Friday, May 4, 2012

Hangzhou: Une petite tasse de thé?

Le choix d'arrêter à Hangzhou en était tout d'abord un de logistique. Cette ville est en fait un des plus grands centres chinois et le moyen le plus rapide de se rendre à la montagne jaune, mais après avoir discuté avec des amis chinois, j'ai aussi découvert que c'est une des meilleures destinations du pays, prisées pour son West lake et ses panoramas incroyables. En effet, ce que préfèrent les Chinois lors de leurs vacances, c'est de quitter leur milieu de travail pour profiter du calme de la nature et des paysages bucoliques avoisinants. Nous allions donc avoir la chance de relaxer tout près du lac avant de devoir nous aventurer 3 heures dans la campagne et passer une nuit au sommet de Huangshan.

Ce qui nous a tout d'abord impressionnés de cette ville est la quantité de verdure au pouce carré, véritable défi lorsqu'on s'approche d'un grand centre chinois et de ses gratte-ciel envahissants. Tous les arbres étaient verdoyants et les fleurs printanières semaient leur arôme fruité, laissant ma mère perplexe du fait qu'elle ne pensait jamais trouver un endroit qui ''sent vraiment bon'' en Chine. Et bien mission accomplie Hangzhou! Notre auberge (le West Lake Youth Hostel) se trouvait au fond d'une petit allée, cachée entre deux écoles et à quelques secondes de l'attrait principal: le lac. Étonnamment, nous qui pensions trouver des dizaines de voyageurs du type ''éternels ados'' à notre destination, avons plutôt été accueillis par beaucoup d'employés et peu de touristes. C'était un bon départ pour ma mère qui avait peur de sortir du lot en tant que voyageuse ''senior'' et en discutant avec le jeune homme à la réception, nous avons même découvert que sa copine habitait dans la province du Henan... où elle allait à l'université à Shangqiu...  Shangqiu Normal University, plus précisément, le même endroit où j'avais passé l'année précédente. Même en Chine, le monde est petit (haha surtout en Chine en fait...  pardon pour le jeu de mots douteux)

Après un excellent dîner de poulet Kung-Pao, nous sommes parties à pied pour explorer la ville et trouver les terrasses de thé, célèbre lieu touristique du coin. Mais une surprise de taille nous attendait. En voyageant, nous avions oublié que c'était le week-end et c'est dans une marée de touristes chinois impressionnante que nous nous sommes faites emporter jusqu'au lac. Pas question de prendre un taxi, toute la ville remplissait les trottoirs et les dizaines de véhicules sur la route étaient pleins à craquer de jeunes mères et leur bébé voulant voir les pommiers en fleurs. Grandes respirations Andréanne,considère comme un massage le poussage des personnes âgés jouant du coude pour suivre le drapeau que leur guide brandit au dessus de la mêlée. De chaque côté du boulevard, des jardins en fleurs grouillaient de touristes voulant tous avoir LA photo de la pivoine moitié léchée par le soleil et reflétant sur le lac. Au plus vite, nous devions trouver un moyen de quitter la vague avant de recevoir, nous aussi, une casquette jaune-orange et de nous faire assimiler par un groupe de travailleurs en vacances. Tellement excités par les fleurs, ils n'y verraient que du feu. (ps. Je ne sais pas pour vous, mais j'envie un peu les jeunes chinois d'être aussi impressionnés par des fleurs et un lac... il me semble que ça me coûterait moins cher de billet d'avion...)

Finalement, nous avons trouvé un taxi ébahi par la vue de deux générations de canadiennes blondes déboussolées au coin de la rue et après une course folle entre les autobus, le jeune homme nous déposait à l'entrée du musée du thé. Finalement j'avais trouvé mon moment euphorique, car à seulement quelques mètres de nous se trouvaient des femmes affublés d'un chapeau de paille pointu, cueillant le thé dans un immense champ à la base des montagnes effacées par la brume (bon, ok, le smog, mais c'est moins poétique). Seulement quelques secondes plus tard, ma mère et moi étions dans le thé jusqu'aux genoux, complètement abasourdies de finalement voir comment la production se fait et encore plus impressionnées que des femmes ramassent tout ça à la mitaine. Qui sait, peut-être qu'elles étaient toutes des actrices payées et que la collecte se fait véritablement dans une serre près d'une usine, mais à ce point nous voulions tellement que ce soit vrai, que c'était suffisant pour nous. Nous nous sommes donc approchés d'une des femmes pour qu'elle nous explique ce qu'elle faisait et surprise de voir des touristes dans les champs, au milieu du chemin de terre, et non dans le pavillon où la dégustation se produit, elle nous a montré la partie de la plante qui ferait ensuite le thé. Avant de partir en voyage, nous avions vu un documentaire hilarant sur la récolte du thé, où un jeune chinois expliquait que les femmes sont responsables de la cueillette, car elles donnent à la plante leur ''good feminine aroma''... ouain.... d'après moi c'est plutôt une ruse pour s'asseoir dans un coin et fumer pendant que mémé s'échine dans la cour arrière, mais les mythes chinois sont, après tout, ce qui donne tout son charme au pays! Peu importe, l'entièreté des travailleuses était des femmes et après s'être baladés en flanc de montagne dans les terrasses, nous comprenions un peu plus les avantages d'un tel boulot pour ces femmes: La Sainte Paix! Pas de patron qui allume des cigarettes à la chaîne et hurle dans son téléphone, pas de bambins dans les jambes, pas de vaisselle qui s'empille ou de cuisine boucaneuse... C'était l'occasion rêvée de potiner sans se faire déranger! En groupe de deux ou trois, les cueilleuses remplissaient leur panier en discutant tranquillement au soleil, s'arrêtant parfois pour partager une orange et rire un bon coup. En tout cas, je n'ai jamais vu autant de plaisir dans un bureau du gouvernement...

Après avoir arpenté de long en large le musée, nous avons repris un taxi pour la ville où l'affluence de touristes nous a encore empêchés de prendre la route jusqu'à l'auberge. Après plusieurs minutes de marche (et après une journée déjà assez physique) nous sommes revenues à la maison épuisée pour découvrir que la cuisinière n'était pas encore arrivée au travail (!) et qu'ils ne savaient pas quand elle finirait par se présenter. Tiens donc, c'est pittoresque! Nous n'avions d'autres choix que d'aller manger en ville, ce qui nous tentait plus ou moins après notre bain de foule de la journée. Finalement, en arrivant de l'autre côté de la rue, nous avons aperçues un petit resto en plein air où le patron semblait plutôt désoeuvré alors nous avons décidé de prendre une chance. La fatigue débilitante m'empêchant d'arriver à m'exprimer clairement, j'ai réussi à lui faire comprendre ''noodles'' et ''vegetables'' et nous nous sommes promptement ''effouairés'' sous un parasol.

Le dîner était à la hauteur de nos attentes et même plus; de succulentes nouilles avec des petites crevettes que le serveur a même pris la peine de faire glisser dans nos bols,voulant nous sauver de devoir utiliser les baguettes... (j'ai fait mine d'ouvrir la bouche pour qu'il continue son mouvement de becquée, mais il n'était quand même pas si serviable que ça!) et des légumes verts non identifiés. Finalement repues, j'ai fait signe au serveur de nous apporter l'addition et il a cru bon d'utiliser ce moment pour faire un peu d'humour chinois: ''150 Yuan (presque 30$)'', m'a-t-il avec la conviction d'un acteur qui fait des témoignages dans une annonce de cheveux en canne à la télé. ''Euh...haha... Vraiment? Mon bon *aaaatchoumgrostrouduc ami?!''. Malheureusement, je n'avais pas cru bon négocier avant de commander et c'est carrément impossible à faire lorsque les nouilles sont tranquillement en train de se faire digérer alors j'ai payé en rouspétant... 

J'ai grogné jusqu'à l'auberge, ma pauvre mère me rassurant que 20$ ce n'est pas la mer à boire pour un bon repas, mais elle ne pouvait pas comprendre. Pour une ancienne citoyenne chinoise, l'insulte était personnelle! Jusqu'à présent, j'avais été assez naïve pour agir comme une touriste, me laissant porter par la vague, mais la Chine - l'oeil clairement bien fixé sur mon porte-feuille- en avait décidé autrement. Plus de moment de faiblesse, mais bonne joueuse, je l'accorde: Chine: 1, Andréanne: 0

Ce soir là, nous nous sommes couchés fébriles, car le lendemain matin, nous devions trouver un autobus qui nous amènerait à Tangkou, ville-dortoir de la montagne jaune!

1 comment:

  1. Waaaaw ! Vous avez vu la cueillette du thé ! QUELLE CHANCE !

    Moins de chance pour le dîner... mais je suis sûre que tu as trouvé de bons moyens de te rattraper par la suite en faisant du magasinage ! ;)

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