vous faire à l'idée... Là-bas, (presque) personne ne vous veut du bien!

C'est donc en un mouvement sec que nous arrêtons de suivre les deux femmes, les informants en même temps, que nous avons changé d'idée et que nous n'irons pas avec elles. Et c'est exactement à CE MOMENT, qu'il est possible de repèrer une véritable arnaque: les deux femmes s'éloignent rapidement de nous sans demander leur reste! Pensez-y bien, une personne voulant réellement montrer à des touristes un évènement local insistera tout de même pour vous pointer dans la bonne direction, mais si au premier refus la personne prend la clé des champs... votre décision vient de vous sauver BEAUCOUP d'argent! Mais le plus triste dans tout ça, c'est que ce (faux) duo mère-fille passe ses soirées à déambuler près du palais pour embarquer de (vrai) duo mère- fille en vacances.... réduisant alors les chances à zéro de jamais plus faire confiance aux locaux.       

Voici donc 4 trucs pour éviter ce genre de situations:

#1: Si on vous demande, vous avec déjà tout vu, tout fait et tout visité! ''Have you been to the Great Wall yet? We have a discount tour!'', vous dira un parfait étranger sur la rue, espérant vous embarquer dans sa mini-van pour le magasin de Jade le plus près. Dans le doute, n'acceptez jamais rien sur place, prenez plutôt sa carte, que vous jetterez dans la poubelle la plus près, car rien de bon ne peut jamais arriver d'un homme louche vous offrant un tour de ville spontané! Vous n'embarqueriez pas dans la van d'un parfait étranger MÊME s'il vous offre de flatter un petit chiot naissant... MÊME s'il vous offre des bonbons.. MÊME s'il vous dit que c'est vos parents qui l'envoient... et bien la même chose va pour les guides touristiques sans adresse!

#2 Dites CHEESE!! Demandez à votre nouveau couple d'ami de prendre une photo avec vous. S'ils refusent et tentent d'éviter votre caméra, ils ne veulent probablement pas laisser de trace et vous feriez mieux de ne pas leur faire confiance non plus!

#3 Posez des TONNES de questions! ''Où allons-nous? Sur quelle rue? Avec qui? Pour visiter quel restaurant?'' et proposez leur plutôt d'aller casser la croûte dans l'endroit de votre choix. S'ils veulent vous soutirer de l'argent, ils ne le feront pas n'importe où et avec n'importe qui alors ils voudront plutôt vous emmener dans LE petit café qu'ils connaissent... et ps. Les chinois ne boivent pas vraiment de café alors lumière ROUGE!

#4 Faites le sourd d'oreille! De tous les côtés, vous serez constamment solités alors ignorez sans gêne les gens qui s'intéressent un peu trop à vous, vous fiant plutôt à votre guide touristique en papier pour profiter de Pékin!
      

Monday, September 24, 2012

Numéro 9: On ferme les yeux, on ouvre la bouche!

Peu importe l'endroit où vous avez grandi sur la planète, quelque part dans votre jeunesse, vous avez sans aucun doute regardé une moitié de ver de terre frétillante que vous veniez d'extirper du sol avec votre petite pelle jaune-orange et vous vous êtes demandés ce qui se passerait bien si vous en preniez une petit bouchée. Personne n'aurait à le savoir et après tout, pouvaient-ils être si différents de leurs cousins en gélatine vendus au dépanneur?! Bien à l'abri de la surveillance parentale, les plus braves d'entre-vous ont probablement laissé libre court à leur curiosité culinaire, mordillant du bout des lèvres la bestiole affolée, mais les autres, tout à coup ramenés à la réalité par le fait que le lombric venait de sécréter un petit pipi nerveux de ver de terre sur leur main ont relachés la petite bête dans le bac à sable, s'essuyant avec énergie la main sur le pantalon. D'un manière ou d'une autre, le résultat était le même: À moins de se trouver dans un épisode de ''Survivor'' entre vie, mort et ver de terre, il n'y avait aucune raison valable de vouloir grignotter des insectes tant et aussi longtemps qu'il allait rester de la viande animale et des végétaux sur la planète!

Mais malheureusement, à certains endroits du monde, les vaches, boeufs, poulets et autres sources de protéines se font de plus en plus rares, donnant tout à coup un air plutôt ''sexy'' à la juteuse libellule posée sur le bord de la fenêtre. Alors, s'il y a bien un endroit où aucun animal n'est discriminé du menu c'est bien la Chine, où pratiquement tout ce qui frémit et qui peut être alongé sur le b-b-q est vendu au bout d'un bâton comme ''snack'' de fin de soirée! Nous avons le pop corn... ils ont les hippocampes trempés dans le sucre d'orge!

Ce qui m'amène donc au fait que l'endroit le plus célèbre du pays pour déguster de telles originalités est la rue Wangfujing de Pékin. Au bout d'une grande rue piétonnes regorgeants de boutiques chics et de restaurants ''high-class'' se trouve une rangée de tentes oranges où des vendeurs locaux compétionnent pour vendre le scorpion le plus frais au touriste excité de finalement pouvoir payer pour voir les insectes qui se trouvent dans son assiette plutôt qu'ils passent incognito dans leur bol de nouilles! Bahaha comme je suis drôle... (ou le suis-je vraiment?! Maman as-tu des hauts de coeur devant ton écran d'ordi?) C'est donc tout bonnement après avoir apprécié le spectacle de Kung-fu du théâtre rouge que nous nous sommes retrouvées sur cette rue, espérant dénicher une petite collation de fin de soirée pour calmer notre estomac... Ce que vous ne savez pas jusqu'à présent, c'est que lors de notre départ de l'auberge, nous avons été suivi par un autre voyageur qui habitait présentement en Thailande et qui semblait avoir perdu le nord... le sud et tous les autres points cadinaux depuis plusieurs années. Personnellement, je suis plutôt fan du voyage et de ses expériences, mais qu'est-ce qui fait que tous les hommes dans la quarantaine qui se trouvent seuls en Asie adoptent immédiatement un genre de look ''grunge'' crado et se font pousser les cheveux. De plus, leur vocabulaire se trouve maintenant parsemé de ''full cool man'' et ils prennent en moyenne dix secondes de plus que les gens normaux pour répondre aux questions simples... Peut-être que c'est seulement dû à mon intolérance pour ''l'originalité'' mais dès que quelqu'un semble un peu marginal ou perdu, je saute tout de suite à la conclusion qu'il a mangé un brownies douteux de trop... Mon cher, vous ne dupez personne, vous avez bel et bien quarante ans et ce n'est pas votre petite blonde chinoise de vingt ans ou vos Converses rouges qui stoppera votre andropose et la poussée de vos poils de nez! Ahhh maintenant que c'est dit, je me sens beaucoup mieux...

 
C'est donc en compagnie de cet homme que nous avons exploré le quartier, le suivant dans sa quête pour trouver des calmars frais... D'étalages en étalages, nous avons été sans arrêt surpris par les différents types d'insectes présentés aux clients sur des brochettes, juste à point pour se les mettre sous la dent. Inutile de dire qu'après une bonne demi-heure à regarder des migales, coquerelles, scarabés et autres vedettes de l'Insectarium piqués au bout d'un bâton et parfois recouvertes de poussière (''Tiens donc, les grosses tarantules semblent moins bonnes vendeuses... elle ne doivent pas être en saison!'') notre appétît ne causait plus de problème! Oui, entre les étoiles de mers et les sauterelles, il y avait des nouilles et des dumplings, mais lorsque les deux produits se trouvent aussi près sur le présentoir, il faut avoir un estomac d'acier et l'imagination peu fertile pour ne pas penser qu'un coup de vent ait envoyé promené une antenne dans votre stir-fry!

 
 
 

Malgré mon subconscient criant ''T'es même pas game'' à tue-tête à la vue d'une brochette particulièrement fournie de coquerelle, j'ai tenue bon et refusée d'attraper de nouveau la gastro (ou autre maladie transmise par un rapport bouche-insecte...). En fait, c'était peut-être ça que j'avais gagné de mon année à Québec: La force de dire non à toutes les impulsions niaiseuses de mon cerveau!

Bref, lorsque notre compagnon a finalement trouvé une gigantesque brochette de mollusque visqueux grillés à se mettre sous la dent, nous avons marchés d'un pas décidé vers l'auberge, oubliant le souper pour l'instant et priant que les vendeurs aient attrapés suffisament de ces insectes pour ne pas qu'ils se retrouvent entre les couvertures de notre lit! 

Wednesday, September 19, 2012

Numéro 10: Les acrobates

De nos jours, avec le cirque du soleil qui se trouve tellement partout qu'on peut presque les réserver pour le party de Noël de bureau, je trouve qu'on perd un peu notre émerveillement du cirque. Les pauvres acrobates qui se promènent sur un fil doivent pratiquement le faire nus et se partir les cheveux en feu pour ne pas que les spectateurs poussent de longs soupirs d'ennui. Et il ne faut même pas parler des jongleurs... n'importe quel marginal avec un kit de vaisselle en Corelle peut se présenter à une émission télé-réalité de talents et projeter ses couverts dans les airs pour son quinze minutes de gloire... Bref, en allant voir les acrobates chinois de Pékin, mes attentes étaient plutôt basses: au mieux un divertissement d'une soirée, au pire dix chinois dans un carambolage de bicyclettes miniatures ''en direct'', mais je pensais avoir probablement tout vu. Sauf pour un point: Les contorsionnistes! La Chine est depuis toujours, l'endroit où on arrive à ''squeezer'' le plus grand nombre d'être humain à l'intérieur des endroits les plus restreints de la terre alors nous allions sûrement être surprises. À voir ce qu'ils arrivaient à faire gratuitement avec leurs masses humaines dans les trains, suite à l'achat d'un billet, je m'attendais à ni plus, ni moins qu'un être humain ''djammé'' dans un sac ziploc de congélation!! Bref, je voulais être impressionnée!
Nous avons donc réservé notre billet pour le spectacle par l'auberge et après avoir été déposées au théâtre par un chauffeur de taxi spécialement réservé pour l'occasion, nous avons trouvé nos places dans la foule et avons dégusté notre bière et notre sac de chips Lays en attendant le début du spectacle! Au moment où le premier artiste est entré sur scène, notre mâchoire s'est ouverte bien grande et ne s'est fermée qu'à la toute fin du spectacle! Oui, c'était un funambule... mais un funambule qui marchait sur une grande corde balottante et qui sautait dans les airs pour toujours retomber en équilibre sur la grande corde molle. Ensuite, nous avons eu droit à un homme qui faisait rebondir des dizaines de balles de tennis sur des escaliers et toutes sortes de surfaces en arrivant toujours à les rattrapper, peu importe à quel angle impossible il se trouvait par rapport à sa cible!

Finalement, nous avons eu droit aux contorsionnistes et moi qui voulait du ''dégueu et des membres qui s'enlèvent pratiquement comme Monsieur Patate'', j'ai véritablement été servie! Une toute petite femme en costume moulant s'est mise à littéralement défaire son corps sur scène et une autre est venue l'accompagner dans un ballet de dislocation assurément commandité par l'équivalent chinois de Robaxacet qui leur feraient demander plus tard: ''Voyons, dans quelle direction est-ce que je dois pointer mon coude déjà?!''.  Ahhh les problèmes d'un contorsionniste!

Mais le clou de la soirée a véritablement été pour moi le numéro des vélos, où plusieurs femmes se sont empillés sur une même bicyclette afin d'effectuer des tours de scènes à quelques centimètres près de se retrouvées projetés dans la foule. Au départ, une seule femme est entrée sur scène pour faire quelques tours sans les mains, sans les pieds, sans les yeux... etc. Mais dès que plusieurs d'entre-elles se sont joint au carrousel, c'est devenu plus intéressant! Sautant de vélo à vélo, les femmes se sont mises à s'empiller sur la pauvre acrobate plus musclée qui avait, sans contredit, eue accès au calcium pendant sa croissance et avant même de pouvoir pousser un moindre bruit d'étonnement, treize (13!!!) femmes se trouvaient perchés sur la même cycliste bâtie qui fesait toujours effecter des tours de scène à sa bicyclette! À un seul coup de pédale de faire basculer une quizaine de petites chinoises dans la foule d'étrangers abasoudis, ce numéro nous en mettait véritablement plein la vue.

C'est donc toujours sous le choc de ce spectacle... véritablement SPECTACULAIRE que nous avons trouvées le métro de Pékin et sommes retournées à l'auberge par nos propres moyens, rassurées du fait que quelque part sur la planête, nous allions toujours pouvoir trouver quelque chose pour nous surprendre! Vélo géant, non inclus...

Dernier arrêt: Pékin

Après avoir parcouru 6928 kilomètres sur les routes de la Chine, pris 4 avions, 3 trains, et d'inombrables autobus et taxis, nous en étions finalement au dernier stop de notre voyage: Pékin. Suite aux expériences difficiles de Shangqiu, de la gastro, des enguellades avec les chauffeurs de taxi, de la chaleur et parfois même du froid, mais aussi des grands moments comme les terrasses de thé, la montagne jaune, les balades à vélo, le marché nocturne de Dali, Shannon et Brett, le coucher de soleil sur la Gorge ainsi qu'un petit tour dans la cuisine, nous avions bien besoin de poser nos sacs et de souffler un peu. La tête nous tournait de toutes ces expériences, c'est donc pourquoi nous avons décidé de passer la dernière semaine de notre voyage à Pékin; pour profiter de nos derniers moments en terre (in)connue et de savourer chaque dernier instant de notre périple. Au départ, la fatigue se faisant têtue, nous pensions plutôt flâner un peu et déambuler d'une attraction à une autre, sans trop de plans et récupérer du rythme effrené des semaines précédentes, mais dès que nous avons posé pied dans la métropole, l'énergie des environs a été suffisante pour nous donner notre deuxième souffle. Comme l'a si bien dit ma mère: ''On avait bien besoin d'un peu de civilité après Shangqiu!''... Amen! Et d'un commun accord silencieux, la bonne humeur est revenue instantanément rejoindre notre duo dont le moral souffrait un peu de la fatigue du voyage!

 (... En fait, dont le moral souffrait BEAUCOUP des séquelles de la gastro et d'un peu de fatigue!)

De la Cité Interdite à la Grande Muraille, en passant par le site des JO et par le ''plus grand Musée du Monde'', une petite visite chez Mao et des canards laqués, du Kung-Fu, des acrobates, des insectes, des faux Louis Vuitton, des arnaqueurs à revendre et un festival du film qui mérite sa palme d'or bien particulière... notre semaine a été extrêmement bien remplie, mais plutôt que de vous la raconter jours par jours...

Voici donc les 10 meilleurs moments de notre semaine à Pékin!

 

Tuesday, September 11, 2012

Shangqiu: Second souffle

Ahh, la brise du matin entre dans notre chambre d'hôtel de Shangqiu et je me réveille avec un second souffle. Ma nostalgie de la veille est rapidement estompée par mon envie de faire découvrir à ma mère tous mes endroits préférés du coin. Bien évidemment, nous commenceront pas un massage, car ça doit bien faire 3 jours que je n'en ai pas eu et les mains expertes des masseurs de Shangqiu me réclament! Que voulez-vous, cette ville m'a habitué à un minimum de ''pampering'' et mon côté diva refoulé qui se cachait sous des piles de poussières de la Gorge et de t-shirts crado portés jusqu'à un point de non-retour, commence à sortir sa tête avec curiosité (''Est-ce finalement le temps pour un peu de gloss?!'', se questionne-t-elle)! Nous sortons donc de la chambre et rejoignons Brett pour un dernier dîner où nous nous régalons de nos plats préférés. Malheureusement pour nous, Shannon s'est retrouvée prise dans une histoire abracadabrante d'une étudiante qui aurait acheté un chiot mourant pour 700 Yuan et qui a maintenant besoin de l'aide de mon amie volubile pour se faire rembourser le défunt mini-caniche (...Paix a son âme)... BREF, pour faire une histoire courte, elle est occupée et ne peut nous rejoindre pour dîner! En sortant du restaurant, nous décidons d'aller faire un petit tour à l'épicerie locale et je ne peux m'empêcher d'arrêter un tuk-tuk chambranlant passant dans la rue principale pour nous conduire à destination. En enjambant la portière, nous nous entassons côte à côte sur le petit banc de bois à l'abri de la cabine de plastique, rentrant tous les membres à l'intérieur du véhicule, comme si nous avions décidés de nous déplacer au volant d'une Jeep électrique Fisher Price pour enfants. Un peu plus et nous pouvons sortir nos pieds par le plancher pour nous donner une petite poussée!

Au tournant de la rue suivante, nous arrivons devant la façade bleue de Dennis et passons à travers la ''foire alimentaire'' extérieure pour se rendre au magasin. En voyage, découvrir les spécialités des épiceries locales est une des activités favorites de ma mère alors nous prenons quelques minutes pour déchiffrer les différentes sortes de chips ''Lays'' et s'époustouffler devant la boucherie où les différents parties d'une vache fraîchement abattue frémissent pratiquement encore! Dans la poissonnerie, des raies, des anguilles et autres poissons d'eaux troubles terrorisent les petits enfants qui s'approchent trop près de la vitre. Comme à l'habitude, les magasineurs sont pressés, farouches et nombreux, mais le fait que ma sustenance ne dépend pas du fait que je puisse produire un repas équilibré avec les ingrédients originaux du magasin me permet d'apprécier la visite. Ma mère remarque d'ailleurs que la plupart des items de la boulangerie sont recouverts de sucre et de crémage et elle comprend pourquoi je n'ai jamais sauté sur l'occasion de me faire un bon sandwich au pain blanc pas de croûte!

Le prochain arrêt de notre tour de ville est le salon de massage où notre taxi s'engage dans un cul de sac pour nous déposer devant les marches de la boutique. Entre un salon de beauté et un magasin de pièce d'auto se trouve une petite porte coulissante derrière laquelle se cache une grande pièce ouverte et plusieurs lits à massage. Les masseurs aveugles en saraux blancs s'activement autour des patients allongés tel un ballet bien coordonnés, se glissant et se contournant entre les lits, sans jamais se toucher. Le bruit sourd de leurs mains qui s'abattent à répétition sur le dos des hommes allongés et les sifflements sacadés qui accompagnent leurs efforts emplissent la boutique silencieuse. De temps en temps, un masseurs quitte la pièce en longeant le mur du fond pour rejoindre sa propre couchette où il se repose et écoute la radio en attendant le prochain client. Dès que nous poussons la porte du magasin, la patronne se lève de sa chaise comme une bombe et me prend dans une grande caresse, qui me laisse bouche-bée! Tout ce qu'elle sait dire en anglais c'est ''Andy!!!'', mais sa grande exhubérance me touche beaucoup.  Elle appelle son mari qui se trouve à l'arrière boutique et il suit le mur avec habitude jusqu'à ce qu'il se trouve à ces côtés. Lorsqu'il comprend finalement que la cliente sur sa table n'est nulle autre que l'étrangère ''musclée'' au mandarin approximatif, il éclate de rire! Sa patience lors de nos conversations fait de lui l'habitant de Shangqiu avec qui j'ai eu les plus longues conversations et il profite du fait que mon visage est bien prit dans le trou de la table pour me bombarder de questions. À côté de nous, le masseur s'acharne sur le cuir chevelu de ma mère qui semble flotter quelque part entre Shangqiu et le Nirvana!

Finalement, je décide d'emmener ma mère à la rue piétonne pour faire un peu un peu de lèche... euh... lèche pas vitrine... lèche rangées de rack de vêtements dans la rue?! Mais en chemin, je remarque que les choses dégueulasses qu'on croise dans la rue et qui me font habituellement bidonner, n'ont pas exactement le même effet sur ma mère qui observe avec de grands yeux le chaos de Tuanjie Lu. Pour les sens non entraînés: Ça pue, c'est laid, c'est sale et c'est bruyant. Repli stratégique dans le PFK...

Nous nous assoyeons pendant plusieurs minutes à sirotter un coca-cola alors que je tente de tirer les vers du nez de ma compagne de voyage. Jusqu'à présent, elle a survécu à plusieurs épreuves beaucoup plus tragiques que les crottes de chiens de Shangqiu et ses grand-mères envahissantes, mais c'est cet arrêt particulier de notre itinéraire qui la trouble vraiment. En fait, nous mettons finalement le doigt sur le ''bobo'' en concluant que c'est sa fibre maternelle qui provoque son malaise. Tout le temps que j'étais en Chine, elle a vu des photos et a pu lire mon blogue, mais elle ne s'était jamais imaginé que cet endroit pouvait se trouver aussi loin de toutes choses civilisés. En fait, sans y avoir posé les pieds, ce n'est pas évident de ''sentir'' réellement ce qui se trame à Shangqiu - un mélange d'ignorance et de xénophonie, beaucoup de pollution et peu d'avenir. Depuis le début de notre voyage, elle avait eu la chance d'entrer dans les véritables cartes postales chinoises, voyant les plus beaux côtés de ce pays si inégal, mais maintenant, elle venait de passer dans les coulisses: l'endroit où se construit à la chaîne les sacs Gucci vendus à Shanghai, les kilomètres de champs où l'on envoie les déchets des métropoles, les villages perdus dans le smog des usines, les villes qu'on fuit les jeunes citadins de Pékin. Bref, ce qu'on ne vous montre jamais à la télé. Mais ce qui venait encore plus troubler ma mère c'est le fait que sa plus jeune fille était partie seule à 23 ans pour se retrouver dans ce trou à rat... et qu'elle n'avait pas tournée les talons pour rentrer à la maison! Qu'est-ce qui m'avait passé par la tête à ce moment? Je comprenais maintenant un peu mieux son mutisme... elle tentait de ME comprendre.

Notre journée se termine par un repas trop copieux au resto ''chic'' de la ville en compagnie de d'autres étrangers et d'un film au cinéma pour se reposer un peu. Notre train part dans quelques minutes, mais cette fois-ci je suis soulagée de quitter Shangqiu. Ce n'est plus mon chez-moi, mais seulement le décors de souvenirs impérissables qui me suivront bien longtemps après que j'aie oublié l'odeur de ses rues!

Friday, August 24, 2012

Sur un air connu..

''ANNDYYY!!'', mon pote prof de japonais joggeur Taka se tient à quelques centimètres de mon visage, n'arrivant pas à croire que je me trouve véritablement devant lui au beau milieu de l'auditorium de l'Université. ''You came back??'', me demande-t-il alors fou comme un balai, mais je rectifie immédiatement le tir, ''Ohhhh no, no, nonono! Let's not get carried away here! I am JUST visiting''... Je lui présente ma mère et lui explique le but de notre voyage tout en prenant de ses nouvelles. Il me semblerait que rien n'a vraiment changé sauf qu'il pense retourner au Japon l'année suivante et me tend sa carte d'affaire ''si jamais je passe par Okinawa''...hum, c'est à voir! Avec Shannon et Brett qui sont aussi sur leur départ,on dirait que tout le monde quitte la ville en même temps, ça serait bien différent l'année suivante! Je profite de la pause avant le concours pour saluer quelques anciens étudiants et faire un tour au petit coin (...de mur où on doit faire pipi) mais à mon retour je tombe nez à nez avec mon ancien patron qui prend quelques secondes à comprendre ce qui se passe devant lui. Je peux pratiquement voir le petit hamster dans son cerveau qui fouille dans son répertoire mental de ''visages blancs'' pour qu'il se souvienne finalement à qui appartient ce gros nez. Et la lumière jaillit lentement du tunnel... ses yeux s'écarquillent un peu... sa bouche s'entrouvre... Andy! Bingo! Je lui fait mon plus grand sourire et ricane un peu de son air qui semble se dire: ''... mais elle n'a pas quitté Shangqiu l'année précédante? Est-ce qu'un de mes profs serait tombé entre les craques?''.

Shannon me rappelle vite à mon siège et tappe sur l'épaule de l'homme assis devant elle. ''Andy, this is Mark''. Oh mais j'ai déjà entendu ce nom quelque part! C'est le pauvre père de famille qui habite maintenant dans mon appartement! Physiquement, il semble être parti en voyage dans les années '70 quand il était ado et de n'être jamais revenu, s'est nourri de cocaine et de cigarette et se retrouve maintenant avec un mini fohawk poivre et sel, une barbichette de la même couleur, des boucles d'oreilles et un bon vieux t-shirt noir troué d'un band obscur. Vraiment, il donne fière allure aux étrangers (...not)!  ''Hi Mark, I used to teach here and you are now in my fabulous flat! haha'', que je lui réponds en riant.... sur quoi il hausse les épaules, souffle un faible ''Heeey'' et se retourne sans un mot de plus...  pauvres étudiants, je te dis qu'il doit les exténuer avec tout son enthousiasme! Bref, je fais un petit salut aux Glyn et Adam 2.0 (la nouvelle batch d'enseignants envoyé à Shangqiu par la compagnie britannique TTC) et le spectacle commence. À ce niveau-là, je peux vous assurer qu'exactement rien n'a changé... du Céline Dion, du Lady Gaga, un peu de break-dance, du Kung-Fu... mais la palme de la soirée revient à un étudiant, oserai-je dire ''de la Chine future'', qui balance son homosexualité en plein visage des spectacteurs et les envoute avec un numéro lascif de ''Sexy Back'' qui laisse tous les étrangers la bouche grande ouverte de stupeur! De chaque côté de nous, les chinois sont hilares, trouvant que ce jeune homme est bien ''original'', mais sans jamais se douter qu'il n'est qu'à une paire de talons hauts d'être la première drag-queen de Shanqiu! Vraiment, son déhanchement fait envier toutes les femmes présente et il termine même son numéro en ''flirtant'' avec le prof Mark. De...toute...beauté!

Finalement, après le concours, nous nous retrouvons tous chez Shannon pour prendre une bière et manger du fromage (c'est l'appât pour les étrangers en Chine: ''Venez chez moi, j'ai du fromage!!'') et nous pouvons discuter un peu plus avec le nouveau groupe de profs. Mark et sa femme Cécilia viennent en fait des Philippines et ils travaillent à Shangqiu pour se ramasser un peu d'argent pour se faire construire une maison. Ils ont déjà enseigné dans leur pays, mais le salaire est tellement minime que ce qu'ils vont ramener de Shangqiu fera réellement une différence. Au courant de la soirée, la bière coule à flots et nous nous amusons beaucoup, mais je n'arrive pas à m'empêcher d'imaginer la même scène, quelques mois plus tôt, alors que Naik, Adam, Glyn et même Ciaran étaient dans le même salon à discuter de notre charge de cours ou de notre prochain voyage à Zhengzhou. À ce moment, mes amis me manquent terriblement et je comprends que mon expérience à Shangqiu n'aurait pas eu le même sens si je ne l'avais pas partagé avec eux. Seule, je souris et je pense à eux, me transportant pendant quelques minutes, dans le Shangqiu de mes souvenirs. La soirée tire maintenant à sa fin et nous quittons l'appartement de Shannon pour notre chambre d'hôtel et du repos avant de vraiment explorer Shangqiu le lendemain. Au menu: massage, promenade et repas en ville... et la plus petite quantité possible d'expériences traumatisantes!  

Thursday, August 2, 2012

Kung Pao en bonne compagnie

À midi, nous marchons vers l'entrée de l'école pour retrouver mes amis chinois et partager un repas à ce qui est selon moi, le meilleur restaurant du pays. Depuis maintenant plusieurs mois, je salive à l'idée de replonger mes baguettes dans une immense assiette de Tong Su Xi Zi (de aubergines douces-amères) ou une salade froide de concombre... J'ai d'ailleurs lâché des jurons colorés à quelques reprises dans ma cuisine de Québec en essayant de reproduire les plats du restaurant Chongqing, mais me retrouvant à tout coup avec une ''bouette'' orange et quelques morceaux durs d'aubergine... Il me faudrait probablement kidnapper le mari de la proprio (ZE chef) et ça ne passerait pas inaperçu aux douanes! Bref, je ne peux attendre une seconde de plus pour finalement aussi mettre de la nourriture solide dans mon estomac en convalescence. Je m'en fous pour sa petite sensibilité, il aura la totale aujourd'hui ET IL LE DIGÈRERA... bon!

En tournant le coin, je vois Emily (mon étudiante qui m'a aussi servi de manager pendant ma courte carrière de mannequin chinoise...) qui cours dans ma direction et se propulse dans mes bras. Il n'y a pas à dire, elle n'a pas grandi d'un centimètre mais elle est beaucoup plus coquette! Un peu de maquillage, les cheveux en boucles, de nouveaux vêtements... je soupçonne tout de suite qu'il y a anguille masculine sous roche! D'un seul coup elle s'exclame: ''Wow Andy, you are so pretty now!''... et dans un moment triomphal pour son ancienne enseignante, elle remarque sa petite maladresse anglophone et se corrige tout de suite: ''I mean... you were pretty last year too!!''. Telle une mère poule très fière, je ne peux m'empêcher de penser: Ahhh ils grandissent si vite! Je remarque ensuite Mike (l'étudiant de Kung-fu) qui se tient à l'écart, visiblement excité de me voir, mais ne voulant pas interrompre nos retrouvailles ''de filles''. Lui ayant pratiquement provoqué une attaque de coeur l'an dernier en lui donnant un calin avant de partir (''Oh Andy, this is a very special hug. You make me think of my mother and I miss her so much...''- dois-je vous rappeler que Mike n'a qu'un an de moins que moi!) , je me rabbat sur la bonne vieille poignée de main et lui en donne tout une en lui disant à quel point je me suis ennuyé d'eux. Finalement arrive Lechung qui me serre dans ses bras; ayant habité avec Terry, il a l'habitude de nos comportements ''inappropriés'' d'étrangers et semble se foutre pas mal des conventions chinoises! Bras dessus, bras dessous, nous traversons tous la rue vers le restaurant alors que plusieurs conversations se mélangent. Les étudiants sont stupéfaits de voir deux générations d'étrangères côte à côte et ils s'amusent à trouver les ressemblances dans nos traits. Ils me questionnent sur mon année à Québec, ne comprenant pas tellement que je puisse maintenant enseigner le français et ils me racontent leurs mésaventures de la dernière année. Emily a décidé de quitter le parti communiste et l'association anglophone, car ils l'empêchaient de travailler. Lechung enseigne l'anglais à Luoyang et habite chez son oncle. Mike termine sa dernière année à Shangqiu et ira étudier l'éducation physique à Nanjing... en effet, ils ont grandi.

Comme à l'habitude notre entrée dans le restaurant ne passe pas inaperçu et je profite de notre passage à côté de la cuisine pour présenter ma mère à la patronne. Après qu'elles se soient dit: ''Ni Hao'', je pousse ma mère vers les escaliers pour ne pas qu'elle puisse jeter un plus long regard dans la cuisine... on ne voudrait quand même pas lui couper l'appétît avant même d'avoir commandé! Assis autour de la table, la conversation va bon train au rythme des différents plats qui s'entassent sur la table. Des pommes de terre au vinaigre, du poulet kung pao, des oeufs aux tomates, du porc aux oignons, du riz frit ... chacun des meilleurs items du menu est amené devant nous et disparaît presque aussi vite. Ma mère se régale déclarant aussi que c'est le meilleur repas que nous avons mangé depuis le début du voyage. C'est alors que je remarque Mike qui est sur le point de vouloir poser une question à ma mère. Se dandinant sur sa chaise, je me demande bien ce qu'il va réussir à sortir, car nous savons tous qu'il n'a pas la langue dans poche et qu'il adore discuter avec n'importe qui. Et il se lance finalement: ''Christiane... how old are you?!''. Et de toutes les questions inapropriés, il arrive d'un seul coup à sortir la GRANDE gagnante à sa première conversation avec ma mère. Les étrangers à table ne peuvent s'arrêter de rire alors qu'il se demande ce qu'il a bien pu dire d'aussi drôle! Emily, telle une grande soeur savante, lui apprend que pour les étrangers c'est une question déplacée et il prend aussitôt une teinte de rouge écarlate alors que nous le rassurons que ce n'est pas grâve et que c'est même plutôt mignon. En tout cas, on ne peut pas dire qu'il ne sait pas animer un repas! Lorsque chacun des plats est vide et que nous sommes tous appuyés sur le dossier de notre chaise, repus, nous décidons de quitter le restaurant pour trouver notre hôtel.

Le destin jouant du coude, notre hôtel est en fait le même endroit où m'avaient amené les dirigeants de l'école pour notre banquet de bienvenue. Notre chambre est beaucoup plus luxueuse que ce à quoi je m'attendais et souffrant toujours d'un peu de fatigue, je dois faire une petite sieste alors ma mère part, caméra à la main, explorer les rues avoisinantes. Après tout, que peut-il lui arriver dans les rues de Shangqiu?!

...

À son retour, je remarque que quelque chose à changé. Elle ne dit pas un mot et se promène dans la chambre visiblement troublée. Elle a le visage d'un personnage de film d'horreur qui vient de voir un fantôme. ''Est-ce que ça va? Tu as vu des choses intéressantes?'', que je la questionne moitié endormie.  Et elle de me répondre: ''Intéressantes?! Je viens de retourner au MOYEN ÂGE!''. Elle commence alors à s'indigner de la salubrité du marché à ciel ouvert où je l'ai envoyé ''voir la couleur locale''. Elle se doutait bien que ce genre d'endroit existait quelque part en Afrique profonde entre deux girafes et plusieurs huttes de pailles, mais ''ICI, en CHINE! Juste à côté de PÉKIN!! Dans un pays SUPPOSÉMENT civilisé!'', elle est complètement outrée! Bon, disons que je ne l'ai peut-être pas envoyé dans le coin le plus ''pittoresque'' de Shangqiu, mais aussi bien partir au bas de l'échelle pour ensuite trouver le super-marché un peu plus ''super''!





Alors qu'elle me montre les photos des ''atrocités'' du marché, nous recevons un texto de Shannon plutôt prometteur: ''Hey guys, there is a song contest tonight at the school. Want to come watch?''. Et comment! Maman prépare-toi, tu n'as rien vu!

Le retour à Shangqiu

Une fainte odeur de déchets et d'urine rejoint mes narines. Les deux pieds dans un sac de cacahouète explosé j'observe le bourdonnement des voyageurs pressés de rejoindre le train sur le point de partir. Il fait chaud et humide, les gens courent dans les escaliers, le vacarme est insupportable. Dans le parc au loin, la statue de Mao observe le traffic cacophonique qui zig-zague autour de la station de train. Déjà, un amas de chauffeurs de taxis se bouscule devant nos yeux, essayant d'attirer notre attention pour nous guider vers leur véhicule. Mais je ne les vois pas. J'observe sans mots Shangqiu et tente de trouver une explication logique pour justifier à ma mère le désastre naturel qu'est cette ville. Les premiers mots s'échappent de mes lèvres, sans filtre: ''What a freaking DUMP!''. Je cligne plusieurs fois des yeux me disant que c'est la fatigue ou le désenchantement d'un voyage prolongé... mais non. Shangqiu est sans aucun doute l'endroit où commencera la prochaine peste chinoise!

Ne pouvant plus tellement ignorer la foule qui s'amasse devant nous, je guide ma mère à travers le barrage de chauffeurs pour nous trouver un taxi au plus vite! Sous le choc, elle me suit silencieuse, absorbant chacun des détails de son entourage avec la même expression qu'un client d'un spa à qui on ordonne d'aller se jetter sous la chute glaciale après une demi-heure de bain tourbillon. Ce n'est pas très zen tout ça... Trop excitée de voir Shannon et mon ancienne université, je presse ma mère qui n'en est pas encore revenu de son premier kiosque de chacuterie à l'air libre et la tire par la manche vers le premier taxi libre. Malgré la crasse, la chaleur et le bruit assourdissant des klaxons, je ne peux m'empêcher de sourire sans retenue. J'ai passé tellement de moments forts et inoubliables à Shangqiu que la seule odeur distincte de la rue me transporte dans mes souvenirs. En chemin vers l'université, je pointe plusieurs endroits pour ma mère qui n'a pu, jusqu'à maintenant, que les imaginer. Le salon de massage, les KTV, l'épicerie ''Dennis'', le cinéma... et la grande barrière devant l'université. D'un seul mouvement, je me catapulte à l'extérieur du véhicule et observe le va-et-vient des étudiants qui procèdent d'une seule vague, vers la rue pour s'acheter leur déjeuner. J'ai envie de courir dans toutes les directions pour explorer mes endroits préférés autour de l'université, mais le poids de mon sac à dos extra-large me ramène à la réalité. Premier arrêt: Trouver Shannon.

Nous traversons ensemble la barrière sous l'oeil curieux du garde de sécurité qui doit bien se dire: ''Messemble que je l'ai déjà vu quelque part celle-là''. En chemin, j'en profite pour tenter de trouver quelconques changements aux bâtiments, mais tout semble pareil. Avant même de pouvoir prendre la première courbe vers la maison, j'entend un grand cri: ''ANDY!! You guys made it!!''. Shannon fonce vers nous sur sa bicyclette et s'arrête à notre hauteur sur la route. ''Wow, I can't believe you are here...'', ''Me neither man, me neither...''. Nous nous observons pendant quelques minutes, passant les commentaires d'usages sur l'allongement de notre chevelure respective, les bienfaits de l'air canadien sur ma peau et mes premiers impressions du retour à Shangqiu. ''Dude I can't believe how disgusting this place really is!'', que je lui lance, pince sans rire, sachant très bien qu'elle compte déjà les ''dodos'' avant son retour au Canada dans les prochains mois­. En chemin vers ''la maison'',  nous croisons le petit chien bâtard qui m'accompagnait tous les jours jusqu'à la porte de mon appartement et j'aime bien penser que le petit regain d'énergie qu'il déploie en nous voyant est signe que mon odeur lui rappelle quelque chose... (ou c'est peut-être les gâteries canines dans les poches de Shannon). Nous empruntons le premier chemin à droite pour passer devant mon ancien appartement et je remarque avec humour que les voisins ont profité de mon absence pour faire avance leur projet d'agriculture entâmé l'année précédante. Le nombre de petits enclos a décuplé et plusieurs autres spécimens fermiers se prélassent dans leur cages. Sacrés chinois...

Je m'arrête un instant devant les marches de mon bâtiment lorsqu'une envie soudaine de retourner à la ''maison'' me prend. Après deux longues semaines de voyage et valises, j'ai tellement envie d'aller m'allonger sur mon divan de bois et de regarder un bon film, une géante Tsingtao à la main... mais une nouvelle famille habite maintenant mon appartement, les deux parents, la tante et les deux enfants, tous entassés dans mon petit logis douteux. Pauvre eux, j'espère qu'ils ont fait réparer les portes d'armoires!

Pour la première fois depuis que nous avons quittés le train, je commence à douter du bien fait de notre retour à Shangqiu. À la joie d'être de nouveau réunie avec mes amis se mélange la tristesse d'ouvrir de nouveau les plaies du départ que j'avais soignés pendant mon année à Québec. Autour de moi, tout se trouve au même endroit, mais plus rien n'est pareil.  Cette fois-ci, je suis véritablement l'étrangère.

Je suis tirée de ma rêverie par ma mère qui s'exclame de la grandeur des lacs qui bordent les appartements. Je rigole en me souvenant des nombreux animaux morts que j'ai vu flotter à la surface de leurs somptueux ''lily ponds'' et je réalise que c'est exactement ce qui justifie mon retour à Shangqiu: Afin de rendre cette expérience tangible et moins personnelle, j'avais besoin que quelqu'un d'autre soit témoin de tout ça. Qu'elle le voit de ses propres yeux et que je puisse toujours me remémorer cette expérience de ma vie en discutant avec l'autre personne qui sera aussi allée vivre l'atmosphère unique de la campagne chinoise. Parce que croyez-moi ce n'est pas ce qu'on voit sur les brochures de l'Université!

Finalement, nous poussons la porte de l'appartement de Shannon où Brett tout souriant nous accueille chez lui. Je pose mon sac sur le sol, fais un calin à leur chat Scrubs et m'enfonce dans le divan pour vivre chacune des minutes à Shangqiu.    

Monday, July 16, 2012

Zhengzhou: Chassez les habitudes...

Finalement, Zhengzhou avait une deuxième chance de faire une bonne impression... Après m'avoir traumatisé à maintes reprises lors de mes excursions éclaires au magasin international, la capitale du Henan pouvait finalement prouver à un membre de la famille Clot qu'elle n'était pas la mégapole crado, suintante et artificielle qu'elle l'avait laissé parraître l'an dernier. Après tout, la réputation des habitants du Henan, aux quatre coins de la Chine, était qu'ils étaient particulièrement hostiles et racistes. Donc sans aucun préjugé, ma mère arrivait avec l'esprit ouvert, ayant même peut-être un peu romancé les lieux de mon histoire en Chine et elle voulait trouver du positif à la seule grande ville si près de notre but: Shangqiu.... en fait, peut-être étais-je de mauvaise foi? Ou que l'opinion forte de Shannon m'avait empêchée d'apprécier la ville? Zhenghzou recommençait alors à  zéro... et ça ne tiendrait que jusqu'au trottoir devant l'aéroport!

Franchement épuisée d'une journée de vol, de transport et même d'un peu d'abus à Xi'an, j'étais fin prête à mettre l'épisode gastro loin derrière moi et d'apprécier mes véritables retrouvailles chinoises. Entousiastes à l'idée de faciliter notre entrée dans le centre-ville, nous avions décidé de sauter dans le premier bus de touristes de l'aéroport... n'ayant aucune idée d'où il allait et de quelles contorsions logistiques nous allions devoir effectuer pour trouver notre lit.

Minuit, j'entre dans le bus:
- Hello, we are trying to get to the train station, is this bus going close to there??

Mais avant même que le chauffeur ne puisse répondre à ma question, un grand imbécile éclate de rire et répète en criant: ''TA SHOUA GONG GONG XIE CHE!!! HAHAHAHA (elle a dit l'autobus! haha)''... Il s'esclaffe pendant de longue minutes, s'étouffant pratiquement dans son sac de Pringles chinoises et distrait le chauffeur confus qui se maudit d'avoir manqué la blague de l'année. N'ayant toujours pas obtenu l'information recherchée, je retourne bredouille prendre place dans l'autobus, préférant conduire jusqu'à l'autre bout de la ville que de devoir confronter un autre de ses charmants citoyens. Je peux maintenant le confimer: Dans le Henan, les gens sont véritablement plus cons!

Lorsque l'autobus arrive plus proche du centre-ville, ma mère est surprise par la quantité de néons qui illuminent la ville. Chaque hotel, KTV, restaurant, lampadaire est décoré de faisceaux lumineux multicolores, donnant l'impression au touriste ébloui que l'autobus débouchera à tout moment sur la Vegas Strip!  Mais ce n'est que tappe à l'oeil et telle la mouche qui s'approche trop près de la lumière, les touristes restant jusqu'au lever du soleil se brûleront assurément à la triste réalité de Zhengzhou à la lumière du jour... à condition qu'ils arrivent à la voir à travers le rideau de smog bien entendu! Comme un poète célèbre l'a déjà dit: ''You can paint a turd gold, but it's still a turd''.

Finalement, un chauffeur de taxi nous dépose devant notre hôtel où nous laissons nos sacs avant d'aller récupérer nos billets de train pour Shangqiu. À juger par la quantité de gens présents dans la gare de Zhengzhou, on arrive difficilement à croire qu'il est 1h du matin. En fait, il y a tellement de gens dans la petite salle que j'anticipe à tous moments le début d'une flash mob sur l'air de  ''Everybody was kung-fu fighting!''. Nous faisons donc la queue en regardant loin à l'avant, mais la vitesse avec laquelle avance la ligne est de mauvais augure pour notre nuit de sommeil réparateur.

Après quelques minutes d'attentes, un bruit strident de sirène se fait entendre et paniquée, je cherche des yeux la sortie de secours la plus proche en préparant mon sprint... mais l'origine du bruit se fait connaître quand le garde de sécurité s'arrête à deux centimètres devant un fumeur rebel et lui siffle à la gueule, espérant sûrement effrayer la cigarette des mains de l'homme... je vous dis que les gens ne sont pas nerveux dans le coin. (Ce doit être parce qu'ils attendent toujours le signal du flash mob...) Finalement, la caissière nous tend nos deux billets pour le train de 6:00 am et nous retournons nous coucher à l'hôtel.

Ce soir là, je m'allonge dans le noir pensant au lendemain, incapable de dormir. Comment sera la ville? Est-ce que je m'y retrouverai? Et mes amis auront-ils changé? Le moment de vérité était finalement arrivé...  

Friday, June 15, 2012

Xi'an: Prise d'otage à la chinoise

Pour la première fois dans l'histoire de mon blogue, je vais demander à ma mère de collaborer le récit de sa journée à Xi'an parce que de mon lit, je dois dire que je n'ai pas vu grand chose de mémorable. Une superbe bouteille de Gatorade sur ma table de chevet, mon vieux t-shirt humide et peut-être le contour de la toilette... mais ce n'est pas ce qui font les grandes histoires! Elle pourra donc vous raconter sa balade à vélo et ses impressions de la ville.

 (...) La journée de Christiane, à venir!

En fin de journée, nous n'avons d'autres choix que de quitter la chambre d'hôtel car notre vol de soirée pour Zhengzhou décolle dans quelques heures. Mais avant de prendre l'avion, nous voulons nous arrêter au Yangling Mausoleum car plusieurs guides touristiques l'annoncent comme un musée qui rivalise avec les guerriers de Xi'an. En fait, cette tombe est l'endroit de repos de l'Impériatrice Wang qui a aussi fait construire une véritable armée de petites figurines en terre cuite et d'animaux d'environ 1 pied chacune. Toutes ses statuettes sont cordées dans de petites tranchées et le musée permet aux visiteurs de marcher au dessus des fosses sur des planchers en verre. La visite en vaut véritablement le détour, mais sa distance avec le centre-ville en fait un endroit beaucoup moins prisé par les visiteurs. Le meilleur moyen de s'y rendre est donc d'aller directement à l'aéroport et de trouver un taxi sur place pour nous y conduire... plus facilement dit que fait en tout cas!
Nous nous débarrassons donc de nos gros sacs à la consigne et rejoignons les chauffeurs dans la lignée pour prendre le prochain véhicule disponible. Cependant, dès que je montre le nom de l'attraction au premier chauffeur, il me dit que nous allons devoir le payer 200 Yuan pour la balade en taxi! ''Ahhh.... you MUST be joking buddy!'', que je lui réponds en chinois. Quel usurpateur de première classe! Je regarde les autres chauffeurs pour en trouver un plus raisonnable, mais ils se sont clairement passé le mot! Personne ne bouge alors telle une fillette qui vient de se faire voler la meilleure partie de son lunch par le voyou de la classe, je décide d'aller ''le dire'' aux autorités. Si c'est une scène qu'ils veulent, c'est ce qu'ils auront! (ou un geyser de matière biologique dans leur pare-brise, gracieuseté de ma gastro qui pourrait bien se rendre utile pour une fois!)

À quelques mètres plus loin, je repère deux policiers qui s'occupent de la circulation et leur demande de bien vouloir m'aider. Notre conversation chinoise se passe comme suit:

- Ni hao, we go to Yangling Mausoleum. The taxi... they don't go... they say 200 yuan... Not ok! Please help!

Et j'accompagne le tout d'un généreux battement de cils qui me donne sûrement l'air d'un gros bovin malade, mais ça fonctionne! Le jeune policier m'escorte vers le même chauffeur et le force à nous conduire en me glissant une petite carte en mandarin dans les mains. Nous prenons place triomphalement dans le véhicule tout en regardant le chauffeur d'un air de dire ''AH! Dans les dents grosse nouille!''. Hélas, dès qu'il quitte le parking des taxis, il se met à marchander avec moi pour le prix de la course. ''Ok, 100 Yuan'', qu'il me lance d'un air de dire ''This is not over!''. Je tiens prise: ''No, meter.'' que je lui réponds en baissant moi-même la machine. Pendant qu'il manoeuvre dans la sortie de l'aéroport, j'observe la carte donnée par le policier en me demandant bien ce qu'elle veut dire?! D'un seul mouvement brusque, le chauffeur décide de me l'arracher des mains et la glisse dans la pochette de sa portière. Choqué, je lui ordonne de me la redonner. ''No, 70 Yuan!''. Ohhhhhh buddy... tu n'as pas choisi la bonne fille malade pour jouer à ça! Je l'ignore et regarde à l'avant.

Pendant tout ce temps, ma mère commence à s'inquiéter qu'il va nous déposer au beau milieu de la desserte de l'autoroute où il conduit comme un débile mental pour nous donner une bonne frousse. À ce moment de la journée, il n'y a pratiquement aucun autre taxi sur la route et la possibilité de nous retrouver à pied dans les champs n'en tient qu'à la volonté du chauffeur agité. Il continue à tenter de me faire accepter un prix - je joue à la sourde d'oreille, tout en me concentrant pour ne pas renvoyer dans son taxi... remarque que ça lui ferait probablement une bonne leçon! Quelques minutes plus tard, alors qu'il conduit dans la voie inverse face à une voiture, une idée de génie traverse mon esprit. En faisant de grands mouvements exagérés, je sors ma caméra de son étui, ajuste le focus et prends plusieurs photos de sa licence accrochée sur la boîte à gants. ÇA, il comprend et il fait immédiatement ralentir le véhicule. Nous ne sommes tout de même pas à bout de nos peines, car je n'ai aucune idée où nous allons et il peut très bien décider de conduire jusqu'au centre-ville et de retour au musée pour faire monter le prix sur le compteur. Je scrute les pancartes de l'autoroute pour trouver un indice de notre position, mais rien n'est vraiment très clair.

Dix minutes plus tard, il tourne sur les chapeaux de roues dans le stationnement du musée et s'arrête dans un nuage de poussière devant la porte. Je regarde le montant sur le compteur et sors lentement les billets alors que son regard furieux perce des trous dans le côté de ma tête. Avant de lui remettre le prix de la course (30 Yuan pour votre information...), je pousse ma témérité à lui demander ma petite carte qu'il garde en otage, me doutant bien qu'elle a une quelconque importance et qu'il vaut mieux lui donner encore plus la frousse qu'il aura une plainte à son dossier... Ça le fera réfléchir à deux fois avant de flouer d'autres touristes! Saines et sauves (mais avec tout de même une bonne frousse) nous quittons le véhicule en vitesse et remarquons que le chauffeur stationne son véhicule quelques mètres plus loin... attendant probablement notre sortie pour que nous le suppliions de nous ramener à l'aéroport. Il n'est pas fou et cet endroit reculé est l'emplacement idéal pour prendre au piège les touristes avec une grande gueule qui espèrent se tirer honorablement d'une mauvaise situation. Il sait très bien que s'il attend quelques heures, il pourra nous charger un montant astronomique pour que nous retournions à l'aéroport à temps pour notre vol...

C'est donc avec ce nuage noir planant au dessus de notre tête que nous allons explorer le musée. Tel que promis, l'attraction en vaut véritablement le détour et l'éclairage tamisé (pour ne pas dire complètement noir sauf pour quelques spots à des endroits stratégiques) de l'exposition, nous donne l'impression de faire partie des artefacts de la tombe. En marchant sur les planchers de verre, nous avons une vue plongeante sur les statuettes et l'attention portée aux petits détails en est presque lugubre. Le clou du spectacle est un court film où des hologrammes (Oui! Oui! Comme dans les films de science-fiction!) nous racontent la montée au pouvoir d'une jeune concubine ayant gravi les rangs de l'autocratie chinoise, envers et contre tous, pour finalement devenir la seule impératrice de toute l'histoire de la Chine et régner sur l'entièreté du territoire pendant un demi-siècle! Ce musée est donc son tombeau mais aussi le témoignage de sa montée fulgurante au pouvoir. Le spectacle a lui seul est incomparable et laisse présager la qualité de divertissement qui sera bientôt à nos portes... oubliez les films en 3D, c'est déjà désuet!

Une tranchée vue du plancher de verre

Quelques statuettes et des animaux

Les archéologues au travail
Malheureusement, notre visite tire à sa fin et c'est sans aucune autre option, que nous quittons le lieu d'exposition pour tenter de retourner à l'aéroport. Comme de fait, le conducteur vindicatif nous attend toujours et nous décidons de marcher une bonne centaines de mètres pour tenter notre chance et trouver un autre conducteur un peu plus loin.  La chaleur de fin d'après-midi est lourde sur mon corps qui combat toujours sa gastro et j'ai peur de manquer d'énergie pour livrer une dernière bataille... si nécessaire. C'est ma grande gueule qui nous a mis dans cette situation et je compte bien nous en sortir de la même manière! Plus loin, nous repérons un jeune homme qui surveille l'entrée du bâtiment d'archéologie et je lui demande s'il peut nous aider à trouver un taxi. Contre toute attente, il nous indique de le suivre et nous reconduit à pied... jusqu'à l'entrée du musée! Merrrrrrdeeeeee.

Rendu là, il apostrophe un autre conducteur qui attend, près de son véhicule, ses clients qui explorent le musée et lui demande de bien vouloir nous amener à l'aéroport. Ne voulant pas trop pousser notre chance, nous nous entendons sur un tarif de 50 yuans et c'est bien soulagée que nous montons dans le véhicule, laissant derrière nous le chauffeur frustré qui n'aura pas la satisfaction de nous escroquer quelques centaines de yuans. Étrangement, dès que le véhicule est en marche, je remarque qu'il n'a pas arrêté le compteur et que les pauvres touristes qui regardent l'exposition sans se douter de rien, devront payer pour notre course à l'aéroport dans leur tarif... oups. Leçon bien apprise, si vous demandez à un taxi de vous attendre à la sortie d'un lieu touristique, assurez-vous de bien prendre en note le montant sur le compteur avant de partir visiter!

Finalement, tout est bien qui finit bien! Nous prenons notre vol pour Zhengzhou quelques heures plus tard, classant dans ''expérience de vie durement apprise'' notre mésaventure de la journée. Je laisse donc à Xi'an tous les mauvais souvenirs de ma violente gastro et espère retrouver un peu de mon entrain à Shangqiu! Plus que quelques heures avant de voir Shannon et Brett, de refouler les terrains connus de l'Université... et de manger le meilleur poulet Kung-Pao de toute la Chine!


 N.b: Mesdames, je vous implore tout de même de faire preuve de prudence lorsque vous voyagez seule... je vous déconseille fortement de tenir tête à quelqu'un si vous vous retrouvez dans un endroit isolé ou que l'individu en question semble particulièrement agressif. Quelques yuans de plus ne feront jamais une grande différence pour vous, mais personne n'est à l'abri de mésaventures dangereuses. Heureusement pour moi, mes gênes m'ont dotée d'une carrure me permettant d'épauler (héhé...pun!) ma grande bouche, et nous étions tout de même en avantage numérique! ... Ceci dit, les touristes méritent quand même de se faire traiter avec respect et équité et c'est notre responsabilité d'enrayer les arnaqueurs quand l'opportunité se présente!          

Xi'an: Adieu monde cruel!

Un vrai déjeuner de champion nous attend au restaurant de l'auberge de Xi'an au matin de notre visite de l'armée de guerrier: des oeufs, des toasts, du bacon et même quelques pommes de terres bien grasses. Au diable les calories, nous avons bien besoin de reprendre un peu de forces après notre jeûne forcé de Lijiang. En terminant de lécher la dernière goutte de gras de patate sur ma fourchette, j'en profite pour partager avec ma mère l'itinéraire de la journée. En matinée, nous irons voir les guerriers et nous passerons l'après-midi à faire du vélo autour des fortifications de la ville. C'est un plan gagnant - il a été testé en mai 2011 par votre plus humble serviteur et je mets au défi n'importe qui de ne pas tomber amoureux de Xi'an après une telle journée!

Presque trop facilement, nous nous glissons dans un autobus à deux étages pour rejoindre la station de train de la ville et observons avec émerveillement alors que le véhicule emprunte le rond-point qui tourne autour de la Drum Tower. Le carrefour giratoire à 4 voies n'est pas sans rappeler la route autour de l'arc de Triumphe, oùla confusion semble moins flagrante car les voitures ne doivent pas couper 4 lignes de trafic, 2 rangées de bicyclettes et 5 gendarmes qui font la circulation pour sortir! Finalement arrivées à la station de train, nous coupons la foule de voyageurs qui se font dorer au soleil pour marcher jusqu'aux autobus. Entre le McDonald sur le coin, la station de train et les arrêts d'autobus, ce petit square public est bondé et chaque centimètre est occupé par un ouvrier chinois crado en chienne de travail appuyé sur son gigantesque sac de ... euh ... aucune idée, mais ça semble être une ex-poche de riz format Costco, remplie à capacité de quelque chose de léger. (Naik, des idées?!). Bref, ce n'est que lorsque je me mets véritablement en mouvement que je réalise qu'une barre imaginaire traverse mon estomac et m'empêche de rester confortablement à la verticale. Quelque part, quelque chose ne passe pas et mon petit déjeuner est véritablement pris dans le trafic beaucoup trop loin de mon estomac pour que ça soit sécuritaire. Afin de rester debout,  je dois légèrement sortir les fesses et plier mon dos, pour ne pas que mon corps décide de tout réexpédier d'où ça vient!

Alors que j'explique à ma mère le chemin à emprunter pour nous rendre aux guerriers, j'entends une petite voix murmurer silencieusement dans ma tête: ''Ohhhh tu l'as attrapé.... ça s'en vient!''. Et moi de répondre: ''Non... NON... JE REFUSE... la semaine prochaine ok, mais là j'ai pas le temps!!!'', mais ai-je vraiment mon mot à dire dans tout ça!? Nous regardons le paysage par la fenêtre du bus alors que nous quittons rapidement le centre-ville de Xi'an. Les guerriers se trouvent environ à 1h d'autoroute à l'Est de la ville alors nous en avons pour un bon petit moment à nous faire bardasser sur le siège arrière. Rebondissant sur notre vieille banquette au rythme du moteur, je décide d'utiliser intelligemment ce temps pour vaincre la maladie par la pensée. C'est simple, je refuse tout simplement d'être malade, mais je n'ai pas affaire à une simple grippe de faible, mais bien à une gastro évolué qui vit et se nourrit de mon système immunitaire depuis maintenant quelques jours... Je n'ai aucune chance.

Après ce qui semble être une éternité, nous arrivons aux guerriers et profitons du calme matinal pour faire le tour du site. Ma mémoire ne m'a pas joué de tours, c'est aussi magique que ce dont je me souvenais et encore plus impressionnant. C'est agréable de pouvoir commenter ce que nous voyons ensemble et regarder chacun des petits détails. Cependant, quelque part près du 2e ''pit'', la barre que j'ai dans l'estomac m'assène un gros coup de poing dans le ventre me forçant à me plier en deux devant la balustrade. J'encourage ma mère à continuer sa visite alors que je trouve un petit banc pour me replier sur moi-même avec un minimum d'effort. Je dois me rendre à l'évidence: ''Ça s'en vient... et vite!''. Après avoir observé les ruines, ma mère me rejoint pour évaluer l'ampleur de ma propre décomposition et nous concluons que la visite se terminera en vitesse.

Lorsque nous sommes finalement dans la plus grande salle avec tous les guerriers, je n'arrive qu'à faire quelques pas avant de devoir me plier en deux pour atténuer les crampes. Sérieusement, je commence à croire qu'un petit Alien chinois va se pointer par mon nombril d'une minute à l'autre! (Vous l'imaginez sortir d'un seul coup de mon ventre, crier ''Ni HAO!!'' et s'échapper à travers la foule sur ses petites jambes... classique). En tout cas, nous observons pendant de très longues minutes chacun des guerriers, ma mère se forçant pour ''faire ça vite'' alors que de mon côté, j'endure du mieux possible en silence pour lui permettre d'apprécier son expérience. Heureusement pour moi, ma mère vient de vivre cette maladie bleue alors elle comprend ce que je vis et avant qu'elle ne doive me porter jusqu'à l'auberge, nous sommes en route vers l'autobus.

 ---------------------------------------- parenthèse ''trop de détails'' -----------------------------------------------

Avant d'écrire mon blogue, je me suis promis de raconter du mieux possible nos épisodes respectifs de gastro, partageant un nombre égal de détails... car avouons-le, c'est quand même cocasse, mais maintenant que j'ai tout dit sur ce qui s'est passé avec ma mère... il ne me reste aucun autre choix que de...
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''Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh.... maman, je te retrouve tantôt'', ai-je à peine le temps de crier alors que j'effectue un sprint vers la salle de bain publique. Heureusement pour les buissons avoisinants, je sais où se trouvent les toilettes et j'enfonce la porte de la première cabine (Dieu merci, il n'y a personne à l'intérieur) alors que mon ''Dedans'' se transforme (très) rapidement en ''Dehors''. Pendant quelques minutes, je ne suis même pas certaine d'être encore humaine alors que des sons terrifiants sortent de ma gorge et que je fais la meilleure immitation de Linda Blair de l'Exorciste jamais réalisée. Soyons honnêtes, même avec un habit complet de peintre, un capuchon et des lunettes de protection, ça ne serait pas suffisant pour gérer ce qui se passe dans cette cabine! (''Yark'', vous dites? Oui, oui, je sais... j'y étais!)

Avec la même expression qu'un apprenti gardien de zoo qui nettoie pour la première fois la cage des éléphants, je sors traumatisée de la salle de bain pour trouver ma mère qui relaxe près de la fontaine du site. ''Alors...?'', me demande-t-elle inquiète. ''Ouf crois-moi maman, tu ne veux pas savoir!''. Elle me tend MA bouteille d'eau et nous continuons notre marche vers le véhicule alors que la réalité du trajet jusqu'à la maison commence tranquillement à me rejoindre. Une heure... dans un autobus qui brasse... avec la gastro... FML!

À notre grande surprise, le bel autobus climatisé, que nous avions pris pour arriver au site le matin, ne se trouve pas dans le parking et à sa place est stationné un très très vieux véhicule chambranlant qui récupère les touristes pour Xi'an. Au risque de vous surprendre (!?), je n'ai pas TELLEMENT envie d'attendre pour un autre moyen de transport alors nous prenons une chance pour revenir en ville le plus rapidement possible. Optimiste, je me dis que la majorité du contenu de mon estomac... n'est plus dans mon estomac... alors nous devrions être bonnes pour éviter les arrêts en chemin... mais c'est ma conclusion AVANT d'être témoin de la conduite du chauffeur. À tous les dix mètres, il s'arrête d'un coup sec pour apostropher n'importe quel passant et lui demander s'il veut aller au centre-ville: Les enfants qui marchent le long de la route, les pépères qui jouent au Majong, les familles en scooter, le paysan dix kilomètres plus loin dans son champ... personne n'évite la vente à pression de notre joyeux conducteur qui tente sans succès de remplir le véhicule. Chaque arrêt me projette dans le banc en face et fait danser le peu de liquide que j'ai réussie à absorber depuis mon dernier ''arrêt pipi''. Pendant ce temps, ma mère s'amuse avec une petite fillette chinoise qui voyage avec ses parents et qui se demande sûrement pourquoi ''l'étrangère à gauche est verte?!''. À grands coups de respiration profonde, je gère chacun des soubresauts du véhicule, mais quand finalement Xi'an est en vue, c'en est trop et je me vois forcée d'utiliser mon petit sac en plastique de take-out que je traînais dans ma poche depuis les guerriers. GRRRRRRRRRRREEEATT... je pense d'un seul coup en tentant de faire tout ça silencieusement... malheureusement, cette fillette se souviendra longtemps de sa rencontre avec les étrangères...

Au moment de quitter le véhicule, je me retiens de toutes mes forces pour ne pas balancer mon sac de... vous savez quoi... à la tête du conducteur et suit ma mère jusqu'à un autre autobus de ville pour retrouver mon petit lit de l'auberge. À ce moment-ci, je vois pratiquement des points noirs partout et je traîne difficilement mes espadrilles le long de la rue qui longe les fortifications de Xi'an. Disons seulement qu'heureusement que c'est ma mère qui a été malade dans le Tiger Leaping Gorge, car voyant ma réaction à la maladie, j'y serais encore couchée en position foetale, le long d'une roche, à attendre la mort.

La gastro chinoise ce n'est vraiment pas matière à rire et je me glisse entre les couvertures de mon petit lit de douleur en imaginant difficilement qu'il y aura des jours meilleurs. ''Bon Andréanne, je vais faire du vélo. On se voit tout à l'heure?!'', m'informe ma mère soulagée de m'avoir menée à destination en un seul morceau mais quand même pressée d'aller explorer la ville. Je ne peux quand même pas lui en vouloir, je vomis beaucoup trop régulièrement pour être d'agréable compagnie en ce moment! ''Ohhhh oui... ne t'inquiète pas, je ne bouge pas...'', que je lui réponds faiblement en tirant le drap sur ma tête.

Au moins, si on peut donner un compliment à ma maladie, c'est qu'elle semble avoir un bon sens du timing, car je ne manquerai rien à Xi'an que je n'ai pas déjà vu. ''Il y a au moins ça...'' que je me dis pour me consoler en m'endormant finalement... 

Tuesday, June 12, 2012

Lijiang - Xi'an... c'est aussi facile que ça!

C'est bien beau Lijiang et ses cow-boys, mais selon l'horaire que nous trimballons dans notre sac à dos, notre dernière semaine nous amènera à l'est du pays (Xi'an, Shangqiu, Pékin) et nous nous voyons obligées de passer la journée suivante dans les transports. Dans un film d'action, on verra une belle carte de la Chine et un petit avion qui parcours tout le pays sur un trait pointillé (et je vous invite fortement à vous l'imaginer de cette manière, c'est beaucoup plus poétique), mais malheureusement pour nous, pour mettre les pieds à Xi'an, il faut quitter Lijiang à l'aube, prendre un vol jusqu'à Kunming... puis un autre vol jusqu'à Xi'an et ensuite trouver le centre-ville en autobus. Et tout ça en une seule journée... OUF! Au moins, on ne pourra jamais me reprocher de ne pas avoir maximisé notre temps en voyage! Un peu plus et les arrêts-pipi seront chronométrés et catalogués sur un ''spread-sheet'' Excel! 

Bref, je vous épargne les détails qui sont, pour une fois, sans rebondissement et vous donne les grandes lignes:

- Kunming: Toujours aussi paradisiaque... même après avoir passé une heure à zig-zaguer à pied dans le parking de l'aéroport pour trouver la sortie et un petit restaurant pour dîner. Moi: Une grosse assiette de porc épicée, du riz, du cola. Ma mère: Du riz... mais la digestion est maintenant à sens unique alors nous sommes sur le chemin de rémission!

- Xi'an: Dès notre sortie de l'aéroport, nous trouvons un autobus qui nous déposera en plein milieu du centre-ville alors sans trop d'efforts nous suivons la foule jusqu'à l'intérieur du véhicule. Ma mère, qui vit son premier contact avec la Chine reculée (et c'est quand même Xi'an... donc pas trop rustique) reste sans voix devant l'étendue sans fin de blocs appartement en constructions. À gauche, à droite, devant nous... l'horizon est obstruée par les grues et camions qui se démènent pour ériger le 1000e bâtiment qui restera sûrement vide pendant plusieurs longues années. La campagne chinoise vit un boom immense dans l'immobilier, mais l'influence traditionnelle voulant que toute la famille habite sous le même toit familial empêche les jeunes couples de prendre leur propre logis. À cette vitesse, l'économie roule, car les gens travaillent, mais rien ne se vend et rien ne s'occupe!

(Si le sujet vous intéresse, jettez un coup d'oeil à un article que j'ai écrit pour LaPresse:  http://www.lapresse.ca/debats/votre-opinion/201109/03/01-4431384-le-fosse-selargit.php ... pardon pour la ''plogue'' mais c'est exactement ce qui se passe à Xi'an!)

En chemin, nous aperçevons plusieurs accidents (camion vs camion, voiture vs camion, autobus vs vélo... c'est sans fin!) et sommes un peu surprises de finalement trouver l'endroit où la conduite des gens ne semble par avoir d'homogénité dans sa nulité! Je sacrifie donc un peu de ma popularité au profit de la dure vérité, mais appelons un chat, un chat: Les vrais chinois sont à chier au volant! Généralement, ça circule dans l'harmonie car tout le monde baigne dans le même niveau de conduite poche (on s'évite, on monte sur le trottoir, on ferme les yeux), mais à Xi'an, on dirait bien qu'il y a une nouvelle mutation d'encore PLUS mauvais conducteurs qui percutent les mauvais conducteurs de première génération à tous les coins de rues! Avec leurs cellulaires, Ipod, Iphone, Ipanda, ils ajoutent un autre niveau de difficulté à leur maîtrise chambranlante du volant, alors tout le monde... entre dans tout le monde! Bref, ne conduisez jamais à Xi'an et placez toujours près de la rue la personne que vous aimez le moins dans votre groupe lorsque vous marchez sur le trottoir! 8 fois sur 10, elle recevra une Honda en plein visage!

C'est donc après avoir longé le mur de la ville que nous avons trouvé notre auberge: Le Xi'an International Youth Hostel est une très grande bâtisse avec une impressionante cours intérieur et un grand bar. Mon retour à Xi'an semble marquer le début de la partie ''Nostalgie'' de mon voyage, car tous les souvenirs de ma visite avec Adam me reviennent en foulant les rues de la métropole. L'an dernier, nous étions en chemin vers Huangshan et prêt à tout pour faire de notre visite un moment extraordinaire. Cette fois-ci, la pression n'est pas la même, car je sais que l'Armée de guerriers en terre cuite saura impressionner ma mère peu importe ce que nous avons à l'horaire pour le reste de notre séjour... et ça tombe justement très bien, car je commence vraiment à avoir chaud et étrangement un peu de sueur froide perle sur mon front...