Monday, May 14, 2012

Un bus ou un autre c'est pareil!

A priori tout avait bien commencé: nous étions descendues de la montagne jaune et au centre d'accueil, tel que prévu, il y avait un autobus qui nous attendait pour nous ramener à Tangkou. Ce qui n'était pas prévu, c'est que le chauffeur avait d'autres plans que de conduire jusqu'à la ville et qu'il a plutôt décidé de nous déposer à un quelconque terminus d'autobus en chemin. Heureusement, nous n'étions pas seules... il y avait deux jeunes Chinois avec nous, mais lorsqu'ils se sont retournés vers moi pour me dire: ''Is okay! We take you to Hangzhou'', j'avais de la difficulté à le croire. C'est qu'ils ont parfois la fâcheuse habitude de jurer avoir la situation en main et de savoir ce qu'ils font... jusqu'à ce qu'ils se retrouvent à 3h de leur profit, alors que leur cellulaire est mort, qu'ils ont faim, qu'une roche se trouve logée dans leur soulier et qu'ils n'ont d'autres choix que d'avouer qu'ils ne savaient peut-être pas.. trop trop... ce qu'ils faisaient en fin de compte. Et de dire que le terminus d'autobus était repoussant est vraiment trop flatteur pour cette bicoque insalubre, parsemée de quêteux et de crottes de chien qui se trouvaient devant nous. Franchement, il devrait y avoir une pétition à signer pour inclure ce type d'établissement dans les films d'horreur, car ils sont véritablement une source infinie d'angoisse et de frayeur.

Bref, après être descendues du véhicule sous l'oeil impatient du conducteur, qui a gesticulé dans notre direction en s'adressant aux deux gars en mandarin: ''Bon, vous me réglez tout ça les mecs, je dois retourner de toute urgence chez moi fixer le mur beige de mon salon?!'', nous avons suivi nos deux nouveaux amis jusqu'au guichet de l'établissement pour nous trouver des billets. Le jeune m'a alors expliqué qu'il n'y avait pas de bus pour Tangkou, mais que nous pouvions les suivre à Huangshan, où ils nous guideraient jusqu'à Hangzhou. Hummm... et c'est EXACTEMENT dans des moments comme ceux-ci que je ne me réjouissais pas d'être en charge du voyage. Personnellement, je ne m'en voudrais jamais trop longtemps si je me gourais dans mes directions et me retrouvait perdu au beau milieu d'un champ, mais de devoir porter la responsabilité d'une autre personne sur mes épaules me faisait remettre en question mes décisions.

Me retournant vers ma mère, je lui jetai le même regard que j'avais sûrement à 5 ans de ''Maman qu'est-ce qu'on fait'' alors qu'elle se tournait vers moi pour me demander ''Bon! Chef, quelle est la décision?''. -------- Parenthèse ---------- Voilà donc le problème de voyager avec sa mère, car ayant été avec une copine ou un gars, je lui aurais sûrement dit ''C'est ça qui est ça et si on se perd et que t'es pas content(e), t'avais juste à apprendre le mandarin toi aussi, BON!''... et ensuite, j'aurais pu aller pleurer dans les jupes de ma mère qu'on s'était perdue et que c'était terrible, mais en voyageant avec elle, les jupes étaient beaucoup trop proche et je devais résister à l'envie de m'y cacher chaque fois qu'il y avait quelque chose de contrariant! Ça ne serait pas juste pour ma mère qui se retrouverait sans défense en Chine à prendre des décisions à l'aveuglette. Je nous avais mis dans ce pétrin alors je nous en sortirais!------------ Fin de la parenthèse --------

''NOUS IRONS À HUANGSHAN AVEC LES CHINOIS'', m'écriai-je avec détermination, ayant figurativement mouché la morve coulant au nez invisible de petite fille de ma confiance personnelle. Ayant saisi nos billets, nous nous sommes dirigés vers la caravane de gipsy - qu'ils appelaient ''autobus'' dans cette contrée lointaine - où nous avons déposé nos postérieurs sur la banquette tâchée alors que la mémé du rang arrière faisait une crise cardiaque silencieuse en nous voyant. En attendant le départ, le silence entre nous était palpable, ne voulant ni l'une, ni l'autre exprimer la première opinion sur notre moyen de transport. Ma mère a finalement brisé la glace en riant: ''Et bien... c'est authentique!'' ce qui m'a tout de suite fait exploser de rire... et oui, il n'y avait vraiment aucun autre mot pour décrire notre situation, parce qu'entre le travailleur couvert de suie qui nous regardait par la fenêtre (je pensais que les ramoneurs tout noirs ça n'existait que dans les films de Walt Disney!) et la femme qui vomissait son déjeuner devant le véhicule, nous n'aurions jamais pu imaginer un tel scénario de notre propre initiative! Seulement en Chine...


Pout...pout...pout... nous étions parties et nous allions devoir subir les soubresauts de la caravane pendant la prochaine heure et demie, jusqu'à Huangshan. Du coin de l'oeil, je surveillais la femme en prise avec de sévères nausées de peur qu'elle aie une autre explosion de Krakatoa au beau milieu du véhicule, tout en tentant de concentrer mon attention sur la fenêtre, d'où sortait la moitié de mon visage. On dirait qu'on ne veut jamais être témoin de quelqu'un qui vomit, mais on les surveille toujours pour savoir quand ''ne pas regarder''. L'humain c'est con.

Bref, sauf pour l'assistant du chauffeur qui nous criait dans les oreilles (il devait enterrer le bruit du moteur après tout!), nous sommes arrivées sans pépin à Huangshan où la jeune femme du guichet nous a donné des billets pour l'autobus de Hangzhou qui partait... il y a déjà 2 minutes! MEEeeeeeerrrrdddde! Course effrénée dans le terminal pour trouver le bon bus, mais cette fois-ci ce sont les deux jeunes hommes qui nous suivent, l'énervement les rendant incapable de lire leur propre langue pour trouver la bonne porte! Re-bref, nous sommes arrivés à Hangzhou 3 heures plus tard et à notre auberge quelques minutes après ça.

Notre après-midi s'est déroulée comme un charme. Nous avions loué des bicyclettes à l'auberge et en avons profité pour faire un tour du lac en vitesse, coupant la foule de touristes à l'aide de notre véhicule et nous arrêtant à quelques reprises pour prendre des photos des arbres en fleurs. Ce lac était véritablement de toute beauté et même la fatigue de notre nuit à la montagne ou la perspective de notre départ vers le Yunnan du lendemain ne pouvait nous distraire! Après tout, dans quelques heures, nous allions traverser le pays entier pour atterir à Kunming, capitale du Yunnan et province frontalière du Vietnam, du Laos et du Burma. L'excitation ne pouvait qu'être au rendez-vous et même peut-être un soupçon de danger...  En tout cas, notre programme chargé nous en faisait voir de toutes les couleurs.    

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